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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Hettie MacDonald
L’Improbable Voyage d’Harold Fry
Sortie du film le 31 mai 2023
Article mis en ligne le 1er juin 2023

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 108’

Acteurs : Jim Broadbent, Penelope Wilton, Linda Bassett...

Synopsis :
« Je vais marcher, et tu vivras. » Tout juste retraité, Harold Fry mène une vie maussade aux côtés de sa femme Maureen. Lorsqu’il apprend que sa vieille amie Queenie est mourante, il sort de chez lui bouleversé pour lui poster une lettre... mais il décide de continuer à marcher pour se rendre à son chevet. Sa lettre en poche, il se lance alors dans un improbable périple de plus de 700km à travers l’Angleterre, avec l’intime conviction que son voyage maintiendra Queenie en vie. Au fil de rencontres inattendues et libératrices, Harold pourra-t-il se redonner une chance ?

La critique de Julien

"L’Improbable Voyage d’Harold Fry", ou "The Unlikely Pilgrimage of Harold Fry" en version originale, est l’adaptation du premier roman du même nom de l’auteure britannique Rachel Joyce, publié en 2012, lequel est lui-même basé sur la courte pièce radiophonique qu’elle avait elle-même écrite, et diffusée sur BBC Radio 4, tout en la dédiant à son propre père, lequel se mourait d’un cancer, bien qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour l’entendre. Alors qu’il nous rappelle le récent film "The Last Bus" de Gillies MacKinnon, porté par l’excellent Timothy Spall, ce drame met en scène le toujours très juste et lumineux Jim Broadbent dans la peau d’un certain Harold Fry, 65 ans, lequel vit dans une maison résidentielle à Kingsbridge, sur la côte sud du Devon, et cela avec son épouse (Pénélope Wilton, notamment vue dans le rôle d’Isobel Crawley dans la série à succès "Downton Abbey"). Alors qu’ils vivent reclus dans leur maison, menant une vie pesante, répétitive et désintéressée, faite de mots croisés et/ou de tâches ménagères régulières, une lettre viendra bousculer leurs regrets et leur solitude...

L’auteur de celle-ci, c’est Queenie Hennessy, l’une des anciennes collègues d’Harold, lui annonçant qu’elle est atteinte d’un cancer, et qu’il n’y a malheureusement plus rien à faire pour la sauver. Peu rassurée par cette correspondance, qu’elle verra d’un mauvais œil, Maureen s’en ira alors mettre sécher le linge, tandis qu’Harold s’empressera d’écrire à Queenie, et d’aller poster sa lettre, elle qui réside dans un hospice à Berwick-upon-Tweed, c’est-à-dire à l’extrême nord du pays. Mais il hésitera à plusieurs reprises, passant d’un bureau de poste à l’autre, avant de se rendre dans une station service, pour acheter une brique de lait. La discussion qu’il aura alors avec la jeune vendeuse aura sur lui l’effet d’un catalyseur, d’une illumination, notamment autour de l’importance de garder la foi (non pas religieuse, mais en toute chose). Harold téléphonera alors à l’hospice pour annoncer son départ, prévenant que Queenie doit ainsi l’attendre, tout en lui faisant la promesse, une fois avoir raccroché, qu’il ne la décevra - cette fois-ci - pas... Sans dire au revoir à son épouse, le monsieur se lancera alors dans un long pèlerinage, lui qui n’a pourtant pas l’habitude de marcher, parcourant près d’un millier de kilomètres en deux mois, tandis que plusieurs personnes le croiseront et l’aideront sur sa route, tout en relayant son histoire dans les médias. Pourtant, c’est bien ici un terrible souvenir du passé qu’il l’accompagnera tout au long de son voyage, entre quête de résilience, et de pardon...

"L’Improbable Voyage d’Harold Fry" raconte ainsi l’histoire d’un homme qui va, par la singulière destinée qui s’est imposée à lui, faire (enfin) quelque chose d’inédit dans sa vie, devenue monotone, laquelle s’est, d’une certaine façon, éteinte il y a vingt-cinq ans, entraînant également son mariage dans cette chute, et cela pour une raison que l’on découvrira ici au travers de flash-back, rythmant les étapes les plus douloureuses de sa traversée. Car cet homme, derrière sa sympathie et sa réserve, cache un lourd passé, lui qui n’a jamais vraiment réussi à ouvrir son cœur aux siens, ni à trouver les mots réconfortants envers sa famille. Allant dès lors à l’encontre de tout ce qui le caractérise, ce périple le fera sortir de sa torpeur, alors que son épouse, elle, ne parvient toujours pas à en sortir, comme si elle était paralysée. Et autant dire qu’on est triste pour elle, elle qui se sait comme emprisonnée, alors qu’il ne tient qu’à elle à ouvrir la porte d’entrée, ou - encore mieux - d’arracher les rideaux. Au contraire, Harold deviendra - malgré lui - tout un symbole, persuadé qu’il est (désormais) capable de sauver quelqu’un, agissant ainsi, et à sa plus grande surprise, avec moins de raison qu’il n’en faut et plus de foi, ce que le monde a manifestement besoin, lui qui se mettra d’ailleurs en marche derrière lui. Il sera d’abord secondé par un jeune homme (Joseph Mydell) dépendant aux substances, qu’il tentera alors de rassurer et d’aider, comme une sorte de père de substitution (rôle qu’il n’a, semble-t-il, jamais véritablement joué), ainsi qu’un chien abandonné, à moins qu’il lui ait été envoyé...

Réalisé par Hettie MacDonald, qui n’avait plus réalisé de film depuis l’inédit "Beautiful Thing" en 1996, bien qu’elle ait mis en scène de nombreux épisodes de séries ("Docto Who", "Normal People", etc.), "L’Improbable Voyage d’Harold Fry" est un film qui, malgré ses bons sentiments et la solidarité qu’il met en œuvre, nous montre que l’être humain est faillible, et qu’il ne peut ni changer, ni sauver tout le monde, bien qu’il soit capable d’apprendre de ses erreurs, et de se sauver lui-même, même si le chemin est long. C’est un film qui prône ainsi l’espoir au bout du tunnel, malgré la souffrance endurée, tout en parlant également, et avec beaucoup de pudeur, d’authenticité, des différences de personnalité au sein d’un couple, et des profondes peines qui peuvent frapper un mariage, une famille, laquelle parviendra pourtant à se relever à une moment ou à un autre, afin de se donner une seconde chance dans la vie, qui ne s’arrête, quant à elle, pas. C’est donc d’un touchant cheminement dont il est ici question, qui plus est joliment interprété, malgré une mise en scène sans grands éclats ni originalité.



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