Genre : Aventure
Durée : 108’
Acteurs : Paul Belhoste, Mathys Clodion-Gines, Aymé Medeville, Colombe Schmidt, Redwan Sellam, Laurent Capelluto...
Synopsis :
La petite bande, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande, Aimé, un gamin rejeté et solitaire. Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser.
La critique de Julien
Sorti en juillet dernier dans les salles françaises, c’est presque par miracle que le film "La Petite Bande" de Pierre Salvadori [1] débarque cette semaine-ci dans nos salles, lequel a essuyé un lourd échec non mérité en France, avec moins de 115 000 entrées enregistrées pour un budget de 9 millions d’euros de production. Sa sortie belge, bienvenue, on la doit dès lors à Le Parc Distribution, qui est une structure légère de distribution cinématographique, intégrée au centre culturel les Grignoux. Tourné en Corse, près de Santo-Pietro-di-Venaco, là où Pierre Salvadori a grandi, ce film d’aventure à destination des enfants fait suite à "En Liberté !" (2018), sa précédente réalisation, qu’on avait énormément appréciée sur Cinécure, laquelle, nominée en tant qu’outsider pour neuf César en 2019 (dont celui du meilleur film), n’en avait remporté aucun. Tel que son titre l’indique, son nouveau film met en scène des collégiens de 12 ans qui, chacun pour une motivation différente, vont tenter, en équipe, de mettre le feu à l’usine du coin, dirigée par Chambon (Laurent Capelluto), lesquels savent qu’elle pollue la rivière qui traverse le village, bien qu’elle emploie énormément de monde, tandis que le Maire y travaille également. Embarqués dans leur aventure quelque peu improvisée, et aux lourdes conséquences, ces derniers se retrouveront rapidement dans une impasse, dont ils ne parviendront pas à en sortir seuls, étant donné que leurs votes à égalité paralysent constamment leurs actions. Il ne leur restera alors plus qu’à recruter quelqu’un de "transparent", "que personne n’aime", pour les départager, soit Aimé (le narrateur de cette histoire), un petit garçon frisé, victime de harcèlement dans la même école que la leur, lui qui, en quête d’amitié, acceptera aveuglément leur proposition...
À l’instar de ses films "... Comme elle Respire" (1998) et "En Liberté !", les masques sont une nouvelle fois de retour dans "La Petite Bande", chacun des enfants arborant ici le sien, réalisé maison (ou plutôt cabane), à la main, tous à l’effigie d’un animal différent. C’est dès lors derrière ceux-ci qu’ils cachent ce qui les pousse réellement à agir de la sorte, eux qui sont encore amnésiques quant à la vraie question de l’écologie, et cela de par leur âge et leurs préoccupations, tout en en étant conscients. Pourtant, c’est au travers de leur engagement (à toute épreuve !) et leur union qu’ils vont s’inventer, se découvrir mutuellement, et même s’entraider, au-delà de leur mission première, quitte à se créer leur propre famille...
"La Petite Bande" se révèle être une aventure initiatique aussi décalée que dure, notamment lorsqu’elle montre le harcèlement à l’école, dont est injustement victime le petit Aimé (Paul Belhoste), très touchant dans le rôle d’un garçon fatigué d’être seul (bien que la Force semble être avec lui...). Car le film de Pierre Salvadori ne montre pas qu’une tendre image de l’enfance, mais bien sa complexité, entre pairs. Très référencé, le film parvient à jouer cependant de multiples facettes de celle-ci, en empruntant notamment au cinéma de l’absurde, ici par les réactions de ces jeunes personnages, aux personnalités distinctes, spontanées, ainsi que par leurs péripéties, plutôt insolites, eux qui se retrouveront très mal embarqués. Face à eux, c’est un Laurent Capelluto assez malmené par la troupe que l’on retrouve, lequel se prendra quelques malencontreux coups (sur la tête et le pied) en cours d’extraction...
La mise en scène ensoleillée et fantaisiste participe à la réussite de l’ensemble, elle qui ne lésine pas sur des effets spéciaux plutôt bien intégrés, lesquels s’inscrivent parfaitement dans l’imaginaire des protagonistes. Les enfants passeront forcément un bon moment devant "La Petite Bande", autour des valeurs constructives de l’amitié et de l’écologie, lequel leur donnera l’envie de partir à l’aventure, les manches retrousées, dans le bois le plus proche...