Synopsis BIFFF : Les 25 premières années d’une vie sont normalement faites de conneries inoffensives, d’insouciance, de joie, de découvertes et de tous ces petits trucs qui vous font dire : tiens, je signerais bien pour 25 ans de plus. Pour Evan, par contre, on lui a construit sa vie à l’envers : un père mort avant de lui foutre sa première torgnole, une école qu’il quitte car elle a loupé l’occasion de l’éduquer et une mère rongée par le crabe jusqu’à en crever. S’il reste aux Etats-Unis, il connaît le programme d’avance : drogues, bagarres, meurtre, prison et vie de merde. Alors, il fuit. Il envoie son passé se faire foutre, part à l’autre bout du monde et atterrit à Bari, sur la côte adriatique. C’est beau, ça sent l’iode et ça respire l’avenir. Surtout quand il croise la route de Louise, une brune ténébreuse aux hormones instables qui adore le cul. Surtout les coups d’un soir, propres aux glands de ce monde. Oh, pas par pudeur, mais c’est juste que la belle Louise se transforme en monstre au réveil, et ce n’est pas uniquement une question de Demak’up…
Présentation par le BIFFF : Ils se sont fait connaître avec Resolution (2012) et ont rapidement enchaîné avec un segment de VHS : Viral (2014). Là, on s’est dit que Justin Benson et Aaron Moorhead avaient clairement levé la patte sur le réverbère de l’horreur. Et, pourtant, ils débarquent avec Spring, chef-d’œuvre inclassable où Richard Linklater écrirait un scénario avec Lovecraft ! Lauréat de plusieurs prix (dont un chez nos amis du PIFFF), cette saison poétique et unique en son genre réunit Lou Taylor Pucci (Evil Dead) et la très prometteuse (délicieuse) Nadia Hilker !
La présentation du film par l’équipe du BIFFF m’a induit en erreur. Les références à Linklater et à Boyhood, voire à Lovecraft sont exagérées à mon sens. C’est bien entendu la règle du jeu et les présentations de chacun des films sont à elles seule un genre littéraire qui ne préjuge en rien du contenu, de la qualité voire des défauts des films présentés. Somme toute, c’est un peu comme une bande-annonce : elle peut n’avoir que très peu de points communs avec le film dont elle fait la promotion.
Il ne s’agit donc pas de suivre pendant une quinzaine d’années la vie des protagonistes même si pour l’un d’entre eux la durée est constitutive de son existence. A l’arrivée c’est plus une romance qu’un film d’horreur. Il y a bien un monstre dans le film et il peut être dangereux (il le sera d’ailleurs une fois avec quelqu’un de pervers) mais plutôt que de chercher du côté des vampires, loup-garous et autres créatures fantastiques, c’est au coeur de notre propre humanité qu’il faut chercher notre animalité (ou l’inverse !).
Quitter sa mère après l’avoir perdue, c’est partir en quête d’une femme, de la femme, et plus encore de l’amante, de l’épouse, de la mère. C’est un peu le sous-texte que j’ai découvert dans ce film. Le "monstre" sera expliqué "scientifiquement’ (enfin, il s’agit plutôt de "pseudo-science") ce qui a le mérite d’apporter une cohérence rationnelle au récit. Nous découvrirons que si l’amour existe, que s’il doit être éternel, il faudra se fixer, s’abandonner au cours du temps pour qu’il puisse naître et donner vie.
Le film nous offre plusieurs plans, symboliques, d’animaux divers qui viennent éclairer ce qui a trait à la monstruosité d’un des personnages. Au final, c’est un beau couple amoureux que nous découvrons, une belle histoire d’amour qui peut nous enthousiasmer malgré quelques clichés.
La région italienne et la cité où le film se déroule après la mort de la mère est très bien filmée et apporte une ambiance et une atmosphère à Spring. La photo du film arrive à rendre certaines atmosphères et la tendresse des situations et rencontres.