Genre : Action
Durée : 89’
Acteurs : Bob Odenkirk, Connie Nielsen, John Ortiz, RZA, Christopher Lloyd, Michael Ironside, Colin Hanks, Mckenna Grace...
Synopsis :
Quatre ans après sa malencontreuse altercation avec la mafia russe, Hutch doit toujours 30 millions de dollars à la redoutable organisation et s’efforce de rembourser en enchainant sans répits les contrats d’une liste de criminels à abattre, aussi interminable qu’internationale. Bien qu’il apprécie le caractère intense de son "travail", Hutch se retrouve vite surmené, tout comme sa femme Becca dont il s’éloigne inexorablement. Ils décident donc de partir avec leurs enfants pour une escapade au Wild Bill’s Majestic, un parc d’attraction dans l’Arkansas, le seul et unique endroit où Hutch et son frère Harry aient jamais passé de vacances ensemble. Embarquant son père dans la foulée, Hutch et sa famille débarquent au grand complet dans la petite ville touristique de Plummerville, avec la ferme intention d’y passer du bon temps au soleil. Mais quand, à la suite d’un incident mineur avec des voyous locaux, la famille se retrouve dans la ligne de mire du directeur du parc, aussi corrompu que son shérif est véreux...
La critique de Julien
Quatre ans déjà que Bob Odenkirk cassait des figures en tant que "Nobody" dans le film d’Ilya Naishuller, où il interprétait Hutch Mansell, un père de famille en apparence ordinaire, mais dont le passé d’assassin pour le gouvernement ressurgissait à la suite d’une agression, déclenchant une vengeance explosive contre la mafia russe. Dans la même veine que la saga "John Wick", le film avait alors modestement rencontré son public : pour un budget de production de 16 millions de dollars, il en avait rapporté 57 dans le monde. Bref, de quoi amorcer une suite et espérer ainsi faire naître une nouvelle franchise, telle celle née de l’imagination de Derek Kolstad et portée à l’écran par Keanu Reeves face à la caméra de David Leitch [1]. Dans son cas, "Nobody" était un plaisir assumé, une réussite du genre et un véritable défouloir d’action dopé à l’humour noir et au second degré, où Odenkirk surprenait en justicier pas si improvisé. Sa suite, réalisée par l’Indonésien Timothy Tjahjanto, tente de répondre aux questions laissées en suspens en replongeant Hutch Mansell dans une spirale d’affrontements sanglants. Contraint d’honorer une dette après avoir détruit une banque russe, et alors que sa relation avec sa famille s’est considérablement distendue, il verra ses vacances à Plummerville virer au carnage face à un shérif corrompu, un propriétaire local menaçant et une baronne du crime prête à tout…
Être en vacances... et rencontrer le "Diable en personne"
Victime d’une crise cardiaque le 27 juillet 2021, soit un mois après la sortie du premier film et avant le tournage de la sixième saison de "Better Call Saul", on se demandait si Bob Odenkirk allait pouvoir revenir sur le devant de la scène. Mais c’était sans compter sur sa fulgurante récupération, notamment grâce à deux stents placés dans ses artères coronaires. Autrement dit, il en faut plus pour renverser Hutch Mansell ! Pourtant, l’acteur apparaît à l’écran aussi fatigué et désintéressé que son personnage, lequel a besoin de vacances… et surtout de se rapprocher de sa famille, lui qui enchaîne les contrats pour éponger ses dettes. Quoi de mieux, alors, que d’emmener les siens là où il passait ses étés avec son père (Christopher Lloyd) et son frère adoptif (RZA), un cocktail à la main, une grenade dans l’autre ?
Si l’écriture de Derek Kolstad et d’Aaron Rabin en dévoile ainsi un peu plus du passé du nobody et de sa relation avec son épouse Becca (Connie Nielsen), force est de constater qu’elle préfère vite replonger dans une nouvelle baston explosive… mais sans véritable âme. On reste d’ailleurs frustré par ses quelques propositions, et surtout par l’écriture des personnages secondaires, dont celui de Connie Nielsen, qui semble sans cesse se contenir et rester dans l’ombre, ou celui de son fils, sur qui la violence de son père semble déteindre, mais sans approfondir l’idée. Que dire également des maigres partitions de Christopher Lloyd, planqué derrière ses lunettes de soleil du début à la fin, et de RZA, lesquels n’ont d’utilité que lors du climax final, malgré leur potentiel ? Finalement, "Nobody 2" n’apporte pas grand-chose à l’univers du personnage, et c’est bien dommage.
Être en vacances... et avoir besoin de (vraies) vacances
La surprise en moins, la fatigue en plus, "Nobody 2" ne retrouve ni le souffle ni la fureur effrontée de son aîné. Si l’on reconnaît ici et là, dans la mise en scène du réalisateur, quelques fulgurances dignes du nobody, pas de quoi justifier cette suite, nageant dans les mêmes eaux (usées) que son prédécesseur. Pire : l’intrigue tourne vite au vinaigre, opposant Hutch Mansell à un antagoniste censé être encore plus redoutable que les Russes - un méchant "démoniaque" interprété par une actrice dont la présence au casting avait été gardée secrète, et venue faire le show… malheureusement plus pathétique que sympathique. Le film n’offre finalement qu’un nouveau terrain de jeu à son antihéros désabusé, soit un complexe touristique peu ragoûtant, avec son parc aquatique et son palais des glaces. Bien que décidé au départ à une trêve avec la brutalité, Hutch le transformera - malgré lui - en un bain de sang, dans sa quête de "justice". Mais la violence du film, toujours aussi kitsch et ironique, s’avère moins inspirée, voire rouillée. Mais vu le peu d’engouement suscité jusqu’à présent par la sortie de ce sequel, la saga pourrait bien trouver la paix plus tôt que prévu...
