Genre : Comédie dramatique
Durée : 90’
Acteurs : Kieran Culkin, Jesse Eisenberg, Will Sharpe, Jennifer Grey, Kurt Egyiawan...
Synopsis :
Deux cousins aux caractères diamétralement opposés - David et Benji - se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien-aimée. Leur odyssée va prendre une tournure inattendue lorsque les vieilles tensions de ce duo improbable vont refaire surface avec, en toile de fond, l’histoire de leur famille...
La critique de Julien
Vous connaissez très certainement Jesse Eisenberg l’acteur, lui qu’on a pu voir dans les rôles principaux des films "Insaisissables" (Louis Leterrier, 2013) et sa suite (Jon Chu, 2016), mais également dans "Bienvenue à Zombieland" et sa suite (Ruben Fleischer, 2009 et 2019), ou encore dans la peau de Mark Zuckerberg dans le biopic "The Social Network" (David Fincher, 2010), tandis qu’il s’est également illustré dans l’univers cinématographique DC en Lex Luthor, chez Zack Snyder (2016)... Également dramaturge et écrivain, Jesse Eisenberg s’est aussi lancé dans la réalisation avec la sortie de son premier métrage (inédit chez nous) "When You Finish Saving the World" (2022). Ce dernier signe d’ailleurs ici son second effort, avec "A Real Pain". Tout juste auréolé du Golden Globes du meilleur acteur dans un second rôle pour l’acteur Kieran Culkin, vu quant à lui dans la série "Succession" (2018-2023), et qui n’est autre que le frère cadet de l’ex-enfant star Macaulay Culkin, ce drame suit deux cousins éloignés - mais autrefois très proches - voyager dans le cadre d’un circuit touristique organisé sur l’Holocauste, l’occasion, d’une part, de retourner sur les traces de leur défunte grand-mère hassidique et, d’autre part, de se retrouver après une année compliquée...
Écrit par Jesse Eisenberg lui-même, ce road-movie n’a pas l’étoffe d’un grand film, mais en a, par contre, la sincérité. L’acteur et réalisateur nous parle dès lors ici avec beaucoup de retenue du complexe lien d’admiration et de ressentiment qu’on peut ressentir à l’égard d’une même personne, en qui on avait d’autant plus placé de grands espoirs. Car ici, Benji (Culkin) reproche à David (Eisenberg) d’avoir perdu sa passion et sa spontanéité depuis qu’il est devenu père, et mari, tandis que ce dernier en veut à Benji de vagabonder dans sa vie, et cela malgré l’aura qu’il dégage, lui qui "éclaire toute pièce qu’il pénètre". Or, Benji ne parvient justement pas à se remettre du décès de leur grand-mère. Si les deux cousins faisaient dès lors les quatre cents coups à New York lorsqu’ils étaient plus jeunes, la vie les a depuis fait prendre des chemins bien différents...
"A Real Pain" n’est donc pas tant un film qui rend hommage aux victimes de l’Holocauste, les décors de la ville de Lublin, en Pologne, ou du camp de concentration et d’extermination nazi de Majdanek, servant avant tout ici à témoigner de peines plus actuelles, face au trauma historique, telles que l’anxiété et la dépression. À cet égard, Kieran Culkin n’a pas volé son Golden Globes, et nous offre une performance habitée par la maladie mentale, que l’on devine sous la carapace que s’est forgée son personnage afin d’affronter le monde. Son seul regard, dans le vide ou en train de contempler les vacanciers dans un aéroport, en dit long sur sa condition et son désarroi. Dommage cependant que l’écriture du film ne prenne pas davantage le temps pour approfondir ses sujets, la faute aussi au principe du road-trip, passant sans cesse d’un lieu à l’autre, malgré l’authenticité de la démarche de Jesse Eisenberg, lui qui a été élevé dans une famille juive laïque, et dont les ancêtres ashkénazes venaient de la Pologne et de l’Ukraine. Sa mise en scène, sans véritable dynamique, manque dès lors d’éclats, tandis que l’omniprésence excessive de la partition musicale du pianiste classique israélo-canadien Tzvi Erez, reprenant de très célèbres pièces de piano écrites par Chopin, finit par plomber le voyage.