Synopsis : En 1987, cinq jeunes hommes exprimaient leur frustration et leur colère pour dénoncer les conditions de vie de l’endroit le plus dangereux de l’Amérique avec l’arme la plus puissante qu’ils possédaient : leur musique. Voici la véritable histoire de ces rebelles, armés uniquement de leur parole, de leur démarche assurée et de leur talent brut, qui ont résisté aux autorités qui les opprimaient. Ils ont ainsi formé le groupe de rappeur des N.W.A. en dénonçant la réalité de leur quartier. Leur voix a alors déclenché une révolution sociale qui résonne encore aujourd’hui.
Acteurs : O’Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell
Le film est une biographie, non d’une personne, mais d’un groupe américain de rap, NWA qui se constitue en 1986 à Compton, une banlieue très dangereuse de Los Angeles. Les initiales de de groupe de gansta rap sont celles de « Niggaz Wit Attitudes » tandis que Straight Outta Compton est le titre de leur premier album sorti en 1988.
En matière de gansta rap et de rap de façon générale, je dois avouer ma totale incompétence et je ne vais donc pas traiter du film sur le plan de la bande son même si Fuck tha Police, un réquisitoire qui dénonce le racisme et la violence de la police, est devenu un "classique". Je laisse donc de plus qualifiés que moi donner leur avis sur la partie proprement musicale du "biopic" qui est aussi un hommage à Eazy-E, mort en 1995, à l’âge de 31 ans, des complications dues au VIH. Mon inculture est telle que je ne connais quasiment pas les interprètes des membres du groupe ! Il faut cependant relever le jeu de Paul Giamatti, manager ambigu, dans le rôle de Jerry Heller.
En revanche, le film m’a touché au coeur pour les thèmes abordés :
1. le milieu musical et son "business", les rivalités entre les membres du groupe, leur exploitation par des managers sans scrupules et les tensions entre différents groupes musicaux qui partagent ce que je vais appeler un même terrain de chasse. Finalement tout cela est fort proche de ce que l’on découvre dans Jersey Boys.
2. la violence de la police (notamment) par rapport aux noirs aux USA [1]. A découvrir à l’écran les violences - souvent non fondées pour délit de couleur de peau, de faciès, qui ont amené les intéressés à s’y opposer par la "parole", ici celle du rap et du chant ou de l’art de façon générale - nous montre que pratiquement rien n’a changé aujourd’hui. C’est douloureusement que le film fait encore écho aujourd’hui lorsque nous découvrons, apprenons la violence illégitime des autorités envers les "blacks" (et aussi ceux qui ne sont pas "blancs") et en particulier de la police. Rien n’a changé, aucune leçon n’a été tirée de cela. Rien que pour cela, pour que nous puissions nous indigner (au minimum) mais aussi découvrir nos propres impensés "raciaux" et racistes qui surgissent aujourd’hui en Europe, dans notre pays et nos villes, ce film est à voir de toute urgence, au-delà de ses qualités et/ou défauts intrinsèques. L’histoire est probablement une construction (mais dans nos propres références, pour les chrétiens, c’est aussi le cas des Evangiles), elle est peut-être romancée pour être condensée en un peu moins de 2h30... mais il faut la voir... et l’écouter.
Parce que ce film m’interpelle comme croyant mais surtout comme humain et même si les membres des groupes rencontrés ne sont pas des enfants de choeur, il est pour moi un coup au coeur et un coup de coeur !