Synopsis : À 36 ans, Dom est marin pêcheur en haute mer et ne rentre que quelques jours par mois à terre. En dépit de ses longues absences, il a la garde de ses deux enfants. Dom fait tout pour être un père à la hauteur. Il rêve même d’avoir sa propre affaire, un petit bateau de pêche à la journée qu’il exploiterait avec son fils. Assez grands pour s’assumer, Mailys et Mattéo n’en sont pas moins deux adolescents qui font leurs propres expériences. L’une d’elles, malheureuse, va forcer Dom à faire un choix entre son métier au grand large et sa vie de famille.
Acteurs : Dominique Leborne, Matteo Leborne, Mailys Leborne, Patrick d’Assumçao, Vincent Bessonnet.
Les acteurs de ce film sont les vrais protagonistes de l’histoire, de leur histoire. Nous avons souvent relevé la difficulté de faire (re)jouer une histoire vraie par les personnes intéressées pour l’avoir vécue. C’est que, la plupart du temps, cela sonne "faux". C’est paradoxal, mais nous avons souvent cette impression que de bons acteurs qui donnent corps à une histoire qui n’est pas la leur rendent le récit plus vrai. Ici, dans Tempête, la majorité des acteurs sont des non professionnels. Leurs noms dans le film sont leurs noms dans la réalité et c’est leur histoire, leur vécu qu’ils nous donnent à connaître, notamment celle d’un père qui doit gérer son travail et ses enfants. Marin-pécheur il est souvent et longtemps en mer et il lui est difficile d’être attentif à ses enfants. Cette relation difficile, ratée parfois et que l’on tente de rattraper est rendue à l’écran avec émotion et pudeur. Il y a peut-être une fonction cathartique dans le film en permettant aux intéressés - du moins la plupart, nous y reviendrons - de revenir sur un épisode difficile de la cellule familiale. Tempête n’est pas seulement une histoire de famille, c’est aussi celle de la mer, des éléments parfois déchainés, d’un bateau, le tout rendu de façon parfois documentaire, au sens noble du terme.
La mère est absente, ils sont séparés et le film nous donne à voir le regard du père, et ce serait un des maillons plus fragiles du film qui occulte celui de la mère. On comprendra d’autant mieux que Sabrina, la "vraie" mère ne joue pas "son" histoire et que nous n’avons pas son point de vue. Celle-ci est interprétée par une actrice, Sabrina Delarue. Même si elle a peu tourné, il est significatif que ce ne soit pas l’ex-compagne de Dominique qui joue. Certes on peut très bien le comprendre, mais il faut être attentif à cet élément "orienté" du film, forcément subjectif. En ce sens, ce n’est pas là documentaire, mais fiction, reconstruction.
Regard tendre, émouvant sur la difficulté d’être père, d’être marin et d’acquérir son indépendance financière ce film français de moins d’une heure trente mérite largement le détour.