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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Sudabeh Mortezai (2014)
Macondo (Le petit homme)
Sortie le 6 mai 2015
Article mis en ligne le 1er avril 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : A 11 ans, Ramasan est déjà un homme sous ses allures de petit garçon. Réfugié en Autriche avec sa mère et ses deux soeurs, il essaie de remplacer du mieux qu’il peut son père mort en Tchétchénie. L’arrivée d’Isan, un ancien ami de son père, va bousculer son quotidien.

Acteurs : Ramasan Minkailov, Aslan Elbiev, Kheda Gazieva, Rosa Minkailova, Iman Nasuhanowa, Askhab Umaev, Hamsat Nasuhanow.

Toute première impression à la vision de Macondo : c’est comme si les frères Dardenne avaient voulu réaliser un documentaire de la série d’origine belge Strip-tease sur le gamin au vélo, sans vélo et dans une Autriche sans trop d’aspérités !

Le film aborde plusieurs thèmes : l’absence de père, la quête d’une relation maritale/paternelle, l’accueil des étrangers en demande d’asile et la vie comme étranger dans un pays d’accueil, la délinquance, la responsabilité d’adulte d’un jeune enfant...

Ce long métrage nous fait découvrir Ramasan, un jeune garçon tchétchène, en demande d’asile en Autriche avec sa mère. Le père est mort dans la guerre qui oppose ses compatriotes à la Russie. Il fait la rencontre d’Isan, un ami de son père. Il lui remet d’ailleurs plusieurs objets qui lui appartenaient, dont une montre d’origine russe mais qui ne fonctionne pas ou plus.
Le petit homme qui ne se sent pas si petit que cela, se considère comme le chef de famille. Il ne peut donc accepter que l’ami de son père se lie d’amitié avec sa maman d’autant plus que derrière les petits services rendus, le gamin se rend compte que quelque chose se trame et que sa mère et Isan pourraient bien entamer une relation amoureuse. Outre le fait qu’il se pose des questions sur la véritable relation avec son père (cet homme pourrait être responsable de sa mort) il vit difficilement cette intrusion. C’est d’autant plus difficile à accepter que son statut autoproclamé de chef de famille est sans cesse remis en question par les adultes qui lui rappellent qu’il n’est qu’un enfant.

Ramasan a la charge de ses deux jeunes soeurs et il semble bien être le garant de la morale lorsqu’elles se laissent aller à commettre des bêtises ou voler. Le film prendra une tournure plus dramatique lorsqu’il va se lier avec d’autres enfants, plus délurés et va commettre quelques exactions jusqu’à impliquer des adultes qui lui veulent du bien. D’ailleurs, les adultes sont souvent bienveillants, conciliants : qu’il s’agisse des services d’accueil, de santé, des policiers... Tous ont à coeur que tout se passe bien pour cette famille et le jeune garçon. Tout au plus un gardien fera non pas de l’excès de zèle mais simplement son boulot en rappelant Ramasan et les siens à l’ordre et à la réalité.

Il y a bien sûr un peu de racisme de la part des jeunes vis-à-vis de noirs (normal se dirait-on on est quand même en Autriche !) mais cela est contrebalancé par l’extrême civilité des responsables religieux musulmans. Ces adultes veillent à ce que les jeunes aillent à la mosquée et ne fassent pas de "conneries" !

L’on découvrira à l’écran la façon dont les choses vont tourner, évoluer dans ce microcosme.
Si le film n’est pas décevant, il ne m’a pas enthousiasmé pour autant. Ainsi de nombreux plans nous font suivre ou précéder le jeune enfant dans les bois. Celui-ci est filmé caméra à l’épaule et les images donnent un peu une sensation de mal de l’air !

Il y a aussi une excellente idée : la mère ne comprend pas bien la langue et son fils doit servir de traducteur en tchétchène. Cela donne des situations cocasses où il ne traduit pas à la mère exactement ce qu’on dit. Mais plus tard, la mère comprend tout et n’a plus besoin de traduction. Etonnante rapidité d’apprentissage d’une langue en quelques jours. Enfin, et c’est probablement le passé de documentariste du réalisateur qui est ici en jeu, le film m’est plus apparu comme un reportage qu’une fiction.

Enfin, parce que j’ai pu ne pas vraiment saisir tous les enjeux de Macondo, j’invite à lire une critique beaucoup plus positive de ce film par Nicolas Gilson, un de mes amis critiques cinéma.



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