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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Gavin O’Connor
Jane Got a Gun
Sortie le 24 février 2016
Article mis en ligne le 25 janvier 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, un brigand dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane. Ensemble, Jane et Dan élaborent d’habiles pièges, attirant les hommes de Bishop vers une mort certaine, tandis que leurs sentiments enfouis refont surface au milieu des balles qui fusent.

Acteurs : Natalie Portman, Joel Edgerton, Ewan McGregor, Noah Emerich, Rodrigo Santoro, Boyd Holbrook.

Gavin O’Connor nous propose un western où il n’y a qu’une seule femme parmi les acteurs principaux (comme dans Les huit salopards de Tarantino...) au milieu de plusieurs hommes. S’agit-il d’un film féministe comme le fut Johnny Guitar réalisé par Nicholas Ray en 1954 ? En tout cas, c’était l’histoire de deux femmes qui convoitaient le même homme. Ici, c’est Jane qui est convoitée par et partagée entre deux hommes dans un film dont la genèse fut très difficile et qui aurait pu ne jamais voir le jour. C’est qu’il y a eu des problèmes, nombreux, avec ceux qui devaient tourner le film ou y jouer. Internet s’est fait suffisamment l’écho de la défection de Lynne Ramsay (We Need to Talk About Kevin) qui sera remplacée par Gavin O’Connnor mais aussi des nombreux acteurs pressentis pour jouer les rôles masculins : Tobey Maguire, Jake Gyllenhaal, Jeff Bridges, Bradley Cooper, Jude Law et Ewan McGregor, ce dernier remportant la mise pour rejoindre Natalie Portman qui transcende l’écran. Toutefois, à l’arrivée, nous avons un excellent western, sombre et lumineux à la fois.

Le film est construit selon deux axes temporels, de façon analogue à Elser.

  • Le premier, actuel, aux images et à l’ambiance sombres nous montre une femme dans une ferme isolée et perdue au pied d’un pic montagneux dont le mari revient le corps criblé de balles. Des gangsters l’ont attaqué et elle ira chercher de l’aide auprès d’un voisin, bougon, à tout le moins, et qui ne fait rien pour l’aider. Jane va donc se mettre en selle et s’armer pour lutter, seule contre tous.
  • Le deuxième nous fait remonter à plusieurs reprises dans le passé pour nous permettre de découvrir et de comprendre à la fois comment on en est arrivé là et aussi ce qui a conduit au conflit actuel. Ces images sont plus lumineuses et colorées. Même si certains éléments de l’intrigue paraissent prévisibles on n’en dira pas plus pour laisser le plaisir de la découverte.

Outre cette gestion du temps, le film mêle à la fois l’action, les armes utilisées parfois de façon surprenante et non conventionnelle (jusque dans une certaine façon d’utiliser les conserves) et les moments plus intimes qui nous invitent à approfondir la relation des uns et des autres. C’est aussi une façon de filmer l’assaut d’un ranch minuscule, un peu comme dans Assault on Precinct 13 réalisé par John Carpenter en 1976 mais également de découvrir des amours impossibles, jusqu’à la mort, mais également une rédemption finale - trop belle pour être vraie selon certains - mais qui permet de sortir du film et de la salle avec un sentiment de mission accomplie et une quiétude ouverte pour l’avenir des protagonistes.

Le film peut évidemment se lire au premier degré comme un bon, voire très bon western avec des rôles typiques auxquels s’ajoute celui de Jane, notre héroïne. Mais on peut le relire à un autre niveau : la place de la femme qui déjà à l’époque était un "objet" sans importance que l’homme pouvait posséder et marchander. Il est juste, à mon estime, d’en faire une lecture féministe. Enfin, outre le thème de la vengeance, c’est une belle histoire d’amour qui nous est contée, ni fleur bleue ni conte de fées, mais un amour qui se découvre à travers un récit et une narration qui permettent de mesurer la distance entre les faits et la façon de les interpréter, de comprendre les silences et absences d’un lourd passé.

Pour conclure, n’hésitez pas à lire la critique positive de Frédéric Mignard sur le blog avoir-alire.com.

Bande-annonce :

Jane Got a Gun : Trailer HD VO st bil
Jane Got a Gun : Trailer HD VO st bil

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