Synopsis : Zev est un survivant de l’Holocauste qui perd peu à peu sa mémoire. Sur les directives de son ami Max, il quitte sa maison de retraite pour retrouver Rudy Kurlander, l’homme qui a assassiné leurs familles il y a de ça près de 70 ans. Quelques personnes portent ce nom et le vieillard explore les États-Unis et se rend même jusqu’au Canada pour leur payer une visite. Zev s’est procuré une arme et il compte bien se venger. Son fils Charles a constaté sa disparition et il est le seul qui peut l’arrêter.
Acteurs : Christopher Plummer, Dean Norris, Martin Landau, Henry Czerny, Jurgen Prochnow, Bruno Ganz.
Difficile de dire plus que le synopsis de ce film d’Egoyan sans dénaturer l’ensemble du projet qui est celui de la quête d’un homme, interprété par Christophe Plummer. Sa mémoire n’est plus là. Le seul souvenir dont il a conscience est celui de son épouse. Mais ce souvenir date et il lui faut sans cesse prendre acte, jour après jour, qu’elle est décédée. Un peu à l’image de Memento de Christopher Nolan, c’est à un paradoxe de mémoire auquel est confronté notre "héros". C’est qu’il n’a pas d’avenir et qu’il n’a plus de passé. Contraint à une immédiateté d’action pour exercer une oeuvre de vengeance dont il ne peut prendre acte que par un écrit interposé, aide-mémoire pour qu’il découvre jour après jour, instant après instant que son épouse est morte et qu’il a dès lors une tâche à accomplir. Il peut compter pour cela sur Max qui lui a écrit ces pages qui vont l’aider à mener sa quête de nazis, d’un nazi en particulier. Il s’agit en quelque sorte d’une "enquête de nazi(s)". C’est au terme du film que l’on comprendra ou pas l’importance de ce "(s)" car la quête mène à des personnages homonymes, mais qui ne sont pas ceux ou celui que l’on cherche. Il faudra attendre la dernière étape et les dernières images pour que Zev se trouve au plus près de celui qu’il cherche et dont il confondra l’identité à tous les sens de ce verbe ! La fin du film incitera peut-être (les masochistes ?) à le revoir. On le ferait alors pour l’intrigue, pour voir ce que l’on n’a pas vu dans la dynamique de la quête ou de l’enquête (mais aussi revoir les défauts de ce long métrage dispensable).
En effet, et malheureusement, l’exercice pourrait être cruel. S’il y a bien une scène amusante (celle où Zev est contrôlé avec son arme à feu), en revanche, plusieurs éléments du film nuisent à sa crédibilité. Ainsi les homonymes Kurlander sont trop jeunes pour leurs rôles. Plummer est déjà à la limite (né en 1929, il a entre 11 et 15 ans de 40 à 45... ce qui est un peu jeune pour le personnage de Zev), mais assure la crédibilité de son rôle d’un homme sans mémoire et à la démarche difficile. Mais plus encore c’est la scène avec Dean Norris et son chien qui est vraiment too much (en fait de chien, il s’agit d’une chienne nommée... Eva !).
Si nous sommes très loin d’avoir affaire au meilleur d’Egoyan, ce film pourrait éventuellement être intéressant par la réflexion qu’il nous aide à mener sur un travail de mémoire. Il faudrait cependant que l’on parvienne à oublier ses trois nombreux défauts. On lira avec profit la critique de Nicolas Gilson qui est bien moins tendre que nous sur ce film que lui aimerait oublier au plus vite, voire aurait préféré ne l’avoir jamais vu pour ne pas ternir la mémoire qu’il a d’Atom Egoyan !
Bande-annonce (VF !!!)