Genre : Comédie
Durée : 80’
Acteurs : Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard, Manuel Guillot...
Synopsis :
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
La critique express de Julien
Après "Yannick" et "Daaaaaalí !", "Le Deuxième Acte" est le troisième film du prolifique Quentin Dupieux à sortir sur nos écrans durant cette année académique 2023-2024, lequel a, pour la première fois, eu les honneurs d’ouvrir (hors compétition) le Festival de Cannes 2024. Alors que son tournage très discret a été terminé en fin d’année dernière dans un aérodrome privé de Condat-sur-Vézère, et cela le long d’une de ses pistes (six cents mètres de travelling ont été nécessaires pour accompagner la marche de ses acteurs !), ou encore dans une salle de réception reconvertie en restoroute, le réalisateur n’a cette fois-ci pas daigné préciser les intentions de son film dans son dossier de presse : "j’ai accumulé sans m’en rendre compte un temps de parole dans les médias probablement supérieur à la durée de mes 12 films réunis. Un comble." ; ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse". C’est dit !
Alors que les quelques lignes de son synopsis ne sont qu’une ruse, le film se concentre, de prime abord, sur ses quatre personnages principaux, discutant tout d’abord par deux, avant de se retrouver autour d’une table, dans ledit restoroute, baptisé "Le Deuxième Acte", et dont le serveur semble un brin nerveux. Difficile de parler plus en détail du film sans rien en révéler, ou en tout cas ne rien dévoiler de l’élément central de sa mise en scène, duquel toutes les discussions vont découler. Tout ce qu’on va en dire, c’est qu’il est question d’une mise en abyme autour d’un film, tandis que Dupieux y égratigne avec dérision le cinéma indépendant, les conditions de tournage (sans pourtant ne rien montrer de ses coulisses), la cancel culture, l’intelligence artificielle, le mouvement #MeToo, le monde qui va mal, ou encore l’homophobie. Sauf que le cinéaste ne fait qu’épingler ici les sujets auxquels il s’attaque, finalement dans une démarche assez lâche, qui ne s’assume pas, passant de plus de l’un à l’autre tel du coq-à-l’âne. Le cinéaste, qui a toujours revendiqué la légèreté de ses films, peine donc à convaincre ici dans sa gentille décharge déguisée, lui qui lance un pavé dans la mare sans trop se mouiller. Heureusement, ses personnages/acteurs jouent pleinement le jeu, tandis qu’ils s’y amusent avec leur propre image. Et autant dire que c’est Léa Seydoux et Vincent Lindon qui s’en sortent ici le mieux. Mais tel que son metteur en scène l’a annoncé, son film est extrêmement bavard, sans que quelque chose parvienne finalement à en ressortir, et sans jamais réussir à nous divertir. Pire, on a l’impression que celui-ci a été tourné à moindre coût, sans parler de la musique, peu inspirée... Et filmer en clôture l’envers du décor de l’imposant travelling réalisé pour les besoins du film ne va pas changer la donne, si ce n’est inutilement rallonger de deux minutes le métrage, déjà court...