Genre : Comédie dramatique
Durée : 87’
Acteurs : Corinne Masiero, Lucie Charles-Alfred, Marie-Sohna Condé, Salimata Kamate, Kool Shen...
Synopsis :
Rien n’avait préparé Eva à l’exigence d’un grand hôtel. En intégrant l’équipe des femmes de chambres, elle fait la connaissance de collègues aux fortes personnalités : Safietou, Aissata, Violette et Simone. Entre rires et coups durs, la jeune femme découvre une équipe soudée et solidaire face à l’adversité. Lorsqu’un mouvement social bouscule la vie du palace, chacune de ces "petites mains" se retrouve face à ses choix.
La critique express de Julien
Après l’inédit "Placés" (2022) pour lequel qui s’inspirait de son expérience d’éducateur, tandis qu’on lui doit les scénarios des "Tuches" 2 à 4 (d’Olivier Baroux), Nessim Chikhaoui nous dévoile "Petites Mains", une comédie fictionnelle sur fond de révolte sociale, à l’égard de femmes de chambre, surnommées les "Petites mains", auxquelles il rend ici hommage, témoignages à la clef. Ce dernier s’est pour cela basé sur la lutte des femmes de chambre de l’hôtel Park Hyatt à Paris en 2018, ainsi que de celles de l’Ibis Batignolles à Paris (2021), elles qui ont obtenu, après des mois de grève, une amélioration notable de leurs conditions de travail. L’un des objectifs de leurs revendications ? La sous-traitance, soit un procédé qui externalise le ménage, alors utilisé par les grands groupes hôteliers, eux qui facturent à des prestataires, ce qui leur coûte moins cher. Ainsi, les salariés du sous-traitant ne bénéficient ni des mêmes avantages ni du même statut social que le personnel employé de l’hôtel dans lequel il travaille, tandis que l’hôtelier n’en a finalement que faire de la personne humaine qui nettoie ses chambres, et cela face à la pénibilité dudit travail. Ces femmes peuvent de plus être renvoyées du jour au lendemain et, le cas échéant, ne pas parvenir à renouveler leurs papiers, elles qui sont majoritairement d’origine immigrée, et exercent ce métier afin que leurs enfants n’aient pas à le faire...
"Petites Mains" nous immisce alors au sein d’une équipe de femmes de chambre qui en ont assez d’être exploitées (cadence trop intense, heures supplémentaires impayées, etc.) et d’être invisibles, lesquelles ne veulent plus subir cette politique d’externalisation, qu’est la sous-traitance. Alors qu’elles descendent dans la rue et forment un piquet de grève, une jeune apprentie en manque d’expérience (Lucie Charles-Alfred) va être engagée pour en remplacer l’une d’elles, dans un hôtel luxueux, elle qui va dès lors s’attirer l’inimitié de ses nouvelles collègues et de leur sororité, malgré, tout de même, les réticences de certaines à protester, elles qui risquent gros si elles venaient à perdre leur emploi, dont Simone (Corinne Masiero), réac, dans le sens du poil…
C’est donc par le prisme de la comédie sociale chorale que Nessim Chikhaoui s’attaque à ce sujet d’actualité, au contraire, par exemple, d’Éric Gravel dans "À Plein Temps" (2022) ou encore d’Emmanuel Carrère avec "Ouistreham" (2022), respectivement plus urgent, et dramatique. Car Nessim Chikhaoui, lui, met rapidement les pieds dans le plat, sans prendre le temps d’installer en profondeur le combat qu’il mène, sans grandes nuances donc, mais avec davantage de grands slogans. Le film est ainsi davantage occupé à mettre en scène ses personnages, et donc à scénariser le combat qu’ils mènent, et cela sur la scène où depuis les coulisses, quitte à tirer vers le mélo, en témoigne l’issue du film, incapable de ne passer par des au revoir. À ne pas s’y méprendre, le biais du documentaire aurait été plus pertinent pour traiter de la sous-traitance, au regard ainsi de l’impact limité du film, de surcroît très conventionnel dans sa construction, et passant du rire à l’émotion. Cependant, l’ensemble est mené avec efficacité, grâce à notamment à de fortes personnalités, et un élan de solidarité solaire et sans bornes. Mais "Petites Mains" manque de force de frappe, bien qu’il invite, avec de bonnes intentions, à lever son verre "à ceux qui n’en ont pas"...