Genre : Comédie dramatique
Durée : 91’
Acteurs : Nahuel Perez Biscayart, Céleste Brunnquell, Maud Wyler, Alexandre Steiger, Camille Rutherford, Mohammed Louridi, Mercedes Dassy...
Synopsis :
Etienne a vingt ans à peine lorsqu’il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, Etienne choisit de ne pas en faire un drame. Etienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que Rosa doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.
La critique express de Julien
Présenté en clôture de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2023, "La Fille de son Père" est le second film d’Erwan Le Duc après "Perdrix" (2019), lui qui a commencé sa carrière cinématographique à 32 ans, en tant que co-auteur de la série inédite "Diplomatik Park" (2009), tandis qu’il a ensuite réalisé quatre courts-métrages. Après avoir étudié la réaction de deux corps étrangers qui se rencontrent dans son premier film, le cinéaste s’intéresse ici à une relation paternelle en plein émoi, lequel brasse d’abord, en huit minutes top-chrono, dix-sept années de vie précipitée, au cours d’une séquence lyrique d’ouverture réalisée telle une envolée, une rafale de vie, introduite par une voix-off, nous disant alors que "Étienne a 20 ans" et "ne se doute de rien…". Sans figure maternelle, laquelle a abandonné très tôt le foyer familial (sans que ça ne soit ici expliqué), Étienne (Nahuel Perez Biscayart) et sa fille Rosa (Céleste Brunnquell) ce sont dès lors construits l’un et l’autre en côte à côte, eux qui vivent une relation d’amour inconditionnel, et de protection mutuelle. Sauf que l’arrivée d’un petit copain va confronter père et fille à l’abandon commun qui les unit...
"La Fille de son Père" nous parle alors d’une relation père-fille lorsque vient le moment de la séparation, mais bien sûr ici au sens figuré, alors qu’ils ont ici toujours tout vécu ensemble, tout en étant cependant indépendants l’un de l’autre au quotidien (on a l’impression parfois de voir des amis), lesquels ont heureusement chacun leur vie, et une passion, à savoir le football pour l’un, et la peinture pour l’autre. Cette dernière s’apprête d’ailleurs à quitter le foyer pour étudier aux Beaux-Arts à Metz. Mais ce qui fait alors l’originalité de cette histoire autour de la peur de l’éloignement naturel, du lâcher-prise face à l’inconnu et aux drames du passé (surtout pour le père), c’est bien la mise en scène avec laquelle Erwan Le Duc la filme. En effet, bourré de fantaisie et d’imprévisibilité, "La Fille de son Père" est une comédie dramatique qui rafraîchit autant qu’elle désarçonne, et cela notamment par ses ruptures de ton, le réalisateur ayant cherché ici à "redresser le spectateur dans son siège", bien aidé par la musique originale de Julie Roué. Et c’est réussi, tant on passe ici de gags visuels à des moments dansés, très chorégraphiés, à des moments profonds, voire dramatiques. À contrario, son film, dans sa lumineuse générosité et sa panoplie d’émotions, peine finalement à toucher, et s’avère décousu, au regard du jeu burlesque et totalement volatil de l’Argentin Nahuel Perez Biscayart dans le peau d’un père en pleine crise, face à la jeune Céleste Brunnquell, déjà pleine d’assurance, et dont le caractère tiendra tête à ce père trop omniprésent, elle qu’on a pu découvrir dans la première saison de la série "En thérapie" (2021) d’Olivier Nakache et d’Éric Toledano.