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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Jeff Nichols
The Bikeriders
Sortie du film le 19 juin 2024
Article mis en ligne le 21 juin 2024

par Julien Brnl

Genre : Policier, drame

Durée : 116’

Acteurs : Jodie Comer, Austin Butler, Tom Hardy, Mike Faist, Damon Herriman...

Synopsis :
Dans les années 1960, l’ascension d’un club de motards fictif du Midwest vu à travers la vie de ses membres passant d’un lieu de rassemblement pour les marginaux locaux à un gang plus dangereux.

La critique de Julien

Lâché fin d’année dernière par son distributeur d’origine, à savoir 20th Century Studios, "The Bikeriders" devait initialement sortir le 1er décembre dernier aux États-Unis. Sauf que ces studios, appartenant à Disney, n’ont pas eu le temps d’en assurer la promotion, étant donné la grève SAG-AFTRA, d’où le fait qu’ils aient peut-être retourné leur veste, et retiré de leur calendrier la sortie du film de Jeff Nichols. New Regency, la société qui a produit le long métrage, a dès lors lancé un appel à candidatures pour le distribuer, celui-ci ayant été entendu en moins de vingt-quatre heures, par Universal Pictures, lequel l’a donc récupéré. Et on a d’autant plus de chance de le découvrir au cinéma, lui et son casting quatre étoiles, étant donné que les derniers films du cinéaste Jeff Nichols, "Midnight Special" (2016) et "Loving" (2017), n’avaient pas trouvé de distributeur chez nous...

Librement inspiré du livre photo du même nom datant de 1967 du photographe Danny Lyon, lequel illustrait la vie des Outlaws Motorcycle Club, soit un club de motards fondé trois décennies plus tôt à McCook, dans l’Illinois, "The Bikeriders" nous emmène donc dans les années 1960, à la rencontre des Vandals, un club fictif de motards marginaux de Chicago, lequel est mené par le père de famille Johnny Davis (Tom Hardy), alors en quête d’un successeur, et cela peut-être en la personne de l’insaisissable Benny (Austin Butler), lequel est une tête brûlée qui brûle d’ailleurs les feux rouges, et porte en toutes circonstances les couleurs du club, même lorsqu’il est seul, et cela malgré les dangers qu’elles représentent. Ce dernier croisera alors le regard de Kathy Bauer (Jodie Comer), laquelle tombera aussitôt sous son charme, elle qui est pourtant en couple, et qui préférait, jusque-là, changer de trottoir lorsqu’elle croisait un biker. C’est d’ailleurs elle la narratrice pleine d’autodérision de l’histoire en question, étant donné l’interview réalisée par Danny Lyon (Mike Faist), lui qui la questionne aussi bien à la laverie ou quand elle repasse, tandis qu’on a droit à quelques-unes de ses incursions au sein des Vandals, au passé, le véritable Danny Dyon s’étant lui-même incrusté au sein des Outlaws pour les besoins de son livre photo...

Du besoin d’appartenance et de la soif de liberté des Vandals à leur évolution vers un gang hors de contrôle, alors catalysée par les nouveaux membres revenus de la guerre du Viêt Nam, cherchant une évasion à leur ennui de la vie civile et défiant l’autorité, "The Bikeriders" nous immisce ainsi dans l’univers de la culture de la moto. Et ce dernier est filmé ici tel un univers masculin solidaire, où les émotions sont refoulées, où l’on joue aux gros bras, et passe son temps en bécane, à boire entre potes, et à exercer, sans le vouloir, une sorte d’intimidation, de peur vis-à-vis d’autrui, étant donné l’effet de groupe, lequel va donc passer ici d’une famille de substitution à la rivalité, voire à un syndicat du crime...

Jeff Nichols épouse alors la manœuvre prise à l’époque par ledit photographe, mais reste en surface du portrait authentique de ces motards chevronnés, utopiques et mélancoliques, avant de prendre un virage plus fictionnel, vers toute la complexité de la masculinité, dans sa compétition et rébellion. Mais à ne s’y méprendre, il s’agit bien là d’une belle et évocatrice photographie d’une époque révolue, centrée - il est vrai - sur trois personnages principaux ayant réellement existé, les autres n’ayant ici qu’un moment à eux, mais de grâce, mais bien plus encore autour d’une Amérique loyale, loin de toute convention et conformisme. Le cinéaste américain, qui aime filmer l’Amérique rurale, nous emporte alors avec lui dans cette fougueuse chevauchée en moto, laquelle manque toutefois d’éclats, et d’émotions. Mais ce dernier aspect n’est guère étonnant, au regard du monde qu’il présente. Car bien que son film soit romancé, c’est ici une unité de groupe dans sa volonté d’indépendance qui ressort de ce métrage, et cela à toute épreuve (même celle de la mort), ainsi - et surtout - qu’une certaine nostalgie fantasmée, pleine d’insouciance et de liberté. Et puis, comment résister aux charmes de ses personnages, aussi charismatiques, touchants qu’humains ? Bref, on repartirait bien dans cette balade, tels ces bikers en quête de sens dans leur voyage sans fin...



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