Synopsis : Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang est courtisée par ses deux amis d’enfance, Zang et Lianzi. Zang, propriétaire d’une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Le cœur entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar. Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l’Australie comme promesse d’une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin.
Acteur : Zhao Tao, Sylvia Chang, Dong Zijian
Après Touch of Sin (2013), Zhang-ke Jia nous revient avec un film, assez long (malgré le fait qu’il soit passé de 131’ à 121’ depuis son passage à Cannes en 2015) qui aborde un thème qui lui est familier : la Chine et son évolution, en mêlant l’intime (la vie d’une femme et de deux hommes amoureux d’elle) et l’évolution de la société chinoise. Il découpe son film en trois actes ou, plus exactement, à mon estime, en un acte avec un prologue et un épilogue.
C’est que le "premier acte" n’est que préambule, même s’il dure près de quarante minutes jusque l’apparition du titre du film à l’écran. Et si nous n’avions pas perçu ce prologue, la "technique" nous le fera comprendre, car nous passons du format 4/3 au format 16/9, tout comme nous évoluons du passé (1999) au "présent" (2014). L’épilogue, lui changera également de format et de calendrier pour nous projeter en 2025, au format CinémaScope et sur un autre continent, l’Australie et une autre langue, l’anglais (que le réalisateur dit ne pas maîtriser).
A travers les itinéraires entrecroisés de plusieurs destins - un très classique triangle amoureux - nous sommes confrontés à l’évolution d’une Chine en pleine mutation où se confrontent les gens du peuple et une nouvelle catégorie de chinois possédant richesse et culture. Ceux-ci pouvant, à l’aide de l’argent écraser les moins nantis et également fasciner. Ce sera le cas pour Tao (Tao Zhao, l’épouse du réalisateur) qui préféra l’homme qui rêve dollars plutôt que yens et qui, plus tard, donnera ce nom à son fils plutôt qu’un prénom chinois. On se doute bien que ce sera le mauvais choix et nous verrons l’évolution des uns et des autres et de leurs sentiments. La partie future en Australie en dit long sur les rêves/cauchemars et sur l’identité chinoise (ou plutôt la perte d’identité et de culture). Faut-il revenir au pays ? Qu’et-ce qu’un père, une mère ? Qu’est-ce qu’être amant et fils ?
Il est possible que certains codes culturels m’échappent pour appréhender parfaitement le film, ainsi les explosions, la chute d’un avion, le charbon qui tombe d’un camion et d’autres éléments peuvent avoir (ou pas) un sens qui m’a échappé. Cela ne préjuge pas des qualités du film dont certains estiment qu’il méritait une Palme d’Or cannoise, mais plutôt de ma difficulté à en saisir toutes les subtilités.