Synopsis : En 1947, Sherlock Holmes, depuis longtemps à la retraite, vit paisiblement dans le Sussex, avec sa gouvernante et son fils, un détective amateur. Mais la quiétude recherchée n’est que de façade... Une affaire vieille de 50 ans le hante encore et toujours. Malheureusement seuls quelques fragments sont encore vivaces : une altercation avec un époux en colère, un lien profond mais mystérieux avec son épouse fragile. Si son légendaire pouvoir de déduction n’est plus intact, et si Watson n’est plus là, Holmes va se lancer dans son ultime enquête, la plus compliquée de sa longue carrière...
Acteurs : Ian McKellen, Laura Linney, Roger Allam, Hiroyuki Sanada, Hattie Morahan, Frances de la Tour, Zak Shukor.
C’est à un véritable travail de mémoire et de mise en abime que nous convie Mr Holmes. Celui-ci est maintenant très âgé, s’est retiré depuis longtemps des affaires et voudrait se souvenir de l’une d’entre elles, sa dernière, celle qui l’a amené à se retirer.
Watson est mort depuis quelques années et le film se veut travail de réflexion (au double sens du mot) sur l’écriture. Comment rendre compte de la réalité ? Comment « inventer » celle-ci pour la rendre plus proche du réel (ou pas) ?
Réflexion aussi sur l’oeuvre originale de Conan Doyle, car nous ne pouvons manquer de penser à ce travail d’écriture du romancier et des jeux entre Holmes et Watson dont ils se jouent.
Depuis sa création littéraire, ce couple mythique a été abordé de différentes manières au cinéma, allant, chez l’un, à suggérer des liens au moins sentimentaux et, chez l’autre, à faire de Watson une femme.
Ici, Watson est traité sur le mode de l’absence. Il y en a donc plusieurs : celle-ci de Watson, celle de la mémoire de Holmes et celle d’un récit (même fictif ou embelli) puisque Holmes a le souvenir d’avoir interdit à Watson d’en faire état dans ses mémoires.
C’est un jeune garçon qui va l’aider faire le tri dans des les flashs mémoriels qui lui parviennent, qu’il s’agisse d’une femme énigmatique ou d’un voyage à Hiroshima. Comment démêler le vrai du faux et est-il possible avec si peu de faire une enquête ? Qu’a donc vu Holmes, qu’a-t-il fait ou pas qui l’a incité à oublier ou interdire d’en parler ?
Sur la route, des abeilles, des guêpes et un gant permettront peut-être d’arriver à la « vérité ».
Mais qu’est-ce que la vérité ? Et quelles conclusions faut-il tirer de ce que l’on a vu ?
Faut-il un nouveau discours pour dire le réel où le vrai et le faux sont miroirs l’un de l’autre ?
Qui peut prendre la plume lorsque Watson n’est plus là pour écrire et embellir ?
Ian McKellen interprète un Holmes magistral et fragile dans des décors de toute beauté et les seconds rôles ne sont pas en reste.
Un film à voir absolument, même s’il est déconcertant et parfois lent et que l’on peut visionner au premier degré, comme la résolution (ou pas) d’une enquête maudite, mais, plus encore, au second degré, comme relecture du travail d’écriture : celui de Watson par rapport à Holmes et, ensuite, celui de Doyle sur son couple mythique et même la réécriture d’une histoire par le réalisateur.