Genre : Comédie
Durée : 83’
Acteurs : Ahmed Sylla, Camille Lou, Grégoire Bonnet, Barbara Bolotner, Anne Caillon, Andréa Ferréol...
Synopsis :
Max et Lou se sont fait une promesse. Pour leur mariage ce sera seulement eux et leurs témoins. Mais ça... C’était sans compter sur l’ENORME fête surprise qui les attend ! Ils voulaient être 4, ils se retrouvent 300 et tout va très vite devenir incontrôlable... Ils rêvaient tout petit petit... Ils auront grand, TRÈS TRÈS grand !
La critique de Julien
Sortie l’été dernier, et même quelques semaines avant la rentrée scolaire, la précédente réalisation de Frédéric Quiring "La Très Très Grande Classe" nous avait vraiment, vraiment refroidis, alors qu’on y suivait une jeune professeure de français (Melha Bedia) qui, martyrisée par ses élèves, et croyant enfin obtenir la mutation de ses rêves, leur crachait aux visages les pires insultes lors de son départ. Mais c’était sans compter sur le gel de celle-ci, qui plus est désormais en concurrence avec une institutrice pimbêche et catholique (Audrey Fleurot). Vengeance des élèves, coup bas à la concurrence, campagne de séduction pour l’inspection étaient alors au programme de cette comédie paresseuse et totalement indisciplinée, laquelle n’était pas près d’éveiller de nouvelles vocations. Or, le réalisateur, qui ne cache pas son amour pour le cinéma cartoonesque de Jerry Lewis, remet déjà le couvert avec un nouveau film, intitulé "Notre Tout Petit Petit Mariage", soit une comédie de mariage en roue libre, dont il a - malheureusement - eu l’idée en plein confinement, à un moment où l’on n’avait pas de droit de voir grand monde, et donc avec l’envie d’organiser une grande fiesta...
On y suit alors Max (Ahmed Sylla) et Lou (Camille Lou) formant un couple heureux et épanoui, qui souhaite adopter un enfant. Seul moyen pour accélérer la procédure : le mariage, ce dans quoi ils s’engageront à la suite d’une étrange demande. Mais très peu friands de cela, c’est uniquement devant leurs seuls témoins, Jennifer (Barbara Bolotner) et Paul (Marc Riso), qu’ils décideront de se dire oui. Sauf que le père de la future mariée (Grégoire Bonnet) sera mis au courant, les invitant à fêter cela dans sa gigantesque et belle demeure avec piscine. Mais attention au gazon ! Lou, dans le dos de Max (considéré comme le vilain de petit canard de sa famille), invitera quant à elle ses beaux-parents (Denis Mpunga et Marie-Sohna Condé), très catholiques sur les bords (et très vite outrés), à participer aussi à la cérémonie. Sauf que Paul, bien décider à fêter ses amis, à copier tous les contacts téléphoniques de Max (plus de quatre cents !) tout en leur envoyant une invitation. Ainsi, de fil en anguille, le mariage qui devait se dérouler en petit comité ne se passera dès lors pas comme prévu...
Tourné à la manière d’un found footage (à l’aide d’une petite caméra ou d’un téléphone portable ; Face Time, vous avez dit Face Time ?), le spectateur assistant ainsi "au film" dudit mariage, "Notre Tout Petit Petit Mariage" est une purge devant laquelle on a bien du mal à rester assis, tant l’ensemble est hystérique, indigeste, très mal joué et dosé, et tout simplement dénué d’intérêt. À la façon d’un "Projet X" (de Nima Nourizadeh), Frédéric Quiring transforme rapidement cette fête de mariage en une improbable fête de débauche, où drag queens, chippendales et autre poney se côtoieront sans limites, à l’image des témoins, et dès lors des acteurs, hors de contrôle, qui en font dès lors des tonnes et ne cessent de crier. Mamie Yvette (Andréa Ferréol) n’aura d’ailleurs jamais autant vu ici de "bistouquettes" de sa vie, organisant une partie de poker, dans une pièce de la demeure, un cigare à la bouche, où les mâles se dénuderont au fur et à mesure, pendant que la psychologue sociale du couple (Anne Benoît), censée aider le gentil couple dans leur demande d’adoption, foulera le sol des lieux, étant donné qu’elle aura reçu (par inadvertance) son sésame pour participer à la célébration. Mais heureusement qu’elle possède un sens infaillible de l’orientation, ainsi qu’une ouïe défectueuse... Bref, ledit mariage n’est ici qu’un prétexte à la grande fête - voulue fédératrice - qu’espérait mettre en boîte Frédéric Quiring. Sauf que son déluge de digression et d’outrance (alcool, drogues, sexe, etc.) ne ressemble aucunement à un mariage, et sonne totalement artificiel.
Mais alors qu’on pensait avoir vu le pire, "Notre Tout Petit Petit Mariage" nous offre, en bouquet final, une crise de couple digne d’une téléréalité, pas du tout aidée par le montage d’Olivier Michaut-Alchourroun, enchaînant opportunément, et maladroitement, les conflits conjugaux. Les deux jeunes mariés, qui ont des choses (insignifiantes) à se reprocher mutuellement, vont dès lors, chacun de leur côté, et cela au ralenti, traverser la foule en délire, le visage terne, regardant vers le bas, alors que retentissent des notes de piano. Car c’est bien connu "mensonges et mariage" vont de pair. Mais faut-il attendre ce dernier pour se dire ces choses-là ? On en doute. Quoi qu’il en soit, on ne croit pas une seule seconde à ces chamailleries de niveau bac à sable, où l’intensité dramatique est même aux abonnés absents, au profil d’une part, de l’utilisation peu subtile, et même absolue, de curseurs larmoyants, et d’autre part d’un happy end absolument pas prévisible... Finalement, au regard du cadeau que les témoins ont réservé aux mariés, on aurait bien préféré, quant à nous, une nuit dans un hôtel Formule 1 au Havre plutôt que d’assister à cette comédie faussement débridée, clichée et poussive...