The Railway Man (Les Voies du destin) est l’adaptation au cinéma du récit autobiographique d’Eric Lomax. Une belle réussite qui nous conduit sur un chemin de rédemption.
Eric Lomax (1919-2012), officier de l’armée britannique a été fait prisonnier de guerre par les Japonais en 1942. Ceux-ci, jugeant humiliante la reddition des Anglais, les ont considérés comme des sous-hommes et les ont soumis à des conditions de détention très dures et à un travail forcé épuisant, notamment la construction de la voie ferrée Siam-Birmanie (avec le fameux pont de la rivière Kwaï). Elle est surnommée la voie de la mort car elle a entraîné cele de plus de cent mille personnes, des civils et des prisonniers de guerre.
Eric Lomax a donc subi, comme d’autres, emprisonnement, enfermement dans de minuscules cages de bambous, coups, torture… en particulier de Takashi Nagase, interprète du ministère de la Guerre. Or plus tard, ce même Takashi Nagase deviendra prêtre bouddhiste et réalisera une centaine de missions aux fins d’expiation de ses actions. Eric Lomax est donc allé à la rencontre de son tortionnaire et a laissé s’en aller sa haine et sa colère.
Une rencontre bouleversante d’intensité
Pour la transposition du livre au grand écran, le réalisateur Jonathan Teplitzky s’est entouré d’acteurs connus et chevronnés (en particulier Colin Firth et Nicole Kidman). La présentation du livre cassera probablement le suspense du film mais permettra de le visionner sans surprise, avec moins d’appréhension (en particulier les scènes – nécessaires – de violence et de torture) et de cheminer avec les protagonistes vers une voie de rédemption ! Cela sera d’autant plus nécessaire que la structure n’est pas linéaire et que le film aborde d’abord la relation de Lomax avec sa future épouse qui découvrira le stress post-traumatique dont il souffre. Il ne pourra le partager avec elle que par le souvenir de la période japonaise qui nous sera narrée sous forme de flashbacks dans lesquels les protagonistes sont interprétés par d’autres acteurs, plus jeunes mais non moins extraordinaires (Jeremy Irvine et Tanroh Ishida).
Lomax découvrira enfin que son tortionnaire est toujours vivant. Il fera route vers cette voie de la mort, une sorte de pèlerinage avec le but probable de se venger. Leur rencontre sera surprenante d’intensité et pourra aboutir, plus tard, à la rencontre et à la réconciliation de la victime et du bourreau.
Ce film mérite amplement le détour parce qu’il nous permet, à travers ce chemin de rédemption, de découvrir le pardon comme remède au caractère irréversible de nos actes.