C’est un peu par hasard que j’ai visionné ce film.
Tarnation fut un véritable choc et j’en suis sorti KO/chaos (!) debout. Comment Jonathan a-t-il pu s’en sortir ? Aussi, quelle précocité ? Se mettre dès ses onze ans à (se) filmer dans une sorte d’immense catharsis. Dans le genre, mais un tout autre genre, j’avais découvert il y a quelques mois le court-métrage d’Antony Cordier Beau comme un camion (2000) qui avait pris l’habitude de filmer les siens. Mais ici, c’est tout autre chose et beaucoup plus précoce.
J’y ai découvert aussi les terribles choses dont est capable une nation démocratique [voyons, par exemple, l’usage de la thérapie par électrochocs, qui m’avaient déjà marqués dans le film Changeling (Clint Eastwood,2008), là aussi, tiré d’une histoire vraie].
Je découvre deux versants dans ce film : le premier, une catharsis continue, jour après jour, caméra à la main... je suppose qu’au fil(m) du temps on ne la voyait plus et qu’aussi personne n’imaginait qu’un jour ces images seraient montées ! Le deuxième, et j’emploie et détourne ici un concept théologique, une "kénose", comme si Caouette se vidait, par ce film, de tout ce mal qui l’entourait depuis sa tendre enfance.
Et tout cela, présenté dans un montage étonnant, fulgurant, choisissant ses/ces instants les plus noirs de sa vie, pour les comprimer, comme du carbone devenant du diamant et les présenter à l’écran. Sursumant la faible qualité technique de la plupart des images pour les mont(r)er en un kaléidoscope qui ouvre nos yeux sur une terrifiante réalité. Jonathan semble sortir indemne ou plutôt guéri de cette mésaventure. Il a dû, pour cela, se vider/donner totalement mais peut-on encore ensuite donner, produire un autre film, lorsque "tout est dit" ((en quelque sorte, comme les mots que l’on met dans la bouche du Crucifié : ‘tout est accompli‘).