Synopsis : Au nord-ouest de la Tunisie, des jeunes femmes travaillent à la récolte des figues. Sous le regard des ouvrières plus âgées et des hommes, elles flirtent, se taquinent, se disputent. Au fil de la journée, le verger devient un théâtre d’émotions, où se jouent les rêves et les espoirs de chacun.
- Le film est le candidat tunisien dans la course aux Oscars 2023
- Il s’agit du 2ème long-métrage de la réalisatrice Erige Sehiri
- Bayard d’or au FIFF de Namur, il a obtenu le le prix RêVolution au Cinemamed
Il y a de la grâce et de la délicatesse dans ce film naturaliste, contemplatif qui pose un regard sensible sur les rudes conditions des travailleuses (et travailleurs) agricoles, qui affrontent le cagnard pour quelques sous. Mais cette réalité sociale est une toile de fond à la grande affaire de la vie : l’amour.
L’amour qui se rêve, s’idéalise, se fantasme avec les mots, à défaut de se vivre et de se faire physiquement dans une société dominatrice.
Si les filles souffrent dans cette société patriarcale, les garçons aussi se sentent coincés : où donner rendez-vous à sa copine, rencontrée via les réseaux sociaux, sans être constamment épiés ?
Il semble idyllique, romantique, ce champ de figuiers, ou au moins inoffensif. Pourtant, là, comme partout ailleurs, les jeunes femmes doivent faire attention aux avances un peu trop insistantes d’un chef sûr de son bon droit, et surtout de son pouvoir. Il ne s’agit que d’une scène mais elle illustre bien la condition des femmes, tiraillées entre leur respect des traditions et leur envie de liberté.
Il y a celles qui sont obsédées par le besoin de trouver un mari, avoir des enfants, seul moyen selon elles de vivre, d’acquérir une identité, d’avoir une existence reconnue. Et d’autres, qui revendiquent leur indépendance, rêvent d’ailleurs, au risque de choquer les hommes et les femmes plus âgés.
D’ailleurs les images de figues pourries, séchées sur l’arbre sont une jolie métaphore sur cette possibilité de voir sa jeunesse fanée avant même d’avoir vécu.
C’est joliment filmé, l’image est magnifique, la caméra cadre au plus près pour capter les regards furtifs ou appuyés, les jeux de séduction, les bavardages, les chamailleries, les rêves et les espoirs de ces jeunes femmes et jeunes hommes.
Les acteurs et les actrices, tous amateurs, sont formidables - Fidé en tête - confondants de naturel.
Mais s’il ne manque pas de jus, “Sous les figues” manque un peu de chair : il n’y a pas d’intrigue. Le film aurait gagné à être plus charnu, plus étoffé en se concentrant davantage sur quelques personnages au lieu d’être dilué dans plusieurs, à peine esquissés.
Bref, si j’ai goûté le parfum doux amer de “Sous les figues” je reste un peu sur ma faim, j’aurais voulu que sa saveur soit plus intense.