Genre : Action, thriller
Durée : 169’
Acteurs : Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgård, Laurence Fishburne, Hiroyuki Sanada, Lance Reddick, Ian McShane, Natalia Tena, Scott Adkins, Clancy Brown...
Synopsis :
John Wick, toujours en cavale depuis son excommunication, découvre un moyen de vaincre la Grande Table. Mais avant de retrouver sa liberté, il va devoir affronter le Marquis de Gramont, un nouvel ennemi redoutable qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en adversaires.
La critique de Julien
Clap de fin (?) pour John Wick (Keanu Reeves). Quatrième volet de la franchise de Chad Stahelski débutée en 2014, cet épisode voit - celui dont le nom de naissance est - Jardani Jovanovich prendre sa revanche sur la Grande Table, lui qui s’est terré (depuis sa chute du toit de l’hôtel Continental) aux côtés du Bowery King (Laurence Fishburne) pour reprendre des forces, et s’entraîner pour celle-ci. Or, à en entendre le bruit de ses poings se fracassant contre un sac de boxe, le voilà fin prêt à en découdre, et surtout à viser plus vite que son ombre, lui qui est d’ailleurs surnommé Baba Yaga par ses cibles, en référence donc à la figure surnaturelle des contes russes. C’est alors par le haut du panier qu’il va commencer, c’est-à-dire par l’Ancien (George Georgiou), après une course de chevaux... en plein désert marocain, tandis que Winston (Ian McShane), à son tour excommunié, verra son hôtel être désacralisé par le Marquis de Gramont (Bill Skarsgård), un puissant membre de ladite table, le blâmant dès lors pour ne pas avoir réussi à tuer Wick. Ce dernier n’aura dès lors d’autre choix que d’affronter de Gramont en duel, d’après une ancienne tradition, et cela s’il souhaite retrouver sa liberté. Mais dans sa fuite d’Osaka à New York, en passant par Berlin et Paris, Wick se verra traquer par des assassins de la Grande Table, ainsi que par un chasseur de prime appelé "Monsieur Personne" (Shamir Anderson), ou encore par Caine (Donnie Yen), qui n’est autre qu’un vieil ami et collègue aveugle, sorti de sa retraite par de Gramont...
"John Wick 4" aurait pu s’intituler "John Wick and Friends", ou encore "John Wick et Co.", car la première chose qui frappe (!) dans cette nouvelle intrigue, c’est le grand nombre de personnages secondaires qui s’invitent dans cette vengeance meurtrière, où John Wick tuera, à lui tout seul, environ 140 hommes (au rythme donc d’une victime toutes les minutes et vingt secondes), tandis qu’il ne prononcera pas plus de 380 mots sur près de trois heures de film. Fou ! Passé des préliminaires redistribuant les cartes, le film de Chad Stahelski embarque alors son anti-héros à Osaka, où John se réfugiera au Continental, tenu par son ami Shimazu Koji (Hiroyuki Sanada) et Akira, sa fille, quant à elle concierge de l’hôtel (la chanteuse Rina Sawayama), bien qu’il sera très vite débusqué. S’en suivra alors une première mêlée d’échanges de tirs et d’affrontements musclés, où les alliés et ennemis de Wick feront - indirectement - tout pour mettre en branle la légende, plus remontée et increvable que jamais. Pourtant, c’est déjà là que le film désarçonne, et montre ses limites, c’est-à-dire dans sa propension à en faire de trop, et donc à jouer la surenchère, en étirant, par exemple, ses scènes d’action, en témoigne justement cette longue - très longue - première partie japonaise, quitte à ce que l’on souhaite qu’elle se termine. Aussi, en centrant sa caméra sur des personnages secondaires sans réel atout scénaristique, l’histoire de Shay Hatten s’écarte pleinement de Wick. Peut-être le studio aurait-il dû ne pas se séparer du créateur de la série de films, Derek Kolstad ? Quoi qu’il en soit, ce chapitre des aventures de John Wick aurait très bien pu se recentrer davantage sur sa figure emblématique (et son passé), et ainsi raccourcir sa durée d’un bon trois quarts d’heure. Car, entre nous, on la sent passée, même si on a beau être fan. On remarque aussi que le film appuie à fond sur les curseurs propres à la mythologie de la saga, que ça soit dans ses manières de mise en scène, ou son manque d’humour (au premier degré, bien sûr). Mais c’est sans compter sur l’orgie de violence parfaitement chorégraphiée à laquelle on a droit, elle qui créée en nous de drôles de sensations ; celles qu’on est venues chercher !
En multipliant ainsi ses pions, "John Wick 4" en gagne en idées visuelles, nourries par les lieux visités par son personnage, lui permettant également de révéler d’autres cartes tirées de son veston en kevlar pare-balles. Ainsi, on ne le savait pas aussi bien maîtriser le nunchaku, ni même capable de faire des dérapages et tête-à-queue à contre-sens, tout en dégainant à tout-va, et cela Place Charles de Gaulle, à Paris, en plein trafic. Une séquence hallucinante, où des hommes ne se prennent pas que des balles. Et autant dire que Keanu Reeves, du haut de ses 58 ans, s’est une nouvelle fois surpassé. On pense notamment à la scène filmée sur les marches de Montmartre, ayant nécessité 7 nuits de tournage, et au cours de laquelle Reeves et son doubleur de cascades Vincent Bouillon les dégringolent, avant de les remonter de plus belle, face à une horde d’hommes, bien décidés à tuer John, étant donné la prime de 40 millions de dollars misée sur sa tête. Or, après quatre films, force est de constater que l’équipe artistique et son metteur en scène avaient encore de quoi nous surprendre et nous en mettre plein les yeux, à l’image également d’une scène filmée en plongée totale, depuis le plafond d’un appartement composé de plusieurs pièces, où Wick dégomme sans arrêt... Cependant, la redondance se fait ici ressentir.
Après avoir époustouflé dans "John Wick 3 : Parabellum" via le personnage d’Halle Berry, le malinois est notamment de retour ici (sans briller), tandis que la scène dans l’hôtel à Osaka nous fait penser à celle qui clôt le troisième film, où d’immenses vitres explosaient au moindre contact entre Wick et "ses" hommes. Qu’on le veuille ou non, ce "Chapitre 4" manque parfois de souffle, et tourne autour du pot, tandis qu’un brin de fatigue devant et derrière la caméra se fait ressentir. Mais ne crachons pas dans celui-ci, et osons dire que la saga, avec ce film, a fait le tour du rond-point. C’est d’ailleurs sans doute pour ça que du renfort est présent au sein de cette intrigue, venant mettre des bâtons dans les roues de John, dont Caine, que l’acteur chinois Donnie Yen (vu dans "Ip Man") interprète avec une dégaine hallucinante, et un savoir-faire dans la maîtrise des arts martiaux, ainsi qu’une méthodologie d’attaque furtive et bien pensée, étant donné la cécité de son personnage. Toutes ses apparitions font mouche. Pour le reste, "John Wick" manque de féminité, tandis que Bill Skarsgård peine à convaincre en grand méchant, qui plus est lâche, hautain, et sans méfiance...
En acceptant donc une fois de plus ses innombrables invraisemblances (où sont les forces de l’ordre dans tout ça ?), tout comme le fait que jamais plus de deux hommes ne se jettent sur Wick à la fois, où encore l’immortalité présumée de ce dernier, "John Wick : Chapitre 4", dont la musique est toujours composée par Tyler Bates et Joel J. Richard, fait le job, et offre au spectateur ce qu’il est venu y chercher, c’est-à-dire un divertissement où prône l’action démesurée, à l’ancienne, au sein d’une saga originale qui aura réussi à fédérer un public de plus en plus large de film en film. Quand on pense que tout cela est "la conséquence" d’une histoire de beagle...
Mais alors que l’issue du film reste floue quant à la question d’un cinquième chapitre, c’est avec un plaisir certain que l’on retrouvera prochainement le personnage, et donc Keanu Reeves, dans "Ballerina", soit un (premier) spin-off se déroulant entre les évènements du troisième et quatrième film, lequel mettra en scène Ana de Armas dans la peau d’un assassin cherchant à venger sa famille. Est également en développement une série télévisée intitulée "The Continental", elle qui mettra en scène l’histoire de Winston Scott (Colin Woodel, jouant le personnage d’Ian McShane plus jeune) et la manière dont il est arrivé à son poste de propriétaire de l’hôtel The Continental dans les années 1970. Bref, on n’est pas prêt de dire au revoir à cette franchise, tandis que cette dernière, elle, a du le faire envers l’acteur Lance Reddick (Charon, le concierge de l’hôtel Continental de New York), décédé le 17 mars dernier, de causes naturelles...