Synopsis : Adama est un adolescent de 14 ans. Il vit avec sa mère dans un petit deux-pièces en banlieue parisienne. Il est en échec scolaire même si c’est un élève prometteur. Avec Mamadou, plus jeune que lui, ils vont inverser le cours de leurs vies.
Acteurs : Balamine Touré, Guillaume Gouix, Joséphine de Meaux, Ali Bidanessy
Pour son premier long métrage et fiction, Mathieu Vadepied, connu, notamment comme directeur photo sur Intouchables, nous fait entrer dans l’univers des banlieues grâce à de jeunes gamins de 14 et 12 ans. C’est la banalité du quotidien qui nous est relatée, lorsqu’un malheureux hasard fera tomber le plus jeune sur un paquet de "shit" tombé au sol après une rafle de la police au bas de l’une de ces nombreuses barres d’immeubles anonymes des banlieues.
Pour Adama, l’école, ce n’est pas facile. Il est dissipé et irrégulier d’autant que la situation familiale est difficile. Il ne peut en effet vivre avec son père à cause de l’interdiction de la polygamie. Pas de modèle fraternel sous la main, car le grand frère est au "pays", le Sénégal afin d’y être confronté avec la "vie". Lui et Mamadou, vont donc mettre en place un trafic dans la cité et les écoles avoisinantes. Ils sont tous deux innocents, donc intouchables et il est donc impensable que l’on puisse envisager que derrière les têtes bien sympa, se trouvent des enfants-dealers. Certes innocents, mais - contrairement à l’étymologie - capable de nuire.
Face à eux des adultes. Tout d’abord les vrais dealers et caïds de la banlieue. Très vite ils vont embrigader ces enfants y voyant un moyen de développer leur trafic. Ensuite, les parents : la mère, le père et, on le verra à l’écran, un étonnant père de substitution ! Ils ne connaissent pas eux les codes, voire la langue et ne peuvent appréhender tous les enjeux de ce qui se passe sous leurs yeux et ne voient pas. Enfin, le corps éducatif, les enseignants, et en particulier Stanislas Mauger, le professeur de sport, qui va prendre sous sa protection le jeune Adama. Interprété par Guillaume Gouix, il est avec Joséphine de Meaux (la CPE) un des rares acteurs professionnels du film. En effet, la majorité des protagonistes, adultes et jeunes sont des novices et n’ont jamais tourné (plus de 1500 enfants ont participé à un casting dans différents établissements scolaires durant près de dix-huit mois).
A l’arrivée, nous découvrons un film qui ne sombre pas dans le misérabilisme. Il est tendre et émouvant et ne verse pas dans le sensationnalisme. C’est la vie au quotidien qu’un hasard fait basculer du mauvais côté. Tout n’est pas perdu et la figure du professeur de sport qui, à la fin, n’est pas dupe, offre une possible voie de rédemption. J’avoue m’être parfois ennuyé durant la vision de ce film. Il n’empêche, le regard qu’il nous offre sur la jeunesse, la vie dans les banlieues, le rôle des éducateurs est important. C’est une belle fable, pas naïve, que l’on ira voir en famille pour en discuter ensuite. Pourquoi ne pas aussi le voir dans le cadre scolaire pour pouvoir échanger ensuite en classe ?