Genre : Policier, thriller
Durée : 110’
Acteurs : Liam Neeson, Diane Kruger, Jessica Lange, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Colm Meaney, Daniela Melchior, Alan Cumming, Danny Huston, Ian Hart...
Synopsis :
En 1939, à Bay City en Californie, alors que la carrière du détective privé Philip Marlowe bat de l’aile, Clare Cavendish vient lui demander son aide pour retrouver son ancien amant, Nico Peterson, mystérieusement disparu. L’enquête de Marlowe va le mener au Club Corbata, repaire des habitants les plus influents et fortunés de Los Angeles. Mais rapidement, il se heurte à ses anciens collègues de la police alors qu’il fouine dans les coulisses de l’industrie hollywoodienne et dans les affaires de l’une des familles les plus puissantes de la Cité des anges.
La critique de Julien
Mine de rien, Liam Neeson signe avec "Marlowe", à septante ans, son centième rôle ! Adapté du roman "The Black-Eyed Blonde" (2014) écrit par John Banville (sous le pseudonyme de Benjamin Black), "Marlowe" met ainsi en scène le célèbre détective privé, créé quant à lui par l’écrivain Raymond Chandler en 1939 dans la série de romans policiers incluant "Le Grand Sommeil/The Big Sleep", et traduit seulement en français par Boris Vian en 1948. Baptisé par son créateur en hommage au dramaturge Christopher Marlowe, ce personnage a bien évidemment déjà été campé sur grand et petit écran, et cela même par seize acteurs différents, dont Humphrey Bogart et Robert Mitchum, pour les plus célèbres interprétations. Or, celle de Liam Neeson ne restera pas dans les annales, lequel y livre le minimum syndical, au sein de cette adaptation vieillotte, mais charmante, signée Neil Jordan, auquel on doit notamment "Entretien avec un Vampire" (1994) et "À Vif" (2007).
Nous sommes alors en 1939, à Bay City en Californie, où le détective privé Philip Marlowe va être chargé de retrouver Nico Peterson (François Arnaud), l’amant disparu de la belle et glamour héritière Clare Cavendish (Diane Kruger), lequel est accessoiriste aux Pacific Film Studios. Mais cette enquête ne ressemblera à aucune autre pour le détective, lui qui se heurtera à une affaire liée à une puissante famille, l’amenant à faire face à la corruption des forces de l’ordre (dont ses anciens collègues) et de l’élite de la ville, ainsi qu’au trafic de drogues. Bienvenue dans les méandres de l’industrie cinématographique hollywoodienne...
Détective observateur, cynique, quelque peu pessimiste, voire philosophique, et de surcroît intègre, Philip Marlowe retrouve ainsi une énième vie au cinéma, grâce à Neil Jordan et Liam Neeson, mais sans pour autant trouver ici un semblant de modernité. D’ailleurs, on se demande bien à qui est destinée cette nouvelle adaptation, si ce n’est aux fans purs et durs de thrillers policiers (néo-)noirs, et peut-être aux nostalgiques. Dans le genre, "Marlowe" coche toutes les cases et thèmes de prédilection du genre, tout en nous noyant assez rapidement dans son intrigue tortueuse et bavarde, la faute à ses innombrables personnages secondaires à la fois cités et rencontrés en cours d’enquête, et autant de liens qui les (dés)unissent, et à démêler. Sur un ton monotone, la mise en scène de Neil Jordan et le montage de Mick Mahon manquent d’aplomb, tandis que Liam Neeson a pâle allure dans la peau du personnage, que l’on sent ici fatigué, et désincarné. Cependant, l’acteur irlandais, pour la quatrième fois devant la caméra du cinéaste, semble avoir calmé le jeu, lui qui est davantage ici en accord avec son âge, même s’il est trop âgé pour le rôle. Mais son incarnation est très certainement l’un de ses derniers rôles les plus crédibles. Aussi, le travail du chef-décorateur John Beard est assez épatant, alors que l’équipe de tournage a dû surmonter un défi de taille, soit celui de recréer le Los Angeles de la fin des années 1940 à Barcelone ! La photographie de l’espagnol Xavi Giménez fait également des merveilles, alors que les logos vintages aux couleurs néons jonchent les façades (et intérieurs) des établissements, dont celle du fictif et luxueux Corbata Club, et ses zones hédonistes secrètes. Sans oublier l’irrésistible musique originale de David Holmes, entre rock et jazz, agrémentée des Lecuona Cuban Boys, des Mills Brothers, ou encore de Billie Holiday. C’est donc en sa reconstitution d’époque que "Marlowe" s’apprécie, sans pour autant se justifier.