Synopsis : Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à tourner son nouveau film. Mais entre son couple en crise, son producteur français au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.
Casting : Nanni Moretti (Giovanni), Margherita Buy (Paola), Valentina Romani (Emma), Barbora Bobulova (Vera), Silvio Orlando (Ennio) Matthieu Amalric (Pierre)
Points particuliers :
- 16ème long-métrage de Nanni Moretti
- Présenté en compétition au Festival de Cannes 2023
A 70 ans, Nanni Moretti est en pleine forme et il a encore beaucoup de choses à dire !
Et il le fait avec une lucidité délicieuse, entre inquiétude et optimisme, dans cette autofiction réjouissante, “Vers un avenir radieux” .
Il dit beaucoup sur l’art, l’engagement, le fossé entre générations - la scène où en pleine préparation de ce film sur le communisme, un jeune membre de son équipe lui demande “mais c’était des russes qui sont venus en Italie, alors ? Parce qu’un communiste c’est russe” est particulièrement savoureuse.
Une comédie mélancolique et drôle, qui reprend ses thèmes “morettiens” de prédilection - questionnements intimes, artistiques et politiques - et ses codes, puisqu’il interprète un alter ego de fiction : Nanni incarne Giovanni, un cinéaste en pleine crise existentielle qui se bat pour faire un film historique - les ambitions d’ un élu communiste italien se téléscopent à la désillusion de l’invasion soviétique en Hongrie en 1956 - tout en connaissant des soubresauts dans son couple.
Bref, il croit encore à ses idéaux politiques passés, il donne des leçons à de jeunes réalisateurs (et c’est irrésistible)
Les acteurs et les actrices et on retrouve Marguerita Buy, déjà à ses côtés dans “Mia Madre”, sont tous très bien : parmi eux, il y a Mathieu Amalric qui interprète le producteur du film. Et c’est jouissif de le voir ainsi monté sur ressort, sourire perpétuel collé aux lèvres, yeux écarquillés, enthousiaste à l’excès sur tout. Franchement quand on le voit, on se dit “je sais pas ce qu’il prend, mais j’en veux”, tellement son monde a l’air heureux et positif.
C’est lui qui va organiser un rendez-vous totalement ubuesque avec Netflix et cette scène est d’anthologie, parce qu’elle montre bien le décalage entre ceux qui parlent de contenus et ceux qui parlent de films.
Dans Journal intime, Moretti se baladait dans Rome en Vespa, 30 ans après c’est à trottinette qu’il le fait, et oui, il s’adapte.
Bref, dans ce film Nanni Moretti se montre vulnérable, et cela rend ”Vers un avenir radieux” extrêmement attachant et puissant.