Genre : Science-fiction
Durée : 145’
Acteurs : Freya Allan, Owen Teague, Peter Macon, Kevin Durand, William H. Macy, Dichen Lachman, Eka Darville, Neil Sandilands...
Synopsis :
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l’état sauvage et vivent en retrait. Alors qu’un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l’amènera à questionner tout ce qu’il sait du passé et à faire des choix qui définiront l’avenir des singes et des humains...
La critique de Julien
On reprend les mêmes, et on recommence, tout en renversant les rôles ? "Le Nouveau Royaume", c’est déjà le dixième film de la franchise "La Planète des Singes", inspiré du roman du même nom de Pierre Boulle (1963). Or, si ce nouvel opus s’inscrit dans la suite de la trilogie composée des "Origines" (Rupert Wyatt, 2011), de "L’Affrontement" et de "Suprématie" (Matt Reeves, 2014 et 2017), son intrigue, elle, se déroule près de trois siècles après le décès de César, héros des précédentes aventures, alors doublé en capture de mouvement par Andy Serkis. Réalisé par Wes Ball, à qui l’on doit la trilogie "Le Labyrinthe - Maze Runner" (2014-2018), cette fausse suite nous plonge donc dans un monde où la nature a repris ses droits, tel qu’il est advenu depuis la mort de César, et l’héritage qu’il a laissé. Alors que les humains ont perdu l’usage de la parole et régressé à l’état sauvage (si, si !), les singes, eux, en sont dotés, tout en considérant leurs homologues - devenus rares - comme des nuisibles...
On y suit alors un nouveau héros poilu en devenir, soit le candide Noa (Owen Teague), lequel vit dans un clan de singes dresseurs d’aigles avec sa famille et ses amis, alors que son père est le chef historique du clan les ayant conduits à ce havre de paix. Tandis qu’il se prépare à un rite cérémonial de passage à l’âge adulte, le jeune Noa repèrera une humaine (Freya Allan, très convaincante) à la recherche de nourriture, tout en ne connaissant rien à cette espèce ni aux événements ayant précédé sa naissance. Si sa tribu vit en autarcie, c’est à l’abri d’autres. D’ailleurs, Noa et les siens seront attaqués par les sbires du roi guerrier Proximus Caesar (Kevin Durand), lequel revendique sa parole comme étant au service de celle de César, tout en utilisant une étrange technologie pour asseoir sa terreur... Laissé pour mort, Noa devra dès lors retrouver les siens, désormais entre les mains dudit singe, lequel cherche à "évoluer"...
Toujours aux manœuvres des effets spéciaux, le studio néo-zélandais Weta Digital fait encore ici des merveilles dans ce film de science-fiction situé dans la lignée de ses prédécesseurs. Moins sombre cependant que "Suprématie", et plus dosé en action, "Le Nouveau Royaume" parvient à nous réimmerger sans grandes difficultés dans cet univers simiesque connu de tous, au travers ici d’une quête initiatique dans les pas d’un certain César, dont l’ombre plane sans cesse ici, lequel est devenu telle une figure biblique, mais dont les enseignements ont été corrompus. D’ailleurs, le thème principal du métrage de Wes Ball est sans aucun doute la mauvaise utilisation du passé, en la "personne" de l’antagoniste de ce film, lequel, bien que déifiant son modèle, César, en a déformé son nom, dans l’optique ainsi de rallier tous les singles sous sa coupe, et d’éradiquer définitivement les humains, qui, eux, tentent de se reconnecter, en cachette... Tel un tyran, Proximus César détourne alors la mémoire collective, en réinterprétant, à sa façon, et donc de manière erronée, des éléments exhumés du passé, car désireux d’accroître son pouvoir, et de s’emparer des technologies humaines, du savoir... Dans son univers, le film témoigne aussi de la difficulté de cohabitation, du vivre ensemble entre les humains et les singes, entre espèces dominantes, lesquels se tirent dessus depuis des siècles. Par le regard de Noa, il est pourtant question de la découverte de l’être humain, de la foi (re)trouvée en l’humanité, et même d’empathie envers celle-ci, et cela étant donné la rencontre qu’il fera en chemin, et à en laquelle il va faire confiance...
Pessimiste et prometteur, ce nouvel épisode de "La Planète des Singes" n’a donc pas à rougir de la comparaison avec ses aînés, même si, à force de vouloir bien faire, ce dernier s’en calque trop. Ainsi, des visuels au ton global de cette histoire, on a curieusement l’impression de retourner ici en arrière, et de revoir inlassablement la même histoire, bien que dans l’autre sens. Ainsi, entre héritage et renouveau, "Le Nouveau Royaume", sous la houlette de Disney, manque quelque peu d’originalité, et se contente de baigner dans le passé, tout en ayant un œil inquiété vers l’espace, et donc vers le futur. Cependant, la qualité visuelle du matériau, de son exécution et la robustesse de sa narration mettent la banane pour la suite...