Synopsis du BIFFF : Vétéran aveugle du Vietnam, Ambrose McKinley et son fidèle chien Shadow sont gâtés par le rejeton de la famille : ce dernier décide de leur payer une résidence au mouroir de Crescent Bay. Pelouses bien tondues et veuves peu farouches pour voisines, qui font des soirées folles avec de la citronnade et des muffins, pas si mal, non !? Il y a juste cette histoire de lynx sauvage qui affolerait le pacemaker de certains pensionnaires de temps à autre, mais c’est un détail… Le problème, c’est qu’Ambrose fait attention aux détails et, dès sa première nuit, ce n’est pas un vilain petit caca qu’il trouve sur son gazon, mais une voisine aux entrailles encore fumantes … et son berger allemand en pièces détachées. Les flics ont beau lui expliquer que les félins sont probablement excités par la pleine lune, Ambrose est loin d’être le témoin idéal avec ses deux yeux restés à Saigon. Pourtant, il est sûr d’une chose : le chaton sauvage qui faisait mumuse avec sa voisine et son berger mesurait à peu près deux mètres de haut et miaulait comme un yéti…
Présentation du BIFFF : Pour son premier film aux States, Adrian Garcia Bogliano (Here Comes the Devil) ressuscite ce bon vieux mythe du loup-garou et s’octroie un casting qui fera plaisir aux connaisseurs : Nick Damici fait ici une petite incartade à son réalisateur fétiche, Jim Mickle, afin de tailler le bout de gras avec Tom Noonan (le tout premier Dragon Rouge dans Le Sixième Sens de Michael Mann) ; tandis que le légendaire Robert Kurtzman (Bubba Ho-tep, The Faculty, Army of Darkness) se charge de la trombine effrayante de la bête !
Acteurs : Ethan Embry, Lance Guest, Nick Damici...
Tout est écrit et probablement un peu de trop dans le synopsis, mais peu importe, l’important se situe plus dans les ambiances d’un film qui se déroule sur une période d’un mois ou plus exactement un mois lunaire, soit 28 jours ! Il a certes très vite la découverte que dans ce milieu clos, une enclave résidentielle pour personnes âgées, quelque chose rode à l’orée des bois. On aura très vite compris qu’il s’agit d’un loup-garou et que les chiens (notamment) ne font pas longue vie dans ce très luxueux mouroir. Et de fait, s’agissant de mourir, certains y arrivent plus rapidement que d’autres.
Ces hommes et ces femmes âgés et pieux se regardent s’observent, se jugent, se critiquent et cachent parfois des quasi-cadavres, tel ce vétéran enfermé dans un poumon d’acier. Ce sera le "regard" d’un aveugle qui permettra d’y voir un peu plus clair, en particulier lors d’une nuit de pleine lune ! Il n’est pas dupe des uns et des autres et plusieurs de ses rencontres avec des personnes qu’il doit "sentir" à défaut de "voir" nous permettent de comprendre que les façades humaines peuvent receler de bien troublants secrets. L’on pourra penser à plusieurs moments que tel ou tel doit être le loup-garou. Notre vétéran qui ne voit rien saura faire un bon usage de l’argent pour finir en gloire et en beauté.
Si les effets spéciaux et maquillages sont réussis, si la bête est effrayante - et on s’y habitue assez vite - et que l’on découvre même qu’elles sont "légion", le film m’a surtout séduit par l’image qu’il nous montre d’une certaine Amérique, en particulier de sa "middle class", de son rapport aux autres, aux vétérans, à la religion, de l’hypocrisie, du traitement des personnes âgées. Il nous montre aussi l’évolution d’une relation père/fils. D’une dégradation à une possible rédemption !
En somme, s’il y a bien des loups-garous, on ne peut pas le nier. En revanche, au plus profond de notre (in)humanité, Late Phases nous fait découvrir qu’y sommeillent d’autres loups, peut-être plus monstrueux !