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Thierry Michel et Christine Pireaux
L’acier a coulé dans nos veines
Sortie le 22 janvier 2025
Article mis en ligne le 2 février 2025

par Delphine Freyssinet

Synopsis : Octobre 2013, le patron indien Arcelor Mittal annonce la fermeture définitive de la sidérurgie liégeoise et licencie des milliers de travailleurs. C’est l’histoire de ces travailleurs, leurs destins rythmés par les trois pauses de travail, qui ont parfois brisé les familles, mais aussi créé des solidarités exceptionnelles et de nombreux engagements militants. C’est l’histoire d’un travail dur, dans le bruit, la poussière, la fumée, la chaleur des hauts fourneaux, le froid glacial l’hiver. C’est l’histoire de la lente mise à mort de la sidérurgie européenne pour cause de rentabilité et de mondialisation. C’est l’histoire sociale rythmée par de grandes grèves historiques. C’est la fin d’une épopée industrielle de deux siècles qui a fait la prospérité de la Wallonie et d’autres régions européennes.

Un film de

Point particulier :

  • Prix du meilleur documentaire au Ramdam Festival 2025 à Tournai

Beaucoup voient les hauts fourneaux comme un monstre d’acier, Pierre Machiroux, lui, les compare à un être vivant, qui respire, qui digère ce qu’on lui donne.

Et lui, ainsi que tous ses camarades métallos leur ont tout donné à ces hauts fourneaux, leur muscles, leur sueur, leurs larmes aussi, leur vie tout court, pour certains.

La plupart ont sacrifié leur vie de famille pour que ces géants d’acier qui ne dormaient jamais, continuent de tourner. Mais les monstres sont à terre, le dernier haut fourneau le HF6 a été démantelé il y a 7 ans dans le bassin liégeois.

La sidérurgie a été l’un des fleurons de la Wallonie, faisant de la Belgique la 4ème puissance mondiale industrielle au début du 20ème siècle.

C’est important de s’en souvenir.

Et c’est justement ce que nous invitent à faire Thierry Michel et Christine Pireaux, grâce à leur documentaire “l’acier a coulé dans nos veines”, qui retrace ce que fut cette aventure de la sidérurgie en bassin liégeois, à travers des témoignages personnels et des archives inédites sur 50 ans.

Des prémices avec John Cockerill jusqu’à la mise à mort définitive du dernier haut fourneau en 2016 par Arcelor Mittal, c’est toute une épopée humaine qui est décortiquée, dans l’acier et les larmes amères de l’abandon et la désillusion.

C’est une véritable épopée que le duo nous fait revivre : des passions, des espoirs, des batailles, des défaites et des désillusions amères.

Il y a un côté très lyrique quand on voit l’acier, les flammes - on ressent la chaleur et le vacarme - qui contraste avec le côté sobre des cadrages de ces hommes qui témoignent en toute confiance, dignement et avec émotion.
Leurs témoignages nous font comprendre à quel point c’est un boulot de forçat de “sous la terre” : il faut apprendre à respirer les gaz, la poussière, c’est bruyant, c’est dur physiquement, les accidents sont légion…le corps morfle.

Il y a aussi de la poésie dans les mots de Lino, qui décrit la tôle, l’acier, les couleurs intenses crachées.

Et l’émotion, digne.
A la destruction du haut fourneau, vécue comme un enterrement par les ouvriers, succède à l’image l’enterrement d’Alain Vigneron 45 ans, responsable de production au laminoir de Chertal, qui s’est suicidé en 2013, laissant une lettre à Mittal.

Un documentaire qui est aussi un appel à la résistance, à la révolte : il reste encore des combats à mener pour ne pas se faire broyer par la seule logique du profit, qui ne profite bien souvent qu’à une infime partie.



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