Synopsis : Une nuit d’avril 1957. Albertine, 19 ans, saute du mur de la prison où elle purge une peine pour hold-up. Dans sa chute, elle se brise l’os du pied : l’astragale. Elle rampe jusqu’à la route et interpelle une voiture. Elle est secourue par Julien, repris de justice, qui l’emmène et la cache chez une amie à Paris. Pendant qu’il mène sa vie de malfrat à droite à gauche en province, elle réapprend à marcher dans la capitale. Julien est arrêté et emprisonné. Seule et recherchée par la police, elle se prostitue pour survivre et, de planque en planque, de rencontre en rencontre, lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté. Mais les souffrances physiques qu’elle endure ne sont rien à côté de ce que l’absence de Julien provoque dans sa chair…
Acteurs : Leïla Bekhti, Reda Kateb, Esther Garrel, India Hair, Jean-Benoît Ugeux, Jocelyne Desverchere, Louis Garrel, Jean-Charles Dumay.
Il s’agit de la deuxième adaptation au cinéma du célèbre roman homonyme d’Albertine Sarrazin, paru aux éditions J.J.Pauvert. La première était celle de Guy Casaril en 1969, avec Horst Buchholz et Marlène Jobert dans les rôles titres. C’est l’actrice Brigitte Sy qui s’attelle à la transposition de cette oeuvre littéraire avec son deuxième long métrage.
La réalisatrice connait bien la prison. Elle est connue pour Les mains libres (avec Ronit Elkabetz, Carlo Brandt et Noémie Lvovsky). Le film sorti en 2010 raconte l’histoire de Barbara. Elle est réalisatrice et travaille depuis quelques années dans le milieu carcéral afin de préparer un film écrit par des détenus de longue peine. Ils sont incarcérés dans une maison centrale de la banlieue parisienne et y interpréteront leurs propres rôles. Mais Barbara est non seulement une histoire vraie, mais aussi vécue. En effet, derrière Barbara (et Michel), il y a Brigitte Sy qui rend compte, grâce au cinéma, de sa propre rencontre avec un prisonnier duquel elle s’éprendra au cours du tournage de son film !
Ici, nous quittons littéralement la prison même si celle-ci reste présente en arrière-plan ne serait-ce que parce que certains protagonistes en sortent et/ou y retournent. Nous sommes dans une sorte de biopic, puisque le roman est la propre histoire de la romancière. On lira avec profit la notice que Wikipedia lui consacre.Elle est "née le 17 septembre 1937 à Alger et morte le 10 juillet 1967 à Montpellier". Cette écrivaine française est la "première femme à raconter sa vie de prostituée, de délinquante et son expérience en prison pour femmes". Brigitte Sy nous propose, grâce à son film de raconter quinze mois environ de la vie de cette femme, enfant abandonnée lors de sa naissance à Alger et baptisée Albertine (Damien).
Le film débute le 19 avril 1957 par son évasion qui commence bien mal et de façon douloureuse. Elle se brise un os du pied, l’astragale. Cela entraînera une douleur et une boiterie permanentes. Elle est recueillie et soignée par un jeune délinquant Julien Sarrazin (Réda Kateb. Ils tomberont amoureux. Il se termine par son arrestation en septembre 1958. Durant cette période au cours de laquelle Julien sera incarcéré plusieurs fois, Albertine (qui porte une perruque blonde) vivra mal cette séparation, se prostituera, volera. Elle retrouvera aussi Marie (qui sont également amoureuses l’une de l’autre) qui fut sa complice lors du cambriolage qui les conduira toutes deux en prisons (mais pas les mêmes).
Brigitte Sy a choisi de filmer en noir et blanc. Les images sont de toute beauté. Les cadrages sont superbes. On pourrait reprocher une musique parfois trop sentimentale mais cela peut se discuter. En revanche le film est trop bavard dans sa voix off beaucoup trop littéraire. Peut-être s’agit-il d’un problème lié à l’adaptation du roman ? N’ayant pas lu celui-ci, je ne puis juger de l’adaptation et de la fidélité du scénario. Il y a une deuxième réserve, la même que j’ai formulée pour Journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot. Certains monologues ou dialogues sont quasi inaudibles, incompréhensibles. S’agit-il d’une question d’articulation et/ou de prise de son ? C’est vraiment regrettable, car il s’agit-là de mots très humains (loin de la voix off dont je fais état ci-desssus) propre à nous faire ressentir les émotions en jeu... Hélas, on ne les entend pas ou si mal.