Synopsis : Le film conte les retrouvailles après 40 ans de séparation de deux amoureux. Elle s’est mariée, lui est parti, jusqu’à ce que la vie les rassemble. Evidemment, ils (re)tombent amoureux, mais peut-on retrouver la magie des premières fois ? Est-ce qu’un dernier amour peut être aussi fort qu’un premier amour ?
Acteurs : Chris Lomme, Jo De Meyere, Katelijne Verbeke,...
Il est possible que peu de salles distribuent ce film en Wallonie et ce serait bien dommage. Car Achter de wolken (Au-delà des nuages) est un très bon et très beau premier film. Il démontre avec beaucoup d’émotion que le nord du pays peut nous faire de nombreuses propositions de cinéma dans des genres multiples. Cecilia Verheyden adapte une pièce de théâtre de Michael De Cock avec Chris Lomme et Jo De Meyere dans les rôles-titres sur les planches. Adaptation parfaitement réussie d’une histoire d’amour moderne (pour plagier le sous-titre du film d’Eva Husson). Il s’agit ici non pas d’un premier amour mais d’un dernier amour. Quoique, ce dernier était le premier et il a suffi d’une course entre deux hommes au bord de la plage - qui donne droit à une scène souvenir de toute beauté mêlant passé et présent à l’écran - avant de faire un choix définitif. Occasion de prendre conscience que le second de la course s’est effacé suite à un malheureux pari, cédant sa place et son coeur à son égoïste rival dans le coeur de l’aimée.
Il s’effacera durant plus de cinquante ans, silencieux, pudique, jusqu’au décès de celui qui l’avait vaincu à la course du coeur. Et celui-là qui avait ravi sa belle, les honneurs, son métier, avait depuis longtemps quitté la scène de l’amour et la mémoire de son épouse, ravie en quelque sorte. Il était l’intrus, celui qui avait fait irruption dans une vie qui n’était pas pour lui, obligeant celle qui en aimait un autre à vivre avec lui parce telles étaient les conventions. Le défunt s’était imposé de son vivant, égoïste qui s’ignorait et qui ignorait l’amour indicible de son épouse. Elle ne l’a jamais trompé et la mort sera une libération. Occasion d’une flèche décochée par Éros, ou plutôt déposée par ce si vieux et ancien amoureux sur le cercueil contenant la dépouille du rival. Le film nous donnera à voir comment l’aimée a engagé ou pas une relation avec son ancien prétendant et comment elle devra gérer cela avec sa fille et sa petite fille.
C’est aussi une réflexion sur la sexualité au troisième âge, sur les choix de vie, sur le temps qui passe, sur la fidélité - doublement : celle à son époux, par devoir et sans hypocrisie, simplement, parce que c’est ainsi et une autre, durable, qui transcende le temps et les difficultés. Les amants reprennent leurs rôles de la pièce de théâtre et sont connus pour avoir joué à la télévision et au cinéma, notamment dans le fabuleux Het Vonnis qui ne semble hélas pas être disponible en DVD avec sous-titre français (occasion, désolé, d’un nouveau coup de gueule comme nous en lancions un à propos de Marina, introuvable également en DVD sous-titré en français - sauf à surfer sur le web profond, hélas, hélas).
Notons aussi, une fois n’est pas coutume, une parfaite adéquation de l’âge des acteurs avec celui de leurs rôles respectifs. Un film à découvrir en version flamande originale et dont nous avons eu l’impression d’entendre un très beau flamand, qui sonne aux oreilles comme une poésie. Proficiat Cecilia... et faites-nous encore de beaux films, d’amour ou autres à l’avenir.