Genre : Action, science-fiction
Durée : 105’
Acteurs : Brie Larson, Teyonah Parris, Iman Vellani, Zawe Ashton, Samuel L. Jackson, Park Seo-joon, Mohan Kapur...
Synopsis :
Carol Danvers, alias Captain Marvel, doit faire face aux conséquences imprévues de sa victoire contre les Krees. Des effets inattendus l’obligent désormais à assumer le fardeau d’un univers déstabilisé. Au cours d’une mission qui la propulse au sein d’un étrange vortex étroitement lié aux actions d’une révolutionnaire Kree, ses pouvoirs se mêlent à ceux de Kamala Khan - alias Miss Marvel, sa super-fan de Jersey City - et à ceux de sa « nièce », la Capitaine Monica Rambeau, désormais astronaute au sein du S.A.B.E.R. D’abord chaotique, ce trio improbable se retrouve bientôt obligé de faire équipe et d’apprendre à travailler de concert pour sauver l’univers. Un seul nom pour cela : "The Marvels" !
La critique de Julien
Sale temps pour les super-héros. D’une part, l’univers cinématographique DC se mord les doigts après ses échecs consécutifs ("Blue Beetle", "The Flash", "Shazam ! La Rage des Dieux", "Black Adam"), et espère sauver la mise avec la sortie très redoutée "d’Aquaman et le Royaume Perdu" en décembre prochain, avant de voir son univers reprit en main par James Gunn et Peter Safran, avec la sortie de "Superman : Legacy" (2025), lequel sera réalisé par James Gunn lui-même. D’autre part, c’est aujourd’hui l’univers cinématographique Marvel qui semble patauger, à son tour, dans la semoule. Après le tiède accueil réservé aux trois premiers films de sa Phase IV ("Black Widow", "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" et "Les Éternels", ainsi qu’à la déception du premier film de sa Phase V, "Ant-Man et la Guêpe : Quantumania", "The Marvels", le 33ème film du MCU, vient de réaliser son pire démarrage, tous films confondus. Il est vrai que ses 46 millions de dollars de recettes durant son premier week-end d’exploitation font pâle figure face aux 153 millions engendrés sur la même période par son prédécesseur, "Captain Marvel" (2019). Alors, lassitude du public ? manque de promotion étant donné la grève des acteurs (désormais levée) ? indifférence quant à la suite des aventures de Carol Danvers, lesquelles font - de plus - suite aux séries Disney+ "Wandavision" et "Miss Marvel", ce qui nécessite donc de les avoir regardées ?
Troisième et (déjà) dernier film de la Phase V, laquelle, au même titre que la précédente, a tourné à vide, faute de renouvellement et de mise en place d’un nouvel antagoniste à hauteur de Thanos [1], "The Marvels", en plus d’être le premier four officiel du MCU (il aurait coûté la bagatelle somme de 275 millions de dollars de budget de production) est désormais son film le plus court, et cela alors que le personnage de Brie Larson avait pourtant quasiment disparu des radars depuis presque douze films ! Autre dit, on attendait là beaucoup d’épaisseurs dans cette suite, justifiant d’une part son absence, et l’importance de son retour. Or, Captain Marvel va se retrouver confrontée ici à une ennemie isolée, qu’elle a elle-même engendrée, Dar-Benn (Zawe Ashton). En effet, après avoir détruit il y a des années l’Intelligence Suprême, soit l’intelligence artificielle qui chapeautait l’empire Kree, celui-ci a vu s’effondrer la planète Hala, sur laquelle résidait Dar-Benn. Or, la planète ne possède, depuis, plus d’eau et d’air respirable, tandis que son soleil se meurt. Autant dire que celle-ci, qui la dirige depuis trente ans, compte bien piller les ressources naturelles des différentes planètes sur lesquelles Carol a vécu, pour faire revivre Hala, et cela à l’aide d’un bracelet quantique, capable de points de sauts artificiels, de manipuler l’espace-temps, comme celui que possède finalement dont Kamala Khan (Iman Vellani). En parallèle, Monica Rambeau (Teyonah Parris), travaillant pour Nick Fury (Samuel L. Jackson) sur la station spatiale S.A.B.R.E depuis les événements de Westview, enquête sur une anomalie, résultant en réalité de la faille créée par Dar-Benn pour trouver ledit bracelet. Sauf qu’en la touchant, et cela en même temps que le fera aussi sa "tante" Captain Marvel, celles-ci vont permuter de place, invitant Kamala Khan dans cette intrication quantique, quant à elle bien installée dans sa chambre à Jersey City. Carol se retrouvera ainsi dans la chambre de Kamala, Monica sur un astéroïde, et Kamala dans la combinaison spatiale de Monica sur S.A.B.E.R. Or, ce changement semble s’opérer lorsque les trois femmes utilisent leurs pouvoirs. Il leur faudra dès lors apprendre à travailler en équipe et ainsi à dompter cet effet indésirable pour sauver - notamment - la Terre...
Le problème avec le MCU (et les films de super-héros en général), fait qu’ils font abstraction de nombre d’entre eux entre tous ses films, comme s’ils étaient finalement partis en vacances, ou encore ici disparus suite à l’Éclipse causée par Thanos. Alors que non ! Certes, peut-être que ce combat n’est - initialement - pas celui de tous, mais les conséquences de ce dernier pourraient tous les toucher, d’une manière ou d’une autre... "The Marvels" tente alors de se justifier, lequel n’est finalement qu’une plus ou moins amusante pirouette au sein du MCU, profitant ainsi de quelques bonnes idées d’écriture, sans pour autant réussir à les exploiter avec panache. Pourtant, les sauts qu’opèrent les trois super-héroïnes auraient pu être matière à bien plus de situations cocasses, de chorégraphies mieux orchestrées, dans un film qui se presse toujours, sans forcément faire attention à sa cohérence globale, et qui ne profite pas ainsi pleinement de ses ambitions. Le traitement de Goose, le chat Flerken de Fury, en est le parfait exemple, lui dont l’utilité sera pourtant ici capitale quant à la survie d’innombrables vies. Mais cette superbe idée, pleine de second degré, passe rapidement en second plan d’une intrigue qui n’a rien à offrir d’autre qu’un énième combat entre le bien et le mal, mais où la frontière est toujours bien floue, alors que l’objet de la vengeance de l’antagoniste aurait pu être réglé bien plus tôt, mais si seulement Captain Marvel avait seulement été consciente de ses capacités de pleine projection et d’absorption d’énergie. Or, entre nous, on pensait que c’était déjà le cas depuis longtemps...
"The Marvels" ne perd donc pas de temps pour nous offrir un spectacle du même acabit général que celui du MCU, ne se prenant jamais trop au sérieux, ce qui, pour le coup, nous laisse à l’écart de toute dramaturgie (pauvres Skrulls, toujours victimes des combats des autres !). Ici, ce sont les effets numériques qui prennent le pas, dans un film qui a nécessité énormément de post-production, malgré de véritables décors utilisés en avant-plan. Or, s’ils restent bien exécutés, et nets, on ne peut cependant conférer à cette suite qu’un trop-plein de superficialité, ne laissant pas assez de place à l’humain. La réalisation de Nia DaCosta ("Candyman" (2021)), malgré quelques bonnes idées de mise en scène (en tant que fan de bandes dessinées), ne brille malheureusement pas ainsi par son originalité, passant d’une planète à l’autre, sans nous en imprégner durablement, malgré, une fois de plus, quelques surprenantes idées d’écriture, comme celle la planète chantée d’Aladna. Car là où, par exemple, Sam Raimi parvenait à imprégner son "Doctor Strange in the Multivers in Madness" (2022) de sa signature, Nia DaCosta, elle, ne possède encore cette différence qui fera la différence, d’autant plus dans une telle soupe numérique.
"The Marvels", malgré son trio d’actrices qui mènent - sans l’aide des hommes - le combat, demeure frustrant en tout point, et beaucoup trop anecdotique dans l’univers cinématographique Marvel que pour parvenir ainsi à sortir du lot. La merveille n’est donc pas au rendez-vous, au contraire donc des Marvels. Cependant, restez devant votre écran jusqu’à l’issue du pré-générique, étant donné la scène post-générique, laquelle semble nous en indiquer quant à la tournure de cet univers mis à mal. Quoi qu’il en soit, outre "Deadpool 3", qui sortira en juillet prochain, aucun autre Marvel ne sortira sur nos écrans l’année prochaine, de quoi permettre à l’entreprise de repenser sa méthode, et son contenu, ou du moins on l’espère. Ainsi, "Captain America : Brave New World" (qui repart en tournage suite à de mauvaises projections tests), "Les 4 Fantastiques", "Thunderbolts" et normalement "Blade" (s’il voit, un jour, le jour) devraient sortir en 2025, après les séries Disney+ "Echo" et "Agatha : Darkhold Diaries"... Affaire à suivre !