Genre : Guerre
Durée : 138’
Acteurs : Glen Powell, Jonathan Majors, Joseph Cross, Serinda Swan...
Synopsis :
1950, en pleine Guerre froide. Deux jeunes hommes, Tom Hudner et Jesse Brown, sont sélectionnés pour intégrer une prestigieuse unité de la force aérienne. Tom est soldat, Jesse est un pilote talentueux et premier Afro-américain à ce poste au sein de l’Air Force. La profonde amitié qui va les unir lors de la formation intensive va être mise à l’épreuve lorsque l’un des deux hommes est abattu en territoire ennemi.
La critique de Julien
Adapté du livre "Devotion : An Epic Story of Heroism, Friendship, and Sacrifice" (2015) d’Adam Makos, ce film de guerre revient sur les exploits de Jesse L. Brown, le premier aviateur naval afro-américain de la marine des États-Unis (l’US Navy), ainsi que sur son amitié avec son coéquipier Tom Hudner, le tout durant la guerre de Corée, et précisément en fin 1950, laquelle est considérée aujourd’hui comme une guerre "oubliée". Et c’est à l’acteur de cinéma Glen Powell que l’on doit l’existence de ce long métrage, lui qui a recommandé en mars 2018 à la société indépendante de production cinématographique Black Label Media d’acquérir les droits du livre, après l’avoir donc lu, tandis qu’il a rencontré, peu avant sa mort, Tom Hudner, en 2017, lequel était toujours marqué par son amitié avec Brown, et son issue. Tandis qu’il en est aujourd’hui un producteur, Powell tient le rôle du lieutenant Tom Hudner dans "Devotion", et cela face à Jonathan Majors (le nouvel antagoniste du MCU, "Kang le Conquérant"), dans la peau de l’enseigne de vaisseau afro-américain Brown, lequel s’est - tel que le titre du film le laisse deviner - dévoué à sa tâche, soit à défendre une nation, alors que celle-ci ne lui aurait même pas servi un verre dans un bar, étant donné le racisme et la discrimination dont il était victime...
C’est donc l’histoire d’une amitié indéfectible entre un habitant blanc de la Nouvelle-Angleterre issu de la scène des country-clubs (lequel a quitté Harvard pour piloter des chasseurs pour son pays) et du fils d’un métayer afro-américain du Mississippi que J.D. Dillard met ici en scène, lequel a lui-même été élevé comme un enfant de la marine, lui qui est le fils de Bruce Dillard, un ancien officier de bord, lequel fut le deuxième afro-américain sélectionné pour voler pour les Blue Angels. C’est donc tout naturellement que le réalisateur a ressenti un lien étroit avec cette histoire, tout en s’appuyant sur celles que lui racontait par son père, lequel a évolué dans une communauté aéronautique à prédominance blanche. Ce dernier a même participé à la conception du film, en tant que conseiller technique...
D’emblée, "Devotion" n’est pas un film de guerre tel qu’on l’entend, mais bien un film biographique qui raconte avant tout l’inspirante histoire d’amitié et de dévouement d’un duo biracial d’aviateurs, pour leur pays, et l’un pour l’autre, quitte à risquer leur vie (ce qu’a intentionnellement fait Thomas J. Hudner Jr.), notamment lors de la bataille du réservoir de Chosin. Le film leur rend alors évidemment hommage, ainsi qu’à tous les soldats américains qui ont combattu sur le front ou dans les airs, et à tous ceux dont les restes n’ont jamais été retrouvés. Ne vous attendez donc pas ici à l’artillerie lourde, car "Devotion" ne joue pas sur ce terrain, et ne présente que deux ou trois scènes de guerre à proprement parler, elles dont les effets visuels laissent - parfois - à désirer, malgré un budget de production de 90 millions de dollars. Mais le film fait tout de même le job, notamment vis-à-vis des cascades aériennes, lesquels ont été dirigées par Kevin LaRosa, lui qui a déjà créé les séquences de vol pour "Top Gun : Maverick", sorti plus tôt cette année, et dans lequel Glen Powell interprétait déjà un lieutenant (Jake "Hangman " Seresin), face à Tom Cruise. D’ailleurs, "Devotion" souffre forcément de la comparaison avec ce dernier film, notamment vis-à-vis de la scène finale, qui rappelle, sans le vouloir, celle de "Devotion" (bien qu’inspirée quant à elle d’une histoire vraie)...
Le film de J.D. Dillard nous montre ainsi une autre facette de la guerre de Corée, à savoir le ségrégationnisme qui y régnait, le personnage de Jonathan Majors ayant recours ici à des injures racistes qu’il s’inflige à lui-même, devant le miroir, afin de se motiver pour le combat, en transformant sa rage en force. C’est même finalement plus ici en interne et hors des chantiers de combat que la bataille a lieu, au quotidien, pour ces soldats et aviateurs, risquant leur vie ne fut-ce qu’en tentant d’atterrir sur un porte-avions, et pour ceux de couleur, subissant le rejet de leurs compatriotes blancs. "Devotion" s’intéresse donc plus ici à ses personnages qu’au spectacle, préférant l’émotion et la retenue à l’action, le réalisateur et ses deux scénaristes prenant le temps d’installer leurs pions, quitte à faire traîner en longueur cette histoire, qui emprunte des chemins balisés, dont on comprend bien vite les intentions, tandis que la réalisation de J.D. Dillard n’est pas aussi émérite et héroïque que la carrière et les valeurs des hommes qu’elle met en scène...