Synopsis BIFFF : « Quand il est arrivé chez nous, personne ne savait qui il était, d’où il venait, ce n’était qu’un étranger… ». Ça, c’est le début d’une zolie chanson de Dorothée. Après, elle continue avec « son regard si doux », mais – vu la mine patibulaire de l’étranger qui vient de débarquer en ville – ça ne colle plus trop… Lui, possède un regard à effrayer Manuel Valls et aucune envie de se faire des copains dans cette petite bourgade ricaine. Quand il sonne à la porte du jeune Josh, tout ce qu’il veut, c’est voir une certaine Ana avant de crever, comme d’autres veulent voir Denise et mourir… Malheureusement, Josh lui apprend que la fameuse Ana a déjà élu domicile sous une pierre tombale, mais – pour la seconde partie de son plan – il y a des punks décérébrés qui traînent dans le square, toujours partants pour une partie de Docteur Maboul à vif. Une infime lueur d’espoir éclaire le regard de l’étranger : pourvu qu’ils le massacrent furieusement, car il a cette sale habitude de se régénérer très vite… Et il n’a aucune envie de vampiriser l’attention de ce patelin paisible, si vous voyez ce qu’on veut dire…
Présentation BIFFF : Après Afterschock et The Green Inferno, le tandem Nicolas Lopez – Eli Roth réitère dans sa promotion de la flippe chilienne ! Cette fois, c’est leur scénariste attitré, Guillermo Amoedo, qui passe derrière la caméra pour ce thriller surnaturel qui surfe sur le thème du gramme de merde qui perturbe un kilo de caviar, comme dirait Topor. Tendu, violent et sanglant, The Stranger semble être la parfaite réponse chilienne à Let us Prey…
Acteurs : Aaron Burns, Ariel Levy, Cristobal Tapia Montt, Lorenza Izzo.
Guillermo Amoedo est un réalisateur argentin, né à Montevideo en 1983, mais qui travaille au Chili (Santiago) depuis 2007. Il nous propose ici un thriller horrifique qui, sans être un chef d’oeuvre, est loin de démériter en particulier dans le cadre de ce 33e Festival du BIFFF.
Le synopsis et la présentation ci-dessus en disent beaucoup, presque trop, au risque de "spoiler" l’un ou l’autre élément important de la narration. Aussi, plutôt que d’en révéler plus sur l’intrigue, je vais mettre l’accent sur quelques éléments qui m’ont marqué dans ce film qui nous conte l’arrivée d’un homme solitaire, dont on ne sait pratiquement rien (sinon par quelques flashbacks) et qui semble relativement passif face à la violence qu’on lui manifeste (Le thème du "héros" solitaire inconnu est traité dans Das finstere Tal (The Dark Valley) d’Andreas Prochaska, de façon évidemment beaucoup plus "classique !).
Je relève tout d’abord l’itinéraire de deux pères que tout oppose dans leurs relations avec leur fils. Alors que l’un devra défendre son fils à l’encontre de la loi (que ni l’un ni l’autre ne respectent d’ailleurs) et tout particulièrement lorsque celui-ci est brûlé au regard de la société. L’autre en revanche, devra finalement s’enflammer pour réaliser une véritable reconnaissance de paternité, cédant ainsi un héritage (maudit), celui du sang, mais aussi en se retirant, pour passer la main et ouvrir un avenir, fut-il incertain à celui qu’il vient de libérer de ses attaches parentales.
Ensuite, le rôle de deux mères. Alors que l’un des protagonistes est en quête d’une épouse et mère disparue, les spectateurs découvriront une mère de substitution, véritablement hospitalière. L’autre en revanche sera seul parent et l’épouse et mère... absente.
Les animaux sont aussi importants. On découvrira que ceux qui leur témoignent le plus d’intérêt, et cela de façon vitale, sont probablement ceux qui, contre toute attente, sont le plus capables - à défaut d’humanité - d’empathie pour les humains. Et si aimer ainsi les humains est une sorte de maladie, gageons qu’elle a quelque chose de contagieux !
En définitive, ce qui sera crucial (parfois au sens le plus étymologique !) ce seront les liens du sang et leur transmission. Il faudra d’ailleurs les mettre en lumière pour en supprimer la malédiction et pour passer de la nuit au jour.
L’ambiance de la salle était chaude, habituelle et enthousiaste, comme souvent au BIFFF... mais pour la première partie du film. Ensuite, le public s’est très fort calmé. Ce n’était probablement pas un mauvais signe, mais plutôt celui que le film nous prenait dans son trip. Finalement, malgré certains clichés, nous pouvions dire que nous buvions une pinte de bon sang. Et cela devait donc suffire à nous désaltérer, s’il n’y avait eu quelques problèmes de sous-titres : si la plupart du temps la synchronisation était correcte, il est arrivé à plusieurs reprises que des dialogues n’étaient pas traduits. Dommage donc, parce que ceux-ci apportaient un plus à l’intrigue.