Genre : Drame, thriller
Durée : 120’
Acteurs : Juan Daniel García Treviño, Ester Expósito, Bárbara Mori...
Synopsis :
Dans une petite ville du Mexique, Emiliano recherche les responsables de la disparition de sa mère. Activiste écologiste, elle s’opposait à l’industrie minière locale. Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, ses recherches le mènent à la riche famille Aldama.
La critique de Julien
Sept ans après son précédent et étrange film "La Région Sauvage (La Región Salvaje)", le réalisateur mexicain Amat Escalante revient au cinéma avec "Perdidos en la Noche", présenté l’année dernière à la section "Cannes Première" lors du Festival de Cannes. C’est donc sur le tard que nous découvrons enfin cette coproduction internationale (entre le Mexique, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark), et dans laquelle un garçon modeste de vingt ans, Emiliano (Juan Daniel García Treviño), issu d’une petite communauté rurale mexicaine, va tenter de retrouver sa mère disparue, sans avoir laissé de traces...
L’intrigue débute alors par l’enlèvement de Paloma (Vicky Araico), une activiste et journaliste dénonçant les injustices et les abus de pouvoir dans la région, liés ici à l’industrie minière locale. Puis, trois ans plus tard, un concours de circonstances mènera son fils et sa petite copine (Mafer Osio) jusqu’à la résidence d’été de la riche, influente et excentrique famille Aldama, dirigée par l’éminente matriarche et artiste Carmen Aldama (Barbara Mori), qui pourrait bien être impliquée dans ladite disparition. Sa quête de réponses et de justice confrontera alors Emiliano à un réseau de corruption et du crime organisé, ainsi qu’aux injustices sociales contemporaines qui sévissent au Mexique, entre répressions, secrets, mensonges et vengeance personnelle.
Réaliste dans sa mise en scène, au contraire de celle de son précédent film, Amat Escalante nous immerge dans un drame et thriller dans lequel un jeune homme résilient va dangereusement investiguer afin de découvrir la vérité, et d’honorer la mémoire de sa mère. Mais "Perdidos en la Noche" met du temps à démarrer, et surtout à nous faire ressentir une quelconque tension, le scénario du film étant largement occupé à installer durant un large moment le quotidien de son personnage principal, avant d’entrer enfin dans le vif du sujet. Alors certes, les dessous de l’enquête ne sont guère réjouissants vis-à-vis de ce qu’ils disent de vrai de la société mexicaine, mais le fait que l’écriture se centre sur une famille aisée et dysfonctionnelle, aux tares sociales et psychologiques défaillantes et aux responsabilités non assumées, ne convainc alors qu’à moitié, laquelle paraît parfois caricaturale, d’autant plus au regard des retournements de situation assez grandiloquents en son sein. Le combat d’Emiliano se disperse également dans différentes sous-intrigues, dont une lutte des classes, une idylle amoureuse impossible, une douloureuse relation frère et sœur, ou encore une critique du voyeurisme morbide des réseaux sociaux et de la course au moindre "like". Dès lors, Amat Escalante finit par perdre, à son tour, le spectateur dans la nuit...