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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Sylvain Biegeleisen
Twilight of a Life (Au crépuscule d’une vie)
Sortie le 3 novembre 2015
Article mis en ligne le 4 octobre 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : A 94 ans, Diane défie avec tempérament les pronostics des médecins. Son fils, le réalisateur Sylvain Biegeleisen, vient partager chez elle un quotidien empreint d’humour, d’esprit et de tendresse. Face à l’incertitude, au mystère de cette période d’attente, mère et fils discutent, chantent, rient, dansent ensemble ; des moments de partage saisissants par leur optimisme et leur sérénité. A 94 ans, c’est de la vie que veut parler la mère, et non de la mort. Un témoignage lumineux, plein d’espoir, sur la manière d’aborder la fin d’une vie. Un hommage aussi à l’amour entre une mère et son fils.

Que voilà un film émouvant et bouleversant, une ode à la vie au seuil de la mort. Il s’agit d’un documentaire et c’est le premier film de Sylvain Biegeleisen (qui est également le scénariste et le coproducteur). Le choix de le réaliser semble se faire dans l’urgence d’une mort attendue, puisque pronostiquée par les médecins. Mort annoncée d’une maman donc, que son fils, Sylvain, va filmer avec son accord durant ses derniers instants, comme l’on dit. Mais ceux-ci prennent le temps, celui d’une histoire à raconter, d’un adieu à faire, d’une vivante à accompagner jusqu’au seuil.

Il ne s’agit donc pas d’une reconstruction comme Sarah Polley le fait dans Stories We Tell en 2012 ; c’est plus proche d’un moyen métrage d’Antony Cordier : Beau comme un camion (2000, 42’) où il interroge les siens sur sa vie et son expérience/parcours cinématographique. Je songe aussi à Tarnation que Jonathan Caouette a sorti en 2003 et qui relate sa relation avec sa mère de ses 11 à 31 ans et qu’il tourne en super 8, en VHS, et en DV, et qu’il accompagne de messages enregistrés sur répondeur téléphonique. Certes il s’agit fondamentalement de tout autre chose, mais son film est tourné sans scénario et c’est donc au montage que cette expérience de vie se construit.

Il doit en être de même ici, car il est difficile de scénariser l’expérience de vie/mort que Sylvain nous relate. Comme il le dira lors d’échanges avec sa mère, on sait que cela va arriver, mais on ne sait pas quand. Ici, il franchit une frontière : alors que nous plaçons la mort au-delà de l’horizon de nos prévisions, il place celle-ci en-deçà, comme vis-à-vis inéluctable et cependant pas mortifère ! Ce sont tant de rencontres régulières, filmées essentiellement en noir et blanc que le réalisateur va monter pour nous montrer en un peu plus d’une heure [1] une vie qui s’écoule vers sa fin. Le fils doit parler haut et fort et articuler, car la mère n’entend plus bien. Parfois la tête n’est plus tout à fait là, plus totalement lucide, et la caméra filme ces instants, au plus près du corps parfois, des rides, de la peau tannée par le temps. Ce qui peut paraître impudique est curieusement d’une grande pudeur.

Le fils chante pour sa mère, dans sa maison [2] et s’accompagne à la guitare. Il chante des classiques comme Brel ou ses propres compositions avec énormément de tendresse. Il n’y a qu’elle et lui à l’écran (ses deux frères, son épouse et ses trois enfants n’apparaitront pas) et il semble être le seul à filmer. Sa caméra est parfois statique, souvent très mobile, accompagnant une main, un bras, un visage qu’il offre à nos yeux. Parfois elle s’attarde dans la cuisine, sur un plat de pommes de terre (brûlées), sur une soupe. Mais l’important n’est pas seulement l’image, splendide, ce sont aussi ces échanges, tendres et émouvants, presque philosophiques parfois qui accompagnent ce duo humain. Les rires, les pleurs, les sourires éclairent l’écran. Parfois, la caméra, pudique cherchera l’image dans le reflet d’une fenêtre. Il y a aussi des moments de silence qui sont offerts ainsi que d’étonnantes "pauses cigarette". Ce "travail", cet accompagnement dureront plus de huit mois [3] et Mme Biegeleisen décédera à l’âge de 95 ans.

Les "acteurs" (j’ose le mot, car tous deux sont ici ’acteurs’ de leur vie) parlent français souvent, et un peu néerlandais et yiddish [4].Ne quittez pas la salle après le générique, car le film - qui échappe à toute cotation chiffrée - n’est pas encore totalement arrivé à sa dernière image.

Le film sur Viméo.

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