Synopsis : Danny Collins est une rock star américaine vieillissante dont le quotidien continue à rimer avec sexe, alcool et drogues... Un jour il découvre une lettre qu’il aurait dû recevoir en 1969, l’année où il faisait ses premiers pas dans la musique : une lettre écrite par John Lennon lui-même ! Ce message a 44 ans de retard... et va bouleverser son existence.
Acteurs : Al Pacino, Annette Bening, Bobby Cannavale, Christopher Plummer
Que voici une comédie dramatique réjouissante avec un Al Pacino en pleine forme qui ne cabotine pas (ou si peu qu’on lui pardonne volontiers si on est un tant soit peu fan de l’acteur !). Ce n’est pas une histoire vraie, en tout cas pas totalement. Nous sommes prévenus dès le générique du film. Il n’empêche, il repose sur des faits réels, fussent-ils anecdotiques : la réception très tardive par un rockeur d’une lettre que John Lennon lui avait envoyée en 1969.
Le scénariste et producteur passe derrière la caméra et c’est ici le premier film qu’il réalise. Celui-ci n’est pas exempt de défauts, mais ils sont largement surpassés par le scénario qui tient la route et l’interprétation d’Al Pacino, de Christopher Plummer et d’Annette Bening (dont le rôle aurait mérité d’être plus développé). Le synopsis est clair : Danny vit sur ses rentes. Il n’a plus enregistré depuis des années et traine dans ses concerts toute une flopée de fans âgés et surtout âgées qui le suivent depuis ses premiers pas. Il boit, se drogue (le coup de la coke dans le crucifix mérite le détour, même pour mes auditeurs de RCF !) en est à sa quatrième épouse... qui le trompe avec un blanc-bec qui se cache sous le lit conjugal lors de l’arrivée inopinée de notre rockeur has been !
Son manager et ami va lui offrir pour son anniversaire une lettre de John Lennon écrite presque 45 ans plus tôt à la suite d’une interview pour un magazine de rock (le film débute d’ailleurs par celle-ci). Evidemment, le rockeur - qui bien entendu ne ressemble à aucune star connue - n’est pas, ou alors c’est involontaire ! - n’a suivi aucun de ces conseils puisqu’il ne les a jamais reçus ! Mais il n’est jamais trop tard pour prendre la route de... la rédemption. Danny Collins, lucide, mais cynique va donc faire un virage à cent quatre-vingts degrés et malgré les conseils - apparemment judicieux de son manager va se mettre en quête d’un fils qui ne l’a jamais rencontré, bien plus qui est hostile à cet homme qui a eu une relation avec sa mère et l’aurait abandonnée.
Notre Danny se trouve un hôtel très luxueux (vous ai-je précisé qu’il a beaucoup d’argent : ce sont les royalties de ses oeuvres de jeunesse (les seules en fait). Cet hôtel est géré par Annette Bening et cela permettra de développer un des axes d’une possible rédemption de notre vieux rockeur. La gérante va tenter d’aider Danny à trouver en lui les sources d’une nouvelle façon de composer et chanter. Parallèlement à cela, il va rencontrer son fils, sa belle-bille et surtout leur enfant. Celle-ci est atteinte de TDAH. On se doute bien que les retrouvailles ne se passeront pas comme dans un rêve. Il n’empêche, le père (grand-père) a de l’argent, beaucoup et celui-ci permet tout. Nous découvrons alors un des aspects nauséabonds non pas du film, mais d’une certaine conception occidentale et capitaliste et notamment américaine : l’argent permet tout et ouvre toutes les portes. Cela fonctionne et si l’on peut envisager cela en termes de conte de fées, il n’empêche, au risque d’être cru et vulgaire : cela pue !
Le reste du film est à découvrir en salle, notamment l’évolution de la relation avec la gérante, avec la famille, celle de sa carrière, du lien avec ses (vieux) fans, et surtout la possible rédemption de Danny Colllins.
On retiendra la justesse de jeu de la majorité des acteurs, la bande-son qui nous offre une dizaine de chansons de John Lennon (et leur lien adéquat avec la situation). L’émotion et le rire sont au rendez-vous. Pour un premier film, l’essai est amplement réussi même si les clichés sont nombreux et que le thème de la rédemption a déjà été maintes fois exploité. On peut donc rêver d’un autre film avec un grand réalisateur connu aux commandes, mais en l’état, on peut déjà dire : Dan Fogelman, nous attendons votre deuxième film avec impatience.