Genre : Thriller, science-fiction
Durée : 90’
Acteurs : Emilie Dequenne, Andreas Pietschmann, Lucas Ebel, Lisa Delamar, Arben Bajraktaraj...
Synopsis :
Une catastrophe bouleverse la planète : les pôles magnétiques de la Terre se sont inversés. Les océans ont anéanti les continents, laissant derrière eux un vaste désert. Dans ce monde ravagé, une famille doit lutter pour sa survie. Quand les pôles s’inverseront à nouveau, il sera trop tard.
La critique de Julien
Dès l’ouverture de son générique, le ton est donné, puisqu’on y voit apparaître sur fond blanc le slogan suivant : "La Terre a connu depuis le début de son existence cinq extinctions massives. La sixième commence". Après avoir réalisé des épisodes des séries télévisées "Engrenages" (2014-2020) ou "Braquo" (2014), Frédéric Jardin revient donc au cinéma avec "Survivre", un thriller de science-fiction dans lequel Émilie Dequenne et les membres de sa famille fictive franco-américaine se font poursuivre par des arthropodes abyssaux affamés, et cela après que les pôles magnétiques de la Terre se soient inversés. En d’autres termes, alors que la famille faisait du bateau au large de Porto Rico, l’eau des mers et des océans s’est déplacée là où il y avait la terre, et inversement. Ainsi, après moult perturbations la veille au soir, comme des satellites qui tombaient du ciel, des baleines désorientées, ou encore des courants agités, c’est donc dans un désert, et en réalité sur le plancher océanique, que cette mère médecin, ce père océanographe et leurs deux adolescents se sont réveillés. Et ils ont intérêt à rapidement regagner la terre (vraiment) ferme avant que l’eau ne revienne à son point de départ...
Après avoir réalisé le 2011 "Nuit Blanche" (lequel a d’ailleurs connu six ans plus tard un remake américain intitulé "Sleepless" avec Jamie Foxx en tête d’affiche), dans lequel un flic (Tomer Sisley) devait sauver son fils des mains de trafiquants après avoir dérobé leur cocaïne, c’est donc aujourd’hui au tour de notre compatriote Émilie Dequenne de vivre une expérience extrême, et de sauver ses enfants avec une force insoupçonnée, dans ce film de genre inspiré par les films "Calme Blanc" (Phillip Noyce, 1989) et "Walkabout" (Nicolas Roeg, 1971). Divisé en trois parties, à savoir les dérèglements, l’adaptation et la course-poursuite, "Survivre" se vit alors tel un huis clos à ciel ouvert, tout en empruntant aux codes du thriller. Sauf que le film de Frédéric Jardin, trop sérieux, tourne rapidement en série B pas du tout assumée, avec des sursauts de violences impromptus, et une écriture aux gros sabots nécessitant toute suspension consentie de l’incrédulité. Le jeu des acteurs et les réactions excessives et improbables de leurs personnages, sans oublier une grosse musique apocalyptique bien grasse et parachutée en arrière-plan de l’action, sans jamais être au service de la tension (quant à elle aux abonnés absents), n’aident pas non plus à nous immerger et à nous faire croire en cette intrigue bancale et finalement assez peu empathique, au regard de son final, alors que la survie ne fait que commencer pour ses personnages, dès lors abandonnés...
Tourné en seulement 20 jours, dont au Maroc en décors réels à Boumalne-Dadès, "Survivre" profite pourtant astucieusement de son plutôt mince budget de production (au regard de celui de films du genre), lequel s’en sort avec les honneurs lorsqu’il est question de nous montrer quelques visions chaotiques des conséquences de son dérèglement. Quelques images sortent dès lors du lot, et parviennent à nous faire oublier - par moments - le manque de moyens de cette production. Dommage ainsi que celle-ci ne tient considérablement pas la route, faute d’un scénario invraisemblable, qui peine de plus à susciter notre imagination. Quant à Émilie Dequenne, elle convainc dans un rôle à contre-emploi (au contraire de ses partenaires de jeu), surtout dans ses moments de répit, où l’émotion prend le pas sur la peur viscérale (du moins la concernant). L’actrice, malade sans le savoir lors du tournage du film, prend ici des risques, et s’y donne, et transparaît, déjà là, une incroyable force de vie qui lui colle à la peau. Mais cela ne suffit malheureusement pas à sauver "Survivre" de la noyade insondable...