Genre : Animation, familial
Durée : 96’
Acteurs : Amy Poehler, Phyllis Smith, Lewis Black, Tony Hale, Liza Lapira, Maya Hawke, Diane Lane, Kyle MacLachlan, Adèle Exarchopoulos, Paul Walter Hauser...
Synopsis :
Fraîchement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu’elle ne soit pas la seule...
La critique de Julien
Riley et les salles obscures peuvent avoir le sourire ! "Vice-Versa 2" débarque, en effet, tel le Messie dans les salles de cinéma, neuf ans après le premier film de Pete Docter, lequel rempile ici en tant que producteur exécutif, laissant dès lors sa place à la réalisation à Kelsey Mann, pour qui il s’agit du premier film, après avoir notamment travaillé chez Pixar sur les scénarios de "Monstres Academy" (Dan Scanlon, 2013), "The Good Dinosaur" (Peter Sohn, 2015) ou encore de "En Avant" (Dan Scanlon, 2020). Et c’est avec énormément de plaisir que l’on retrouve l’héroïne du premier film, Riley, laquelle fête aujourd’hui ses 13 ans, tout en commençant à ressentir les effets indésirables de la puberté. D’ailleurs, l’alarme "puberté" se mettra à retentir dans le quartier général de l’esprit de Riley, où Joie, Tristesse, Colère, Dégoût et Peur travaillent d’arrache-pied pour y garder une harmonie, alors que des ouvriers viendront améliorer la console de commande de ses émotions, laquelle se verra d’ailleurs agrémentée de nouvelles...
Riley n’a donc pas proportionnellement grandi au regard du nombre d’années qui nous séparent du premier film, étant donné que seulement deux ans se sont écoulés depuis les précédentes aventures, alors que les émotions personnifiées ont depuis développé l’estime de soi de Riley, en plus d’un réseau de croyances, renvoyant notamment les mauvais souvenirs et sentiments négatifs aux tréfonds de sa mémoire. Malgré donc un certain équilibre, ces autres émotions - Ennui, Envie, Embarras et Nostalgie - dirigées par Anxiété, vont vouloir prendre le contrôle dudit quartier, et gérer ainsi l’arrivée au camp de hockey de la demoiselle, elle qui espère se qualifier afin de pouvoir intégrer l’équipe de son lycée. Sauf que ses nouvelles émotions s’avèrent excessives (surtout Anxiété), transformant les "je suis..." de l’esprit de Riley en des "si...", lui faisant ainsi sans cesse imaginer le pire des scénarios, en plus de vouloir plaire aux autres plutôt qu’à rester soi-même...
Situé dans la même veine que son prédécesseur, "Vice-Versa 2" nous offre ce qu’on attendait de lui, soit une riche aventure haute en couleur et décalée, tout en étant aussi vive d’esprit que son aîné, l’effet de surprise en moins. On y ressent ainsi une certaine redite, même si l’univers de l’esprit de Riley a ici évolué, laissant place à de la nouveauté. Ainsi, avec l’aide de psychologues cliniques ou universitaires, mais également de plusieurs adolescents ou encore en se basant sur les comportements des propres filles du réalisateur, et même du producteur Marc Nielsen, le film illustre, à sa manière, le changement des émotions adolescentes modernes en pleine crise de la puberté. Il le fait alors avec une exécution toujours aussi inventive, en témoigne une scène située dans un coffre-fort des secrets inavouables de la mémoire de Riley, où les anciennes émotions, enfermées contre leur gré, y rencontreront d’autres personnages animés différemment que ces dernières. Cette scène rappelle d’ailleurs celle de l’entrepôt des pensées abstraites du premier volet, que Joie, Tristesse et le regretté Bloofy traversaient malgré le danger, se voyant subir une série de transformations cocasses.
Sans temps mort, "Vice-Versa 2" aborde alors la notion d’amitié, du doute de soi, ou encore du besoin d’appartenance à "l’âge ingrat", tout en prônant l’importance de rester fidèle à soi-même. Or, si le film y fait côtoyer davantage d’émotions au sein de son scénario énergivore, il y perd explicitement en émotions. D’ailleurs, certaines d’entre-elles, dont Nostalgie, ne font ici que de la figuration, malgré leurs trouvailles visuelles et scénaristiques. Finalement, tout ce beau monde se bouscule ici dans l’esprit de Riley, ce qui caractérise la période de l’adolescence, vécue de plus ici sur l’espace de quelques jours dans la vie de la demoiselle, soit autrement dite avec intensité, sans refléter donc avec nuance ni longitudinalement la puberté. L’exécution rapide du scénario n’est donc pas en soi une faiblesse, mais un parti-pris assumé, faisant dès lors de ce "Vise-Versa 2" une aventure davantage axée sur l’action, de surcroît ludique, que sur la profondeur de ses propos. Autrement dit, cette suite fidèle ne restera pas gravée dans notre mémoire, malgré son efficacité, sa perspicacité, et son animation toujours aussi créative, autour d’un récit d’apprentissage peut-être trop centré, et qu’on aurait espéré plus émotif. Après tout, difficile de passer après "Vice-Versa" ! Pourtant, le film de Kelsey Mann s’en sort avec les honneurs, et sincérités.