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Osgood Perkins
Longlegs
Sortie du film le 10 juillet 2024
Article mis en ligne le 13 juillet 2024

par Julien Brnl

Genre : Horreur

Durée : 101’

Acteurs : Maika Monroe, Nicolas Cage, Alicia Witt, Blair Underwood, Dakota Daulby...

Synopsis :
L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes....

La critique de Julien

Annoncé comme LA nouvelle sensation horrifique de l’année, précédée d’une certaine renommée tout en étant aidée par une campagne promotionnelle cryptique aux visuels alléchants, "Longlegs" débarque enfin dans les salles très obscures. Et contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il ne s’agit aucunement là d’un premier film, mais bien de la quatrième réalisation d’Osgood "Oz" Perkins après "Hansel and Gretel" (2020), lui qui n’est autre que le fils aîné de l’acteur Anthony Perkins, notamment vu dans le rôle de Norman Bates dans le film "Psychose" (1960) d’Alfred Hitchcock et ses suites (il a d’ailleurs réalisé le troisième volet en 1986), tandis qu’Oz a lui-même joué son père à l’âge de douze ans dans Psychose II (de Richard Franklin, 1983). Alors que le prochain film d’Oz Perkins "The Monkey", adapté de la nouvelle de Stephen King de 1980, est déjà en postproduction et sortira l’année prochaine, c’est donc avec énormément d’impatience, et même de "hype" qu’on attendait la sortie de "Longlegs", coproduit par Nicolas Cage via sa société de production Saturn Films. L’acteur y promettait d’ailleurs une interprétation tétanisante dans la peau d’un tueur en série occultiste, alors traqué par une agente du FBI nouvellement recrutée, et au passé trouble, interprétée quant à elle par Maika Monroe, laquelle a percé grâce à son rôle dans le "It Follows" (2015) de David Robert Mitchell, elle qui reviendra dans sa suite, "They Follows", actuellement en préproduction. Dès lors, "Longlegs" tient-il ses promesses, et est-il ainsi à la hauteur des attentes ?

Étrangement divisé en trois parties sans que cela ne soit effectif, le film débute en 1970, alors qu’une petite fille de bientôt 9 ans s’amuse à prendre des photos avec son Polaroid, laquelle suivra une voix mystérieuse, avant d’être approchée par un homme erratique drôlement vêtu, et dont on ne verra que le menton, tout en devinant son visage pâle et blanc, lequel mentionnera alors à la petite fille que c’est presque son anniversaire... Puis, générique d’ouverture ! Et quel générique... Autant dire que Oz Perkins fait honneur à la campagne promotionnelle du film jouant sur des affiches énigmatiques aux écritures noires sur fond rouge, tandis que la musique du musicien Zilgi, envoûtante et aux chœurs inquiétants, nous dresse les poils. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir là une tentative de surfer sur la vague des néo-cinéastes de l’horreur, installant une ambiance pesante et oppressante dans leurs métrages. Alors certes, Oz Perkins y parvient à son tour, mais au prix de quelle originalité ?

Oui, "Longlegs" s’inscrit dubitativement sur les traces suspectes du "Silence des Agneaux" (1991) de Jonathan Demme, étant donné, d’une part, son écriture et, d’autre part, certains de ses plans, tandis que Lee Harker (Maika Monroe), nouvelle agente quelque peu insociable, est recrutée par le FBI pour ses talents de clairvoyance, et cela afin de travailler sur une affaire sordide qui dure depuis des décennies, et qui porte sur une série de meurtres-suicides brutaux visant des familles. Nous sommes alors dans les années 1990 (en témoigne la photo du Président des États-Unis Bill Clinton dans les bureaux du FBI), et sur chaque scène de crime est alors laissée une lettre au code satanique, signée "Longlegs", sans pour autant qu’il y ait de trace d’effraction médico-légale d’une tierce personne sur les lieux. Au fur et à mesure de l’enquête partagée avec son supérieur Carter (Blair Underwood), Harker éclaircira alors, tant bien que mal, cette affaire bien sombre, aux curieuses similitudes, ainsi qu’aux frontières du réelle, et autre gloire à Satan...

Pesante et glauque, la mise en scène d’Oz Perkins ne manque pas de charme quand il est question d’installer un climat anxiogène. Par contre, le cinéaste peine à maintenir à flot son entreprise, étant donné de grosses longueurs faisant sans cesse retomber la tension. Heureusement, le réalisateur ne tombe pas dans la facilité des jump-scares, tandis qu’il a le souci du cadrage et du détail. L’intrigue, elle, entre enquête policière, culte satanique, poupées effrayantes, pacte faustien avec le Diable et autre nonne, joue quelque peu sur tous les fronts actuels du cinéma de l’horreur, sans que le film parvienne malheureusement à s’y faire sa propre place. De plus, on peine à comprendre les dessus de ces meurtres, tandis que les indices ésotériques nous échappent, au contraire de son personnage principal. Sauf que le caractère de Maika Monroe n’évolue ici que bien peu, tout en étant extrêmement taiseux. Quand bien même ainsi elle semble saisir le jeu auquel s’adonne ledit Longlegs, c’est fort tard dans le déroulé de l’histoire qu’on en comprend les mystères. Et autant dire que, pour le coup, Perkins ne laisse plus aucune place à ceux-ci, étant donné des révélations finales on ne peut plus claires, sous forme d’un flash-back raconté avec une voix-off... Or, si son efficacité est maximale, jouissive, et ravira les amateurs du surnaturel, on aurait aimé en apprécier crescendo les fondements, distillés idéalement au sein de l’intrigue, au lieu qu’ils nous soient servis sur un plat très chaud, et qui brûle les doigts...

Si "Longlegs" était attendu au tournant, c’était évidemment pour son enjeu crucial en la personne du seul et unique Nicolas Cage, grimé ici au possible dans la peau d’un tueur démoniaque et complètement barré, au rire possédé et aux folles interventions, alors au service de "l’Homme d’en bas". S’il n’apparaît finalement que bien peu à l’écran, chacune de ses apparitions ravive dès notre intérêt, et offre un atout majeur au film d’Oz Perkins. Ainsi, malgré les méandres de son écriture peu consistante, ses maladresses et tentatives usurpatoires, le metteur en scène nous offre certainement là son film le plus réussi, et à l’atmosphère la plus aboutie, bien que mollassonne sur la longueur. Certes, Ozgood Perkins a eu les jambes bien longues, mais son film, diabolique, sans parvenir à la maestria malaisante des œuvres de ses modèles Ari Aster ou Robert Eggers, a de quoi nécessiter le coup d’œil, et s’inscrit parmi les plutôt bonnes surprises de l’année, sans lui en demander de trop.



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