Genre : Comédie dramatique
Durée : 126’
Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bretheau, Sarah Henochsberg, Suzanne Lindon...
Synopsis :
Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.
La critique de Julien
Sélectionné en Compétition officielle au dernier Festival de Cannes, tandis qu’il a brillé au 37e FIFF de Namur (Bayard de la meilleure photographie et Prix RTBF), "Les Amandiers" est le cinquième long métrage de Valeria Bruni Tedeschi, laquelle continue de se raconter, au travers de cette histoire d’apprentis comédiens apprenant le métier à l’École des Amandiers de Nanterre de Pierre Romans et Patrice Chéreau ; école qu’elle a fréquentée dans les années 80, et cela avec Agnès Jaoui, Vincent Pérez, Marianne Denicourt ou encore Bernard Nissille. L’actrice, scénariste et réalisatrice dirige ici Nadia Tereszkiewicz dans la peau de Stella, inspirée par elle-même, alors que les deux actrices s’étaient données la réplique dans "Seules les Bêtes" (2019) de Dominik Moll, où elles étaient amantes. "Les Amandiers" nous plonge alors dans une fiction autobiographique, nourrie de souvenirs personnels et communs, à l’époque d’une génération insouciante, éprise d’un besoin de liberté et de création, ainsi que d’amour, à l’aube des ravages de la consommation de drogues et du virus de Sida...
De cours à l’Actor’s Studio de New York, en passant par la "méthode" Chéreau (joué ici par Louis Garrel), ou encore par les répétitions de la pièce de théâtre "Platonov" d’Anton Tchekhov (transposée au cinéma par son metteur en scène en 1987 avec ses comédiens dans "Hôtel de France"), "Les Amandiers" transpirent la fougue de cette troupe en plein émoi, autour d’un personnage issu d’un milieu aisé, en pleine découverte de son soi, que Nadia Tereszkiewicz possède intensément, elle dont les profonds et immenses yeux bleus nous perturbent. Mais à moins que l’on s’intéresse passionnément au théâtre et à ses coulisses, ou que l’on tombe d’affection pour ses personnages (ce qui nous paraît difficile), Valeria Bruni Tedeschi nous livre ici un film hystérique qui se regarde sans cesse le nombril, en plus d’être criard, poussif, et duquel on reste à distance, non pas que l’on ne veuille pas s’immerger dans cette troupe et ses profils traversés par les joies, les peines, les drames et les peurs, mais bien parce que l’ensemble ne s’intéresse qu’à son microsome egocentrique et bobo, qui ne parvient tout simplement pas à nous concerner, ni à nous mettre en empathie. Si cette histoire est en partie celle de sa metteuse en scène, celle-ci ne parvient pas à en faire la nôtre le temps de son film, dans le sens où l’on ne parvient pas à s’identifier à ses personnages, majoritairement superficiels et, finalement, caricaturaux dans leur jeu de comédien en train de jouer aux comédiens en devenir. Reste alors l’idée d’ode à la vie qui se dégage au travers de la bande de jeunes que filme (trop sérieusement) Valeria Bruni Tedeschi. La sincérité d’un projet n’en permet donc pas toujours sa réussie absolue...