Synopsis : Un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu’il veut.
Acteurs : Benicio Del Toro, Tim Robbins, Olga Kurylenko, Sergi López, Mélanie Thierry.
Un roman...
Au départ, il y a un court roman de Paula Farias (130 pages environ). C’est un médecin, écrivain et travailleur humanitaire. Il a travaillé sur les bateaux de Greenpeace, coordonné les urgences pour Médecins sans frontières dans le cadre de catastrophes naturelles, les conflits armés et les épidémies (la guerre dans le séisme Kosovo ou en Afghanistan Gujarat en Inde, Bam en Iran ou le choléra en Guinée-Bissau). Il a été le président de l’association de 2006 à 2011. Aujourd’hui, il coordonne les opérations de secours en faveur des réfugiés en Méditerranée. Autant dire que Paul Farias, coscénariste du film, connait son sujet.
Un jour...
A Perfect Day, ce sont, comme le titre l’indique, vingt-quatre heures ! Celles-ci constituent-elles une journée parfaite ? En tout cas, le film est une fable, humanitaire, ou plutôt qui nous conte l’histoire de quatre humanitaires qui apportent leur aide aux frontières. C’est aussi une fable de guerre, car l’histoire qui nous est narrée se passe sur fond de guerre, dans un pays, que l’on peut situer en Europe centrale. On peut penser aux Balkans mais sans exclusive. D’ailleurs, Timka Grahic, le directeur de casting vient de Bosnie. Selon le réalisateur, "Tous les comédiens issus des Balkans ont accompli un travail remarquable. Nous avons tourné des scènes avec des acteurs bosniaques, serbes et croates, qui ont partagé le même plan, en étant du même côté : celui de la fiction. On les voyait collaborer ensemble, plaisanter et trinquer en buvant des bières après la journée de tournage.". Le film n’est pas tourné là-bas, mais en Espagne selon un confrère qui a été attentif au générique final. Peu importe, on y croit, on est, là-bas dans un pays montagneux où les chemins et sentiers ne mènent nulle part.
Ces chemins ne sont d’ailleurs pas sûrs et on risque toujours d’y rencontrer une vache, morte, qu’il faut contourner, au risque du danger. Le pays est miné par la guerre et les chemins, voire les vaches, le sont par des engins de guerre. La jeep pourrait-elle passer à droite, à gauche ? Pile ou face ? Que fait-on ? Quelle voie choisir ? Et s’il fallait passer sur les morts pour aller ailleurs ? Ou tout simplement suivre les vaches, plutôt que les contourner ?
Un puits...
C’est un pays où les humanitaires ont peu de moyens et sont à peine tolérés, contraints par des accords rigides qui doivent être respectés à la lettre au risque de tout déséquilibrer. On marche là sur une corde ! Quoique, on manque plutôt de corde. C’est que tout tourne autour d’un puits. Un cadavre y a été jeté. Il gonfle et sent déjà. Et même à ce niveau cela ressemble à une guerre bactériologique... ou tout simplement à un trafic d’eau ! Les humanitaires ont une jeep, un treuil, une corde. Mais quand on a tant tiré sur la corde, elle finit par se casser et... le corps se retrouve à l’eau, au fond du puits.
Une corde...
Tout l’enjeu du film sera la quête d’une corde. Quelle corde ? Une corde de chien, voire de pendu, ou une corde que l’on achète à la boutique du coin ? Et, tant qu’on y est, pourquoi pas celle qui permet de hisser le drapeau. Mais peut-on jouer sur les identités symboliques ? Quels aller-retour faudra-t-il faire pour décrocher une corde ? Ils sont donc quatre ou plutôt trois plus un. Sophie qui ne rêve que d’aider, Mambrú qui veut rentrer, B. qui ne sait pas ce qu’il veut (et qui nous donne de découvrir à l’écran le beaucoup trop rare Tim Robbins) ! Il y a enfin un tiers, Damir, il est de là-bas, leur sert d’intermédiaire et ne désire qu’une chose : la fin du conflit.
Des rencontres...
Mais les conflits se terminent-ils ? Et peuvent-ils le faire en 24 heures ? Le chemin qu’ils emprunteront, véritable pèlerinage initiatique où l’absurde, la détresse et la mort côtoient l’humour, parfois involontaire. Sur cette route, ces sentiers, qu’il faut parfois quitter, de nombreuses rencontres permettront de faire le point, de faire valoir ses droits et d’être confronté, parfois ou souvent à l’absurde. A l’image du Petit Prince, les humanitaires vont faire de curieuses rencontres : un enfant au ballon ou sans ballon, un chien et sa laisse, un drapeau adossé à un poste de guet, un, car, des militaires, des gens en passe d’être excusés sommairement, un certain Goyo, "gouailleur" (Sergi Lopez), des éclairs, un orage, des trombes d’eau...
Une solution venue du ciel !
Alors que les règles d’engagement interdisent aux militaires d’intervenir dans un camp ou dans l’autre, jusqu’à l’absurde de la situation finale du puits à laquelle sont confrontés nos "héros", on vous laisse le plaisir (parce que derrière le tragique et l’absurde, il est présent) de découvrir la façon dont le film se clôture et comment le réalisateur arrive à nouer ensemble tous les arcs narratifs de son film, y compris les plus secondaires. Occasion peut-être de découvrir que le ciel peut vous aider sans votre aide préalable : les humanitaires partis, les villageois recevront une solution venue d’en haut. Une façon de faire remonter à la surface le mal enfoui, comme cela, simplement, génial pied de nez de la nature à ceux qui cherchaient à la défier par leur technologie et civilisation. Une journée se termine et on peut déjà vous dire que la suivante se prépare et qu’ils seront dans la merde (désolé !).