Synopsis : Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages lorsqu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.
Acteurs : Emma Stone, Joaquin Phoenix, Parker Posey, Jamie Blackley, Ethan Phillips.
Présenté au Festival de Cannes, le dernier Woody Allen se situe dans la moyenne de ses dernières réalisations. Il est un cran au-dessus de To Rome with Love (2012) en deçà de Blue Jasmine (2013) et même de Magic in the Moonlight (2014).
Woody Allen aborde plusieurs thèmes sur fond de triangle amoureux entre un professeur de philosophie déprimé, Abe Lucas (Joaquin Phoenix, en mode "conduite automatique" !), précédé d’une réputation douteuse : alcoolique et coureur de jupons. Deux femmes, l’une de sa génération, Rita (Parker Posey ), l’autre, son élève, Jill (Emma Stone), vont le séduire ou du moins tenter de le faire. Mais lorsque l’on est ainsi déprimé par la vie et que cela se ressent même dans vos choix d’auteurs à présenter en philo, peut-on se mettre au garde-à-vous pour obéir au désir d’une femme ou bien faut-il autre chose pour pimenter votre vie ? Celle-ci se résume-t-elle à préparer l’écriture d’un livre sur Heidegger et le fascisme ? Il n’y croit pas lui-même ! Rien de la philosophie ne peut donner sens à la vraie vie ! Ni Kierkegaard et son existentialisme, ni la morale kantienne ! Comment notre cher Woody va-t-il s’en sortir avec ses thèmes de prédilection : le sexe, le sexe, oui, il faut insister, les conflits étiques, la philosophie, la bourgeoisie, les faux-semblants ?
Une idée de génie va germer dans l’esprit d’Abe ! Au hasard d’une conversation entendue à la table voisine par Jill, la jeune étudiante amoureuse de Woddy Allen, pardon je fais fausse route, de Abe Lucas, celui-ci va se poser des questions éthiques (on est dans un film de Woody off course !). Passons sur l’évolution de la situation qui va conduire notre héros à commettre le "crime parfait". C’est donc un classique du roman et du cinéma policiers que Woody Allen va traiter. Nous quittons alors les questions philosophiques et existentielles qui passent au second plan ou en "tâche de fond" pour un traitement d’une intrigue plus classique. Le meurtrier va-t-il être confondu ? Quelles sont ses erreurs éventuelles ? Par ailleurs, ce meurtre parfait l’a carrément remis debout, plein de vigueur et d’enthousiasme. Il a désormais toute la vie devant lui... si ce n’est la présence de l’un ou l’autre grain de sable ? Un meurtrier si sûr de lui peut-il échapper à l’impunité ? Serait-ce moral, même chez un philosophe de Woody ? Il faut une morale à cette histoire, ou une chute, pour employer le jargon littéraire. Quelle sera donc la chute finale de cette histoire policière ? Notre "héros" devra-t-il prendre l’ascenseur pour l’échafaud (autrement dit pour le couloir de la mort) ou simplement prendre de la hauteur pour j(a)uger (de) la situation au risque de tomber du piédestal qui le mettrait à l’abri de ceux ou plutôt celle qui lui rappellerait qu’à toute histoire il y a une fin ?