Synopsis : Tous les habitants, dans ce coin de campagne, peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin qui les ausculte, les soigne et les rassure jour et nuit, 7 jours sur 7. Malade à son tour, Jean-Pierre voit débarquer Nathalie, médecin depuis peu, venue de l’hôpital pour le seconder. Mais parviendra-t-elle à s’adapter à cette nouvelle vie et à remplacer celui qui se croyait… irremplaçable ?
Acteurs : François Cluzet, Marianne Denicourt, Isabelle Sadoyan, Félix Moati.
Le film de Thomas Lilti raconte l’histoire d’un médecin à qui l’on découvre un cancer dont le pronostic est incertain. Le confrère qui l’examine va lui envoyer une consoeur qui a entrepris ses études de médecine sur le tard après avoir été infirmière. Elle arrive donc à la campagne sans autre expérience que celle d’interne en milieu hospitalier.
Il faut absolument mettre au crédit de ce film une interprétation magistrale de François Cluzet et de Marianne Denicourt. En revanche, je ne suis pas totalement satisfait parce que le scénario est prévisible à défaut d’être convenu. En effet, il n’y a pas vraiment beaucoup de surprises. Le médecin est malade et n’est pas vraiment heureux de la venue de sa consoeur. Il lui fera subir, dans un premier temps une sorte de bizutage. Ensuite, la considération et compréhension réciproques apparaîtront et à la fin du film, ils se rapprocheront. Le canevas est donc classique, très classique. Il n’empêche que chacune des étapes de l’itinéraire des deux protagonistes principaux est jonchée de rencontres qui nous font découvrir des facettes de la rencontre médecin/patient, d’une part et des enjeux spécifiques de la médecine de campagne, d’autre part. Le film nous fait prendre conscience de la carence des zones rurales sur le plan de la médecine de proximité, mais également de la forte prégnance de la proximité médecin/patient, jusqu’à la dépendance pour les uns et la surcharge de celui qui voit sa salle d’attente débordée.
La majorité des acteurs sont des professionnels, y compris les "patients" et celui qui est autiste dans le film (le passionné de la Guerre 14-18) l’est également dans la vie. Ces patients nous aident à découvrir plusieurs enjeux médicaux, dont celui de la mort à domicile, et non dans un milieu hospitalier... qui, en définitive, est inhospitalier ! Si ce thème est relativement bien développé, d’autres apparaissent en mode plus mineur et auraient gagné à être plus développés. Impossible cependant dans le cadre d’un long métrage. En revanche, le mode minisérie aurait parfaitement convenu pour développer la plupart des arcs narratifs traités ici de façon secondaire, mais qui auraient pu apporter un surcroît de sens.
Malgré ces réserves on ne peut qu’adhérer au film, chronique ordinaire de la vie d’un médecin extraordinaire. Les bons sentiments sont certes très présents, mais n’occultent pas les difficultés tout en mettant l’accent sur les enjeux d’une médecine à deux vitesses, dont l’une très humaine, proche des gens, loin de l’appareillage technique, lourd, cher, sophistiqué, mais si déshumanisant, risque de disparaître. Thomas Lilti, lui-même médecin généraliste, et qui avait réalisé Hippocrate en 2014, ne pouvait qu’être le héraut d’une cause que l’on espère par perdue.
Bande-annonce :