Genre : Film d’animation
Durée : 95’
Acteurs : Lana Condor, Toni Collette, Jane Fonda, Jaboukie Young-White, Colman Domingo, Will Forte ...
Synopsis :
Âgée de 16 ans, Ruby Gillman est aussi maladroite qu’adorable. Elle tente désespérément de trouver sa place au lycée d’Oceanside, où elle a l’impression d’être totalement transparente. Elle donne des cours de soutien en maths à un jeune skater dont elle est secrètement amoureuse, mais qui ne semble admirer chez elle que sa capacité à résoudre des équations. Et de toute façon, elle ne peut pas fréquenter les élèves les plus intéressants du lycée, car sa mère qui la surprotège, lui a formellement interdit de se baigner dans l’océan. Mais le jour où elle lui désobéit et brise cette règle d’or, elle découvre qu’elle est la descendante directe de la lignée des reines guerrières Kraken, et qu’elle est destinée à monter sur le trône jusque-là occupé par sa grand-mère : la reine guerrière des Sept mers. Les Kraken ont prêté serment de protéger les océans du monde entier de la cupidité et de la vanité des sirènes, leurs ennemies jurées. Le seul véritable problème pour Ruby est qu’elle va donc devoir s’opposer à Chelsea, la nouvelle la plus jolie et la plus populaire du lycée qui se trouve justement être une sirène. Ruby devra alors embrasser son destin et s’imposer pour protéger ceux qu’elle aime le plus...
La critique de Julien
Des studios d’animation DreamWorks ("Shrek", "Dragons", Kung Fu Panda", "Les Trolls" ou encore "Madagascar"), on attendait beaucoup mieux de "Ruby, l’Ado Kraken", co-réalisé par Kirk DeMicco, à qui l’on doit - en partie - la première aventure des "Croods" (2013). Car cette insipide et trop gentillette histoire manque d’inspiration et de second degré, tant on voit facilement au travers de ses eaux, peu profondes...
Tel que dévoilé dans son trop généreux synopsis officiel, cette aventure suit Ruby, une adolescente kraken timide et peu intégrée dans son lycée, elle qui est surprotégée par sa mère, lui interdisant notamment d’aller dans la mer, et donc - par la même occasion - au bal de fin d’année, étant donné que celui-ci se déroule sur un navire (oui, on ne sait jamais !). Ruby et sa famille vivent alors à Oceanside, une petite ville balnéaire, où ils cachent leur identité de kraken, et omettent ainsi aux humains d’être des créatures aquatiques légendaires, longtemps considérées comme des monstres faisant chavirer des navires (leur couleur de peau ? C’est parce que les Gillman viennent du Canada, voyons !). Sauf que ces derniers sont en réalité les protecteurs des océans, et même des Sept Mers, face aux sirènes, vaniteuses et avides de pouvoir, lesquelles cherchent à s’en emparer, à l’aide du Trident d’Oceanos, caché jadis par l’une des krakens... Bien qu’elle espère vivre une vie normale, et tomber amoureuse de Connor, skateur aux cheveux longs, c’est à ses dépens que Ruby apprendra qu’elle est de sang royal, appelée ainsi à un plus grand destin que celui qu’elle s’était imaginée, lequel était caché par sa mère, sous prétexte de la protéger ("Ce qui est bon pour toi, c’est de rester sur terre". ; "Ici, c’est un refuge. Les autres - comprenez ceux qui vivent dans la mer - nous veulent du mal".). En effet, Ruby est la descendante du trône des reines guerrières des Sept Mers, ayant juré de protéger les océans. Sauf que Ruby tombera à l’eau en tentant de sauver son béguin, ce qui entraînera, sur son corps, des effets quelque peu indésirables, lui révélant ainsi sa véritable et gigantesque nature...
Ayant réalisé le pire démarrage pour film DreamWorks Animation aux États-Unis, "Ruby, l’Ado Kraken" raconte une énième quête initiatique et de découverte de soi, où la relation mère/fille et la solidarité ont également leur place, en plus d’être extrêmement prévisible, et sans véritable atout visuel. Car bien que l’intrigue se déroule dans l’eau, jamais l’environnement aquatique - bien pauvre ici - n’est mis en avant, tandis qu’en surface ou sous l’eau, aucune différence d’adaptation n’est visible sur les personnages, si ce n’est (notamment) la taille de Ruby qui change, bien qu’un souci d’échelle demeure. Et c’est bien dommage, car revisiter la mythologie et changer notre regard sur les krakens et les sirènes était une idée de départ fort intéressante, mais malheureusement sans gros approfondissement.
Écrit à trois, dont par la scénariste Pam Brady (connue pour son travail sur... "South Park" !), cette douce histoire tombe alors rapidement à court d’encre, dans les abysses de l’oubli, et tente de garder la tête hors de l’eau, en remuant sans cesse les tentacules dans tous les sens. Sauf que ses va-et-vient entre la surface et l’eau nous perdent, tandis que l’on comprend rapidement où le film veut en venir, faisant de son intrigue convenue et calfeutrée un long fleuve tranquille, qui peine justement à sortir du lot, et donc de tout ce qu’on a déjà vu, tant on a l’impression qu’elle est jonchée d’épaves de classiques du genre. Sans parler de la bande-originale, qui part dans tous les sens. Mais alors que les parents s’ennuieront ferme, étant donné l’unique niveau de lecture du film (qui reste à flot), les enfants, eux, s’amuseront tout de même des tendres aventures de Ruby, d’autant plus que celles-ci ne sont jamais vulgaires, ni violentes, et jouent sans cesse des codes du teen-movie actuels.