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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Saeed Roustaee
Leila et ses Frères (Leila’s Brothers)
Sortie du film le 09 novembre 2022
Article mis en ligne le 10 novembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 165’

Acteurs : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Payman Maadi, Farhad Aslani, Saeed Poursamimi...

Synopsis :
Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entraînent la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.

La critique de Julien

Le précédent film du réalisateur et scénariste iranien Saeed Roustaee, "La Loi de Téhéran" (devenu le film non-comique le plus rentable de l’histoire de son pays), nous avait percuté lors de sa sortie en salles en août 2021, lequel était un thriller - parlé - et face à face poisseux et brutal, dressant les vaines tentatives d’un pays à lutter contre le trafic et la consommation du crack, posant également un regard pertinent et interrogé sur tous ceux qui l’entourent, et les questions contradictoires que leurs positions soulèvent. On attendait donc avec beaucoup d’impatience son prochain long, lequel est en réalité son troisième, le premier étant l’inédit "Life and Day" (2016), racontant quant à lui la manière dont une famille indigente surmontait le départ de la plus jeune de ses filles, à la suite d’un mariage. C’est donc cette semaine-ci que sort son nouveau film, "Leila et ses Frères", lequel fut présenté à Cannes, d’où il est reparti avec le prix FIPRESCI et celui de la Citoyenneté, alors qu’il y concourait pour la Palme d’Or. Saeed Roustaee y déroule alors une fois de plus son intrigue au sein d’une famille, poursuivant dès lors le travail qu’il avait entrepris avec sa première œuvre, ayant succédé quant à elle à des courts-métrages.

Interdit de projection en Iran par le ministre iranien de la Culture, étant donné le "refus" de son metteur en scène de "corriger" son ouvrage comme le ministère le lui avait demandé, ce drame raconte l’histoire d’une famille qui se bat pour une vie meilleure, sur fond de pesantes traditions perses, du patriarcat obstiné et orgueilleux dans son égocentrisme, d’effondrement de la classe moyenne face à la crise économique, ainsi que des sanctions internationales qui coulent le pays, ou encore d’inflation (record) du marché de l’or, qu’un simple tweet d’un certain Donald Trump parvient ici à enflammer. Film fleuve de près de trois heures, Saeed Roustaee n’y va pas de main morte pour confronter chacun des membres du cocon familial - vivant sous le même toit - à des sacrifices pour arriver à sortir la tête de l’eau, à l’image de Leila (intense Taraneh Alidoosti), laquelle a toujours fait passer sa famille avant elle, sans jamais pourtant obtenir le moindre merci. Cette dernière va pourtant essayer encore de sortir ses frères de la spirale infernale du déclassement par l’achat d’une boutique en ville, nécessitant de mobiliser beaucoup de moyens. Sauf que ses frères Alireza et Manouchehr (respectivement Navid Mohammadzadeh et Payman Maadi, pour la troisième fois devant la caméra du cinéaste) voient d’un mauvais œil la position de leur sœur, le premier étant un froussard qui fuit la responsabilité et la persévérance, tandis que le second est un économiste peu rusé, lequel tombe dans le piège de mauvaises combines, sans compter sur les deux autres frères, dont l’aîné (Farhad Aslani) et père de quatre petites filles, et le cadet (Mohammad Ali Mohammadi), lui qui possède un passeport et rêve de quitter le pays... Or, leur père souffrant, Esmail (Saeed Poursamimi), plutôt que d’aider ses enfants (tous adultes) à sortir de la misère, est quant à lui obnubilé par la respectabilité qu’il pourrait obtenir aux yeux du clan familial élargi, où ce dernier a été choisi comme parrain, lequel doit, par tradition, offrir le plus gros cadeau aux futurs nouveaux mariés, soit des pièces d’or...

Outre la séquence d’ouverture au travers de laquelle on assiste à l’arrêt d’une grande usine en pleine production, et où les ouvriers, enragés à l’idée de ne pas obtenir le versement de leurs salaires dus depuis des mois, se rebellent contre les forces de l’ordre, Saeed Roustaee choisit plutôt ici la voie du dialogue. Il le fait alors au sein d’un intense drame familial et politique, racontant comment une famille fragilisée, bien que solidaire, tente de survivre face à la précarité grandissante, et menaçante en Iran, dans une société où l’honneur a (souvent) plus d’importance que le bien de sa propre chair, et dès lors ses enfants. Filmé à la façon d’un quasi-huit clos (sans l’être) où les plus importantes de ses scènes se déroulent justement dans le foyer familial, où tous vivent entassés les uns sur les autres, "Leila et ses Frères" fait partie de ses films d’art et d’essai qui nous emportent sur la longueur, tel un torrent. Cependant, l’écriture finit par s’essouffler dans sa démonstration, lesdits membres de la famille accumulant la misère, et s’empêtrant dans des situations de plus en plus délicates, et irréversibles. Ce sont finalement les liens et les émotions contradictoires entre ces derniers qui ont sur nous le plus grand des impacts, la figure du père ayant ici une place importante, malgré sa position tout au long du récit. Le cœur du film, c’est donc sa cellule familiale, gangrenée finalement par la situation actuelle du pays dans lequel elle réside, lui qui est écrasé par les sanctions et pressions internationales, l’effondrement de la monnaie et la paupérisation de la classe moyenne, tout en gardant un pied dans le passé...



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