Synopsis : L’ascenseur d’un immeuble HLM tombe régulièrement en panne. Ce problème, ainsi que divers événements inattendus, ont un impact sur les résidents de l’immeuble : nous suivons quelques jours de la vie de certains d’entre eux : Sternkowitz du premier étage, le jeune Charly, Jeanne, une comédienne ayant eu son heure de gloire, et Mme Hamida, une mère algérienne chaleureuse.
Acteurs : Isabelle Huppert, Jules Benchetrit, Valeria Bruni Tedeschi, Gustave Kervern, Michael Pitt, Tassadit Mandi.
J’ai toujours rêvé d’être un astronaute !
Samuel Benchetrit réalise et scénarise un film à partir d’écrits autobiographiques. Celui-ci se dévoile au format 1:33 (carré, comme les anciennes télévisions) inattendu aujourd’hui, mais qui lui convient parfaitement. C’est qu’il permet de serrer le cadre et d’enfermer ses acteurs, qui dans une capsule spatiale, dans une cage d’ascenseur, dans une cuisine, un couloir d’hôpital, un fauteuil roulant. Au final nous découvrons une oeuvre qui flirte parfois avec un surréalisme "à la belge". C’est le hasard qui nous permettra de suivre les destinées de trois duos, autour d’une histoire d’ascenseur qui dysfonctionne.
De solitaires à solidaires !
Ce sont trois couples qu’il nous sera donné de voir, plus exactement six individus que le hasard fera se rencontrer.
Il y a tout d’abord Monsieur Sterkowitz (Gustave Kervern). Il réside au premier étage et ne veut pas participer aux frais de renouvellement de l’ascenseur puisqu’il ne l’utilise pas. Les autres occupants accepteront son diktat, mais il y aura un prix à payer puisqu’il sera interdit d’ascenseur. Peu lui chaut puisque qu’il n’en a pas besoin.... jusqu’au moment où un incroyable périple en vélo lui fera perdre l’usage des jambes et le condamnera à la chaise roulante. Comment prendre alors les escaliers ? Quelle direction prendre ? Comment se nourrir ? Autant de situations à la fois absurdes et cocasses qui amèneront notre antihéros dans un hôpital où il fera la rencontre d’une infirmière de nuit (Valeria Bruni Tedeschi... solaire !)et lui fera part d’une passion pour la photographie !
Ensuite, ce seront l’astronaute, John McKenzie (l’américain Michael Pitt) qui tombe de haut et bien mal avec sa capsule spatiale sur l’immeuble au centre du film. Ce sera l’occasion d’une rencontre et d’une fraternisation (ou d’une relation quasi filiale) avec Madame Hamida (Tassadit Mandi). L’homme en blanc et la femme arabe, basanée que la barrière de la langue oppose tout comme leurs cultures, mais qui arriveront à se lier pour quelques jours.
Enfin, c’est une actrice, Jeanne Meyer (Isabelle Huppert) qui a tourné quelques films dans sa jeunesse et se trouver réduite à jouer le rôle d’Agripine au théâtre grâce à l’aide d’un jeune voisin, Charly (Jules, le fils du réalisateur) qui va découvrir ses films et l’aider à assumer un rôle qu’elle n’envisageait pas.
Ces six solitaires formeront trois couples solidaires et qu’importe si certains doivent se séparer à la fin. Quelque chose les aura unis autour d’un ascenseur, l’espace de quelques jours. Ce sera presque de l’amitié ou, à tout le moins, de l’humanité qui ne demandera qu’à croître !
Des portes s’ouvrent et se ferment sur des rôles à jouer !
Il y a des portes d’ascenseur qui se referment, des portes d’appartement qui sont closes et empêchent de regagner un chez-soi. Ce seront aussi des occasions d’ouverture des uns et des autres. Un avenir est possible et tout n’est pas bloqué. Même le bruit qui se fait entendre de façon récurrente durant le film et dont les occupants de l’immeuble ne connaissent pas l’origine sera compris à la fin du film lorsque le réalisateur ouvre (ou ferme) une porte explicative !
Les portes de ces appartements ou de la capsule spatiale ouvrent sur des acteurs de talent. Il y a certes Isabelle Hupert, Valeria Bruni Tedeschi et Gustave Kervern ainsi que l’étonnante Tassadit Mandi. Celle-ci décrit ainsi son personnage : "Madame Hamida a une forte personnalité et un caractère bien trempé. C’est une femme généreuse et sensible qui ne demande qu’à partager ce qu’elle a de meilleur. En dépassant sa solitude et le poids du quotidien, elle devient, au fil de l’intrigue, une véritable héroïne grâce à son humanité."
Ce sont cependant deux rôles que nous mettrons en exergue. Commençons par celui d’un acteur jeune encore, mais accompli, Michael Pitt qui a fait du chemin depuis Dawson’s Creek. Citons ainsi des films qui nous paraissent remarquables : Hedwig and the Angry Inch, Bully, The Dramers, Last Days, Funny Games et Seven Psychopaths. Concluons par un tout jeune, Jules, le fils du réalisateur. Il avait déjà joué un petit rôle l’an dernier dans le dispensable Une rencontre de Lisa Azuelos. Nous le trouvons ici dans un vrai premier rôle et malgré sa fragilité (au moins apparente), il arrive à donner corps et densité à Charly. Un acteur à suivre donc. Des portes peuvent s’ouvrir devant lui !