Synopsis : Pierre, cheminot veuf, élève seul ses deux fils. Louis, le cadet, réussit brillamment ses études et avance facilement dans la vie. Fus, l’aîné, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d’extrême-droite, à l’opposé des valeurs de son père. Pierre assiste impuissant à l’emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l’amour cède la place à l’incompréhension.
Casting : Vincent Lindon (Pierre), Benjamin Voisin (Fus), Stephan Crépon (Louis), Sophie Guillemin (Cathy), Arnaud Rebotini (Bernard), Edouard Sulpice (Jérémy)
Points particuliers :
- Prix d’interprétation à la Mostra de Venise 2024 pour Vincent Lindon
- Adapté du roman “Ce qu’il faut de la nuit” de Laurent Petitmangin
- Benjamin Voisin et Stephan Crepon ont vécu en colocation, ceci explique leur complicité “fraternelle”
"Arrête de dire “t’inquiète”. Je m’inquiète c’est comme ça et c’est pour la vie”. Quel parent ne se reconnaît pas dans cette simple phrase ?
En père présent, mais peu à peu dépassé, qui a donné le même amour, la même éducation à ses deux fils, qui accompagne Fus au foot, en étant son plus fervent supporter, qui soutient et accompagne Louis à Paris où il entend faire ses études, tout en assurant son travail à la SNCF de nuit (il supervise l’entretien des caténaires) Vincent Lindon est absolument formidable, bouleversant, aussi pétri d’humanité et de doutes que son personnage dans “La loi du marché”. Et ça lui va tellement bien !
Un père qui ne sait pas comment gérer la honte, l’incompréhension et l’impuissance de voir son fils tourner faf, lui qui répète à l’envi des phrases toutes faites comme "les immigrés qui sont déjà là, ça va, mais faut qu’ils soient sages".
Une phase feulée, crachée par un Benjamin Voisin impeccable de frustration, de complexe d’infériorité et buté dans ses convictions, qui peine à trouver sa place dans un avenir qu’il a du mal à envisager.
Et puis, elle est très touchante cette relation entre les deux frères, qui se soutiennent malgré leurs parcours opposés. Stephan Crépon incarne parfaitement ce petit frère destiné à un brillant avenir.
Les scènes de la vie quotidienne de cette famille sont particulièrement réussies. L’escalier de la maison qui distribue et relie la famille devient symboliquement un “mur” entre eux, au fur et à mesure que l’amertume, le ressentiment et la colère s’installent.
Il y a quelques longueurs, quelques scènes un poil surlignées, mais franchement, on se laisse totalement embarquer par ce film qui pointe les mécanismes de dérive vers l’extrême droite et l’émergence du masculinisme, tout en posant ces questions qui hantent -normalement - tout parent : Qu’ai-je raté pour que mon fils parte à la dérive, à mille lieues des valeurs que je lui ai inculquées ?
Continue-t-on d’aimer ses enfants même quand ils commettent le pire ?