Genre : Comédie, romance
Durée : 85’
Acteurs : Pio Marmaï, Eye Haïdara, José Garcia, Victor Pontecorvo...
Synopsis :
Elle est officier de sous-marin tactique. Il est steward. Ils se rencontrent lors d’une escale. Mais leur aventure naissante doit subitement s’interrompre. Et le voilà qui s’accroche ! Qui la suit ! Qui la colle ! Comme si on avait le temps d’être amoureuse à bord d’un bâtiment militaire ! Reste que l’océan Pacifique n’est pas assez grand pour le décourager. L’océan Arctique non plus d’ailleurs. Le monde est si petit quand on s’aime d’un si grand amour...
La critique de Julien
Second film du cinéaste français Lucas Bernard après "Un Beau Voyou" (2018), "À Toute Allure" porte très bien son titre, et voit Marco (Pio Marmaï), un steward fantasque et impulsif, s’éprendre pour Marianne (Eye Haïdara), une officière de sous-marin tactique, elle qui est autoritaire, indépendante et pourtant terriblement seule, et cela après le hasard d’une escale commune dans les îles de Polynésie, après une tempête. Sauf que le premier va la suivre sur son lieu de travail, tout en ne se rendant compte, qu’une fois en face-à-face avec des ogives nucléaires, de l’endroit où il est vraiment, et sans que son coup de foudre ne le sache encore !
On ne peut pas dire que le second film de Lucas Bernard ne manque pas de singularité, lui qui bouscule ici le cadre spatial de la comédie romantique habituelle, étant donné que la sienne se déroule aussi bien à l’intérieur d’un sous-marin, qu’en Arctique. Or, étant donné le premier des deux lieux, il fallait bien au cinéaste des idées de mise en scène venant quelque peu rythmer la vie dans un tel endroit confiné, où la lumière du jour ne pénètre pas. Or, "À Toute Allure" s’avère rythmé d’un bout à l’autre, lui dont l’intrigue est toujours en mouvement, ou alors portée par des acteurs (sans doute trop) généreux, qui infusent dès lors cette énergie, tandis que les dialogues ciselés et en cascade y sont également pour quelque chose. Mais ce sont aussi des scènes complètement loufoques et inattendues qui permettent au métrage de ne pas sombrer dans la convention, et de sortir ainsi la tête hors de l’eau, en témoigne une scène de comédie musicale, ou encore une boum avec des sous-mariniers en caleçon. Oui, vous avez bien lu !
Lucas Bernard s’amuse donc, et ose beaucoup de choses, mais vient brouiller les pistes de sa comédie romantique, à trop vouloir s’éparpiller ou nous interpeller, elle qui peine ainsi à exister au sein de ces quelques décors originaux. Faisant de plus usage de l’ellipse, le cinéaste tente alors de maintenir à flot l’attraction en ses personnages principaux, sans forcément y parvenir, eux qui ont d’autant plus de mal à dialoguer (lorsque l’intrigue leur permet), tout en ne sachant pas encore qu’ils s’aiment. Or, comme on dit, l’amour commence toujours par une dispute ! Or, ce n’est qu’une fois leur retour sur terre que deux-là vont être confrontés à leurs véritables sentiments, Marco se voilant la face en répétant qu’il ne prend jamais de vacances, et Marianne étant plus à l’aise dans un sous-marin que sur le plancher des vaches...
"À Toute Allure" dynamite donc le paysage de la comédie romantique telle qu’on la conçoit, inspiré ici par le cinéma de De Broca et de Spielberg, lui qui bénéfice d’ailleurs d’un budget de production assez conséquent (il fallait bien réussir à nous faire croire aux lieux visités !). Décalé, le film de Lucas Bernard fonce ainsi à toute allure, et cela parfois on ne sait où (au regard de son action), mais tout de même vers une destination finale que l’on devine assez vite quant à son irrésistible et invraisemblable romance, envers laquelle on aurait cependant aimé davantage de profondeur. Le comble pour un film se déroulant - en partie - dans un sous-marin !