Genre : Thriller
Durée : 111’
Acteurs : Madelyn Cline, Sarah Pidgeon, Tyriq Withers, Jennifer Love Hewitt, Freddie Prinze Jr., Jonah Hauer-King, Billy Campbell...
Synopsis :
Cinq amis provoquent par inadvertance un accident de voiture, ils dissimulent le cadavre et font le pacte de garder le secret. Un an plus tard, ils apprennent que quelqu’un sait ce qu’ils ont fait l’été dernier... et est bien décidé à se venger. Alors que l’un après l’autre, les amis sont traqués par un tueur, ils découvrent que cela s’est déjà produit auparavant et se tournent vers deux survivants du légendaire massacre de Southport en 1997 pour obtenir de l’aide.
La critique de Julien
À l’égard de la saga "Scream", qui, grâce aux réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, s’est vue renaître de ses cendres avec un cinquième épisode méta (2022), suivi de "Scream VI" (2023), les slashers d’autrefois semblent avoir la cote. Alors qu’on attend "Scream 7" de Kevin Williamson pour février 2026, et qu’un reboot de "Urban Legend" (Jamie Blanks, 1998) ainsi que de "The Faculty" (Robert Rodriguez, 1998) sont en préparation, c’est désormais au tour de la saga "Souviens-toi... l’Été Dernier" – connue sous le titre "I Know What You Did Last Summer" – de revenir hanter les écrans de cinéma, basée sur le roman datant de 1973 de Lois Duncan. Souvenez-vous, justement, en 1997 : un groupe d’adolescents insouciants (joué par Jennifer Love Hewitt, Sarah Michelle Gellar, Ryan Phillippe ou encore Freddie Prinze Jr.) était responsable d’un accident sur une route côtière ayant causé la mort de quelqu’un, mais avait fait un pacte de silence, avant qu’un mystérieux tueur vêtu d’un ciré noir et armé d’un hameçon ne vienne réclamer vengeance, un an plus tard. Le film de Jim Gillespie (écrit par Kevin Williamson, encore lui) avait alors su marquer toute une génération, même si dans une moindre mesure par rapport à la franchise initiée en 1996 par Wes Craven (écrite évidemment par... Kevin Williamson pour les épisodes 1, 2, 4 et 7). Fort de son succès, il engendra une suite en 1998, puis un troisième volet directement sorti en DVD en 2006, avant de sombrer dans l’oubli – ou presque –, puisque la saga "Souviens-toi..." a connu en 2021 un détour (mortel) avec une série Amazon réalisée par Sara Goodman, mais dont on ne se souvenait déjà plus l’été suivant sa sortie, en plus d’être annulée après une saison. Mais voilà que le crochet s’aiguise à nouveau avec le sobrement intitulé "Souviens-toi... l’Été Dernier", faisant suite aux deux premiers volets, avec le retour de Jennifer Love Hewitt et Freddie Prinze Jr. à l’écran. Et à la manière de "Halloween" (David Gordon Green, 2018), le film semble vouloir renouer avec l’héritage original tout en l’inscrivant dans une modernité sanglante, histoire à la fois d’offrir du fan-service et de parler à une nouvelle génération, entre nostalgie et opportunisme. Une chose est certaine : le passé ne meurt jamais vraiment, et Hollywood l’a bien compris...
On reprend (presque) les mêmes, et on recommence (voire on copie-colle)
Après avoir travaillé sur deux films pour Netflix, c’est à la méconnue réalisatrice Jennifer Kaytin Robinson que cette suite a été confiée, elle dont l’intrigue reprend exactement les mêmes fondements que son modèle, soit le film de 1997. D’ailleurs, les événements se déroulent bien 27 ans après les meurtres de Southport, tout en ciblant un nouveau groupe de jeunes ayant également fait vœu de silence après avoir causé un accident et tué quelqu’un. Peu aidés par les forces de l’ordre après avoir étouffé l’affaire – étant donné que l’un des jeunes est le fils d’un riche promoteur immobilier ayant permis l’essor économique et touristique de Southport –, ceux-ci vont devoir affronter à leur tour un mystérieux tueur lié à leur secret. Or, celui-ci réveillera les fantômes sanglants du passé de Southport, auxquels ils vont justement faire appel. Rien de bien donc excitant sous le soleil portuaire de Caroline du Nord...
Retour(s) manqué(s)
Sans expédier la chose, Jennifer Kaytin Robinson et le coscénariste Sam Lansky – la trentaine bien avancée – semblent prendre un certain plaisir à retourner à Southport, tout en ayant réussi à rameuter deux des pionniers de la saga, à savoir Freddie Prinze Jr. et Jennifer Love Hewitt. Cette dernière ayant précisé qu’elle ne reviendrait pas juste pour faire de la figuration, cela vous laisse dès lors imaginer "l’importance" de son rôle. Mais portant les séquelles des événements passés, leurs personnages font sans cesse du surplace, eux qui ne parviennent pas véritablement à venir en aide aux cinq nouvelles victimes. Bref, ils font peine à voir ! Dommage dès lors que l’écriture ne leur ait pas réservé un meilleur accueil à Southport. Quant aux cinq nouvelles recrues, force est de constater qu’on est là face à un groupe de jeunes idiots hypersexualisés et agissant de manière totalement incohérente. Ainsi, plutôt que de rester groupés, ces derniers se séparent à la moindre occasion, histoire de faire quelques galipettes ou de foncer tête baissée vers le danger. Maniant quant à lui l’hameçon comme personne, le tueur en série ne serait-il pas également devin ? C’est bien ce qu’on est en droit de se demander, étant donné qu’il sait à chaque fois où se trouvent ses cibles... L’ensemble ne tient donc pas la route, et finit même par tomber dans le ravin. À la différence des protagonistes, on préfère, nous, vous le dire... histoire que vous ne veniez pas vous venger.
"La nostalgie, c’est pour les vieux !"
Les amateurs du genre et la génération Z risquent, eux, de ne pas apprécier ce flashback forcé, et insipide. En effet, les différents massacres n’offrent rien de bien inspiré en matière de mise en scène, si ce n’est sans doute plus de sang que dans les précédents volets. Pour la tension, c’est encore plus problématique, puisque c’est un zéro pointé, alors que le montage de Saira Haider ne procure jamais le moindre frisson. Enfin, le dénouement, aussi risible et décevant soit-il, prouve qu’il ne servait définitivement à rien de réveiller les fantômes du passé. Autrement dit, c’est uniquement pour la dose de nostalgie qu’il procure et pour ses clins d’œil au matériau originel que ce legacyquel se laisse regarder, réservant quelques surprises bienvenues aux fans. Restez donc bien assis durant le générique (si vous en avez le courage), puisque "ce n’est pas fini". Sauf que pour cela, il faudrait que le film soit profitable à son studio. Or, à l’heure d’écrire ces lignes, "Souviens-toi... l’Été Dernier" n’a engrangé "que" 48 millions de dollars dans le monde (dont 26 à domicile), pour un budget de 18 millions hors marketing. On est donc loin du raz-de-marée attendu. Bref : un été de trop. Et un souvenir qu’on aurait préféré oublier.
