Synopsis : Jérôme Varenne, qui vit à Shanghai, est de passage à Paris. Il apprend que la maison de famille d’Ambray où il a grandi est au cœur d’un conflit local. Il décide de se rendre sur place pour le résoudre. Cette échappée provinciale changera sa vie…
Acteurs : Mathieu Amalric, Gemma Chan, Karin Viard, Gilles Lellouche, Marine Vacth, André Dussollier, Nicole Garcia, Claude Perron.
Je n’avais pas encore vingt ans quand j’ai vu Les mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau dont je garde un excellent souvenir, illusion peut-être du temps à jamais perdu ? Quarante-quatre ans plus tard, le réalisateur octogénaire (83 ans) nous revient avec une comédie dramatique [1] qui m’a touché et qui justifie ma note. Rien d’étonnant quand on sait que Philippe Le Guay est aux commandes du scénario (avec deux Rappeneau, le réalisateur, et Julien, son fils). Ajoutons d’excellents acteurs au service de ce film (où certains de mes confrères n’ont vu qu’une série d’épisodes de Plus belle la vie).
Mathieu Amalric occupe l’écran. Il est speedé, c’est un homme pressé, un homme d’affaires en voyage vers Londres avec sa compagne asiatique, Chen-Lin [2] Jérôme Varenne est un homme pressé ! La route de Shangai à Londres devra s’interrompre très brièvement à Ambray ! Jérôme est efficace, le but est connu, tout devrait aller très vite (et cette vitesse donnera le rythme du film !).
Ce rythme apparaît aussi dans le film qui nous fait découvrir les diverses interactions entre les personnages de cette famille. Est-elle belle ? Il se pourrait bien qu’il y ait des problèmes. En tout cas, Jérôme est en quête de son père. Et cela tourne même à l’enquête familiale. C’est qu’il y aurait bien des tensions dans la famille. Celles-ci sont d’autant plus intenses qu’il y a un enjeu financier : la vente de la maison familiale est suspendue parce que la ville a exercé un droit de préemption (le maire, Pierre Cotteret, est joué par André Dussolier). Florence, la mère (Karin Viard) ne peut toucher l’argent de la vente versé par Grégoire Piaggi (Gilles Lellouche). La famille ce n’est pas simple non plus quand il y a du ressenti et du non dit entre les frères (Guillaume de Tonquédec joue le rôle de Jean-Michel Varenne).
Jérôme fera d’étonnantes découvertes dont je vous laisse découvrir les chemins d’accès à l’écran. Sachez qu’il sera question d’une, soeur, puisque son père a refait sa vie avec une autre femme après s’être séparé de la première. Demi-soeur - semble-t-il -, mais le semble est important, car il est bien possible que l’on frise l’inceste. Il faudra bien une solution "morale" à ce problème. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Car le film se double d’une autre enquête, elle quasi-policière.Pendant que Jérôme est bloqué à Ambray, que sa compagne doit gérer les affaires à Londres en son absence, que le maire prépare un concert, que des tensions apparaissent entre Jérôme et sa "soeur", il apparaît qu’une pièce manque dans le dossier de succession.
Le rythme [3] que Jean-Paul Rappeneau donne à son film est frénétique, endiablé, à la façon même dont il a été tourné [4]. Je vous laisse découvrir à l’écran la façon dont le réalisateur va rassembler les différentes pièces d’un tel puzzle. Je ne l’ai donc pas perçu comme des épisodes d’une série télévisée de vacances, mais comme un film où le drame frôle toujours avec le comique avec des ressorts proches parfois du boulevard. Le montage ne nous laisse pas le temps de souffler, passant d’un plan et d’une situation à l’autre pour nous faire vivre l’intensité de la situation que la majorité des acteurs et en particulier Amalric nous aide à percevoir que nous sommes parfois proche du drame, mais qu’il y aura une solution à tout. A défaut d’un jeu de chaises musicales, c’est au cours d’un concert avec un beau pianiste asiatique que les pièces de l’échiquier pourront trouver leur place, que chacun ira avec sa chacune et retrouvera ses droits et ses biens... ou perdra ceux qui ont été mal acquis.