Genre : Horreur
Durée : 125’
Acteurs : Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jason Patric, Bryce Johnson, Elliott Fullam...
Synopsis :
Après avoir survécu au massacre d’Halloween perpétré par Art Le Clown, Sienna et son frère tentent de reconstruire leur vie. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, ils s’efforcent de laisser derrière eux les horreurs passées. Mais au moment où ils se croyaient enfin à l’abri, Art refait surface, bien décidé à transformer Noël en un véritable cauchemar.
La critique de Julien
Produit pour 250 000 dollars, "Terrifier 2" de Damien Leone avait amassé lors de sa sortie il y a deux ans de cela pas moins de 15,7 millions de dollars à travers le monde, lequel s’était d’ailleurs invité dans les salles belges le temps de quelques séances, bénéficiant ainsi d’un visa d’exploitation exceptionnel. Remboursé plus de 62 fois, le succès surprise du film en avait dès lors surpris plus d’un, à commencer par son metteur en scène, Damien Leone. Nous avions, quant à nous, sur Cinécure, consacré une critique (à découvrir ici) sur ce second volet, dans lequel nous parlions aussi de la genèse du projet et du personnage d’Art le Clown, ainsi que du premier volet. Si vous comptez donc découvrir cet univers pour la première fois avec ce troisième volet, alors cet article devrait vous permettre d’acquérir les bases nécessaires pour y voir plus clair dans ce bain de sang. "Terrifier 3" débarque ainsi dans nos salles, fort de l’attention que les médias lui prêtent depuis plusieurs semaines, étant donné sa classification "interdit aux moins de 18 ans" en France" (ce qui n’était plus arrivé là-bas depuis la sortie de "Saw III" de Darren Lynn Bousman en 2006). Là-bas, le film a déjà attiré la curiosité de plus de 400 000 spectateurs (là où "Terrifier 2" s’était arrêté à 70 000 entrées), prouvant ainsi que cette classification, pourtant déplorée au départ par le distributeur du film ESC Editions, a produit l’effet inverse à celui qu’il redoutait...
Le succès est donc total pour ce troisième volet, alors qu’Art le Clown était encore un parfait inconnu il y a encore quelques mois de cela de ce côté de l’Atlantique, ou alors seulement connu par les amateurs d’horreur hardcore, bien que les récentes ventes de DVD et de Blu-ray ne trompaient pas sur l’engouement suscité par cette nouvelle franchise (vieille pourtant de huit années, voire quinze si l’on remonte à la première apparition du personnage). Alors que le film a déjà amassé plus de 55 millions de dollars dans le monde - à l’heure où nous écrivons ces lignes - pour un budget de production de 2 millions (8 fois donc supérieur à son aîné, mais il pouvait se le permettre), "Terrifier 3" a donc officiellement trouvé chez nous un distributeur, soit O’Brother Distribution. Et on applaudit cette décision, permettant au public de découvrir quelque chose de différent, lequel devrait lui profiter, et devenir, avec certitude, l’un de ses plus gros succès, certes déconseillé chez nous aux moins de 18 ans, mais pas interdit. Qu’importe, puisqu’on sait aujourd’hui que l’ultra-violence du film et son côté gore attirent plus qu’autre chose, tels que de vrais atouts de charme marketing... Dommage seulement que le contenu à proprement parler du métrage, lui, n’ait que cela à proposer...
Leone poursuit dès lors ici la mythologie démoniaque de son œuvre, reprenant aussitôt après les événements du précédent film, alors que Sienna Shaw (LaVera) avait décapité - grâce à l’épée héritée de son père (dessinateur) - le corps d’Art, et que la survivante défigurée du premier film, Victoria Heyes (Samantha Scaffidi), elle, se retrouvait hantée par le fantôme de la Petite Fille Pâle (la première victime d’Art), depuis l’asile du comté de Miles, tout en y donnant naissance à la propre tête d’Art. Désormais nouveaux partenaires de crime, les deux acolytes entreront dès lors ici en hibernation en attendant la sortie de clinique de Sienna, internée dans un hôpital psychiatrique...
Si l’on pouvait faire état d’une quelconque excitation lors de la sortie en salles de "Terrifier 2", notamment pour la découverte de son (nouvel) univers horrifique, force est de constater que celle-ci est déjà retombée comme un soufflé, et cela malgré la communication faite autour de ce troisième film, et de son indéniable succès commercial. Car malheureusement, Damien Leone n’a pas appris de ses erreurs, et nous offre là de la boucherie pour de la boucherie. Le cinéaste s’avère, en effet, incapable de contrôler ses pulsions de cinéaste - faut-il croire - assoiffé de sang. Dès lors, toutes les scènes gores paraissent ici bien artificielles, en plus de reposer sur des effets pratiques assez bas de gamme (marionnettes à taille humaine, prothèses, maquillage abondant, etc.), bien qu’il s’agisse là du sel de la saga, soit sa surenchère sanguinolente, amplifiée par un insoutenable travail du son, l’ensemble venant, on le rappelle, du splatter fauché et très indépendant (le premier film n’avait coûté "que" 35 000 dollars). Certes, quelques moments sortent du lot (tel que celui de la douche), mais Art le Clown en fait délibérément de trop, ce qu’on lui reprochait déjà dans le précédent métrage...
Dans la peau dudit clown, David Howard Thornton est, par contre, toujours aussi exceptionnel de mimiques et de grimaces, muet comme une tombe, et de surcroît très inquiétant, bien qu’un peu en avance avec son costume de Père Noël, l’intrigue se déroulant, en effet, durant les fêtes de fin d’année. À l’inverse, Lauren LaVera est de moins en moins convaincante dans la peau de l’héroïne de prime abord badass, mais laquelle est, tout le long du film, prise ici pour une folle, dont par sa tante Jess (Margaret Anne Florence) et son époux Greg (Bryce Johnson), la logeant, bien qu’elle soit idolâtrée par sa petite et curieuse cousine Gabbie (Antonella Rose). Quant à son frère, Jonathan (Elliott Fullam), désormais à l’université, il tente de la fuir, histoire de passer à autre chose... Et on risque rapidement d’en faire de même au vu de la bêtise abyssale que représente ce film, certes assumé, mais à la fois trop sérieux dans son écriture horrifique et excessivement sadique façon grand-guignol que pour véritablement amuser, ou tout simplement terrifier. Rangez donc l’épée et la tronçonneuse ; il n’y a rien à voir. Sauf si la vision d’un clown sadique faisant le papillon dans une mare de sang après avoir commis des crimes atrocement tordus vous attire. Mais on n’en voit pas l’intérêt...